Le syndicaliste a été enlevé par des hommes lourdement armés liés à l’organisation criminelle « Kraze baryè » à un jet de l’Ambassade américaine à Tabarre au moment où il s’apprêtait à rentrer chez lui. Le véhicule qu’il pilotait et son portemonnaie ont été emportés par les bandits qui l’ont par la suite conduit dans la localité Guedon, quartier général du gang.

 Avant d’atteindre le fief du caïd de « Kraze baryè » à Guedon, l’ancien policier confie avoir dévalé des kilomètres à pied en compagnie des civils armés de « Team rebel » qui l’ont transporté à dos d’âne en raison des marécages qui jonchent la route. L’ancien fondateur du SPNH-17 évoque plus d’une quarantaine d’hommes lourdement armés mobilisés par Vitelhomme Innocent qui contrôlent une bonne partie de Tabarre jusqu’à la commune de Croix-des-Bouquets.

Une organisation criminelle spécialisée dans des cas d’assassinat, d’enlèvement et séquestration contre rançon et détournement de véhicules, montant la garde sur les principaux axes routiers.

À Guedon, l’ancien inspecteur de la PNH confie avoir vu défiler des visages connus liés au gang « Kraze baryè ». Affecté dans le temps au Corps de la Brigade d’intervention motorisée (CBIM) dans la juridiction de Tabarre, Jean Elder Lundi se dit surpris de la présence du nommé Jeff, faisant allégeance à ce groupement criminel. D’autres jeunes embrigadés composent les « Team rebel » et « Team lòt nivo » deux grandes divisions armées qui mobilisent au moins 4 véhicules pour commettre au quotidien des forfaits contre la population civile.

Arrivé à bord d’un véhicule flambant neuf, Vitelhomme Innocent initie son échange en reprochant à l’ancien coordonnateur du SPNH-17 sa solidarité envers les 4 policiers tués à Metivier en janvier 2023 par le gang « Kraze baryè ». Il désapprouve la note du syndicat ayant déploré la disparition tragique des 4 policiers, souligne Jean Elder Lundi. Il revendique l’assassinat collectif des agents de l’ordre, vante ses exploits criminels et prévoit un règne étendu sur Port-au-Prince au-delà du temps.

Par la suite, le caïd place un appel téléphonique pour aviser un ami avocat de la présence d’une proie importante dans son fief. Vitelhomme Innocent, d’un ton adoucissant, a promis de relâcher son otage, sur la base d’être comme lui une victime d’un pouvoir dont il a été un architecte de premier plan.

Aux minutes qui ont suivi le dialogue, Jean Elder Lundi a été relâché le même jour après son enlèvement et des bandits de « Kraze baryè » ont été instruits de l’emmener dans un lieu sûr. En cours de route, il a été contraint de verser 30 mille gourdes et offrir une bouteille de rhum à des collaborateurs de Vitelhomme Innocent.

À Guedon, Vitelhomme Innocent crée sa zone de confort et défie l’autorité de l’État. Les principales voies d’accès à son fief sont barricadées et d’autres sont pratiquement endommagées afin de dissuader toute intervention policière, rapporte Jean Elder Lundi. Il garde un souvenir amer de son expérience de captif de ce gang à diverses ramifications.

Crédit-Photo: Zoom Haïti News.