Il estime que l’on s’achemine à un moment crucial pouvant déboucher sur une issue. « Pour moi, les quatre prochaines semaines vont vraiment être importantes. C’est un moment fort. La délégation du Kenya sera en Haïti la semaine prochaine ou la suivante. Le secrétaire général de l’ONU a présenté sa lettre aux 15 membres du Conseil de sécurité en début de semaine. Il y aura donc des discussions au sein du Conseil. Il y a aussi la semaine de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations unies qui arrive. C’est un moment important. Il y a beaucoup d’attention internationale sur Haïti », a avancé l’ambassadeur canadien.
« Il y a des discussions importantes à New York sur quelle forme pourrait prendre cette force, a poursuivi le diplomate. Le Kenya, qui a manifesté son souhait de prendre le leadership de cette force, veut un mandat du Conseil de sécurité. Cela va être discuté au Conseil dans les prochaines semaines. La mission d’évaluation va être très importante aussi. Ensuite il y aura l’Assemblée générale qui accueillera tous les chefs d’État et de gouvernement. C’est un moment qui pourrait être charnière dans l’évolution de la situation. Il y a des décisions qui vont être prises. Il y a des mandats qui vont être donnés ou pas. Pour moi c’est important qu’Haïti puisse se montrer au monde », a ajouté Sébastien Carrière.
Le diplomate a exhorté les Haïtiens à se dépasser et se mettre à la hauteur de cette mobilisation internationale, car, selon lui, une solution politique à la crise sera bien perçue au sein de la communauté internationale. « C’est important que ces partenaires internationaux voient que les choses bougent au niveau politique en Haïti. On ne peut pas dissocier la situation politique de la situation sécuritaire. Il faut du progrès sur le front politique pour rassurer les partenaires internationaux qui aimeraient aider Haïti mais ne souhaitent pas s’embarquer dans une situation compliquée où ils auront l’air de supporter un clan politique plutôt qu’un autre. Si Haïti n’a pas de plan, si les Haïtiens ne s’entendent pas entre eux, personne ne pourra venir aider. Pas plus le Kenya, le Canada ou un autre pays », analyse Sébastien Carrière.
Interrogé sur le soutien que son pays donnerait à une éventuelle mission internationale de sécurité, M. Carrière pense qu’il faudra attendre l’évaluation du Kenya. « On attend de voir quelle forme va prendre cette force. Nous allons tout faire pour travailler avec le Kenya et les autres pays impliqués pour assurer le succès de cette opération. En ce qui concerne la forme de notre support, ça reste à déterminer. Il faut aller en toute humilité vers le Kenya et demander quels sont les besoins et ce qu’ils envisagent comme opérations. Nous, on va continuer notre appui direct à la PNH », a-t-il fait savoir.
Entre-temps, l’ambassadeur canadien informe que le rôle de coordination de son pays est en train d’être mis au service de la mission. « Ça se fait déjà virtuellement. Ottawa a organisé des réunions virtuelles avec une vingtaine de partenaires pour tenter de mieux coordonner l’assistance à la PNH. On va augmenter notre présence sur le terrain, à Santo Domingo et à Ottawa. On peut aussi mettre des ressources financières à la disposition de cette force si on nous fait la demande et qu’on l’analyse », a-t-il assuré.
Sébastien Carrière a par ailleurs fait savoir que son pays a un parti pris pour le renforcement de la PNH comme solution durable à la crise sécuritaire. « Pour le Canada, il faut que la PNH soit au cœur de cette réponse et de cette mission. Le renforcement de la PNH est la seule solution durable aux problèmes de sécurité d’Haïti. Il faut bâtir la mission autour de cette conception », a-t-il soutenu.
Crédit-Photo: Global Affairs Canada.
Le calvaire des réfugiés de Carrefour-Feuilles au gymnasium Vincent.
Dans la cour du gymnasium Vincent chacun essaie de s’accrocher à la vie et de trouver une occupation. Certains dorment encore sous les tribunes, d’autres discutent des dernières rumeurs entendues sur leur quartier alors que les enfants, eux, insouciants, jouent. Linges, vêtements, morceaux de cartons sont étalés pêle-mêle au soleil, rappelant un camp de réfugiés du post-séisme du 12 janvier 2010. La nuit précédente n’a pas été de tout repos, il a plu des cordes sur Port-au-Prince.
Marc-Arthur est de ces personnes qui ont fui Carrefour-Feuilles. Ce matin, il porte un maillot bleu marine avec des barres bleues et un pantalon bleu. Les mêmes habits qu’il porte depuis la nuit fatidique du dimanche 13 août, confie-t-il. « J’habitais une maison de fortune à Savane-Pistache. Quand les tirs ont débuté, je n’étais pas là. Mais un peu plus tard dans l’après-midi, les tirs ont cessé et je me suis rendu sur place pour récupérer quelques affaires et c’est là que les bandits m’ont capturé. Ils m’ont volé les seules économies qu’il me restait et m’ont laissé partir », raconte-t-il.
Aujourd’hui, accompagné de sa mère sexagénaire et de son grand-frère souffrant de déficience mentale, Marc-Arthur se réfugie au gymnasium Vincent et ne sait à quel saint se vouer. Il appelle les autorités à voler au secours des réfugiés et à mobiliser des troupes en vue de déloger les bandits qui imposent leur volonté à Carrefour-Feuilles.
La vie au gymnasium n’est pas ce qu’il y a de mieux. L’un des réfugiés, un homme ayant requis l’anonymat, confie que pendant une pluie la veille, les responsables de la Direction de la protection civile (DPC) ont permis aux réfugiés d’occuper l’intérieur du gymnasium mais leur ont demandé de regagner la cour tôt le lendemain matin. « Il n’y a pas d’infrastructures pour nous accueillir ici. Ce n’est que ce matin qu’on nous a apporté de l’eau. Il n’y a pas d’espace pour prendre un bain, les blocs sanitaires ne fonctionnent pas. On tente de les rendre fonctionnels », rapporte-t-il.
D’autres réfugiés témoignent au RNDDH
Au cours de cette même journée, le Réseau national de défense des droits humains (RNDDH) a accueilli des réfugiés afin de documenter leurs témoignages. Dominique est âgée de 33 ans, son témoignage est devenu viral sur la Toile. Ancienne résidente de la rue Monseigneur Guilloux prolongée, Dominique affirme avoir perdu sept de ses proches, dont cinq membres de sa famille à Savane-Pistache.
« Ma famille habitait un shelter à Savane-Pistache, moi j’habitais une autre maison avec mon mari un peu plus bas. Quand les tirs ont commencé, j’ai pris mes deux derniers enfants et je me suis enfuie. Eux, ils ont cru que les tirs allaient cesser et n’ont pas cherché à quitter la zone. Ils ne sont pas sortis vivants », raconte-t-elle en pleurs, relatant que des rumeurs circulant sur les réseaux avaient annoncé l’attaque des bandits.
Parmi les victimes, Dominique compte sa mère qui vient de fêter ses soixante ans, son beau-père, un fils de 18 ans, deux sœurs et un frère. « Au début, les assaillants ont lancé un cocktail Molotov en direction de la maison où ils étaient. Je n’ai pas vu la scène, ce sont trois voisines qui m’ont dit que ma famille n’a pas survécu à l’attaque », se lamente-t-elle, confiant qu’elle a lancé des messages sur les ondes au cas où ils seraient vivants, des messages restés sans réponse jusqu’ici.
« Je suis née et j’ai toujours vécu à Carrefour-Feuilles, ma mère y a toujours vécu. Aujourd’hui, je pourrais vivre n’importe où, il suffit d’être en compagnie de ma famille », supplie Dominique.
Beaucoup de survivants affirment avoir fui leurs domiciles avec les vêtements qu’ils portaient au moment de l’attaque. D’autres ont déclaré n’être pas en possession de leurs documents d’identité et ont déclaré incendiés par les malfrats qui ont attaqué leurs maisons.
Au gymnasium Vincent, des équipes de la DPC ont été aperçues sur place. Selon le superviseur général, Jean-Charles Lafortune, la DPC est présente afin d’accompagner la population et de coordonner les aides qui vont arriver. Selon ses dires, l’institution est aussi présente dans les autres centres ayant accueilli les réfugiés. Elle leur apporte de l’eau, grâce à la Direction nationale de l’eau potable et de l’assainissement (DINEPA). En plus, grâce à la délégation de la mairie de Port-au-Prince, un repas chaud est offert aux réfugiés au quotidien.
D’après les chiffres communiqués par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), grâce à sa matrice de suivi du déplacement (DTM) entre le 12 et le 15 août, environ « 1 020 ménages comprenant 4 972 individus se sont déjà déplacés de Carrefour-Feuilles ». Outre le gymnasium Vincent, des réfugiés sont aussi logés dans d’autres espaces. Des données partielles du RNDDH font état d’au moins 20 morts au cours des assauts criminels.
Crédit-Photo: Endiyen Enfo.
Luciano Spalletti nommé entraîneur de l’Italie.
La Squadra Azzurra tient son nouveau sélectionneur depuis ce vendredi 18 août, en fin de journée, comme l’a annoncé la Fédération Italienne de Football (FIGC), via un communiqué.
Il s’agit de Luciano Spalletti. Le technicien sacré champion d’Italie la saison dernière avec Naples, succède donc à Roberto Mancini. Âgé de 64 ans, Luciano Spalletti était sans poste depuis qu’il avait quitté «Gli Azzurri», peu de temps après le titre.
Le président de la FIGC, Gabriele Gravina, a déclaré souhaiter «la bienvenue à Spalletti», avant d’ajouter : «l’équipe nationale avait besoin d’un grand entraîneur et je suis très heureux qu’il ait accepté la direction technique des Azzurri. Son enthousiasme et son expertise seront fondamentaux pour les défis qui attendent l’Italie dans les mois à venir».
À la surprise générale, Mancini avait démissionné dimanche dernier en invoquant «une décision personnelle». À la tête de la Squadra Azzurra depuis mai 2018, l’homme âgé de 58 ans avait conduit l’Italie au titre de Champion d’Europe en 2021, mais avait échoué à la qualification pour la Coupe du Monde au Qatar en 2022. Son nom est depuis cité pour devenir le sélectionneur de l’Arabie Saoudite.
Crédit-Photo: Eurosport.