Les survivantes et survivants du tremblement de terre du 12 janvier 2010 en Haïti n’ont pas pu se reconstruire de manière adéquate. Les problèmes s’accumulent avec l’aggravation de la crise multidimensionnelle. Les Haïtiennes et Haïtiens sont en proie à toute une série de traumatismes ces dernières années au point que parler du séisme réveille les séquelles.

C’est, en substance, l’analyse de la psychologue clinicienne Katia Henrys lors de sa participation, à la veille du 15e anniversaire de la catastrophe, à l’émission FwoteLide sur AlterRadio, 106.1 Fm à Port-au-Prince et en ligne.

Le bilan officiel du tremblement de terre du 12 janvier 2010 est de 300 mille morts, 300 mille blessés et 1,5 million de sans-abris dans la capitale Port-au-Prince, dans la région des Palmes (Léogâne, Grand-Goâve, Petit-Goâve) et dans la ville de Jacmel (département du Sud Est).

Individuellement, les gens font face à des carences symboliques, a relaté Katia Henrys, car, a-t-elle soutenu, les deuils n’ont pas été consommés correctement. Il y a également l’incarnation des disparu.e.s dans la mémoire des proches. Collectivement, l’inaccessibilité du Mémorial qui a été érigé en périphérie nord de la capitale, en raison de l’action criminelle des gangs armés, porte préjudice.

Il s’avère impossible pour de nombreuses personnes de pouvoir tirer des leçons de l’événement et se préparer en conséquence a souligné la professionnelle de psychologie.

Katia Henrys a insisté sur la nécessité pour les survivantes et survivants, de se reconstruire et se préparer en prévision d’autres catastrophes.

15 ans après, les séquelles persistent. Le contrecoup du tremblement de terre dévastateur du 12 janvier 2010 est terrible. De nombreuses personnes sont contraintes de vivre amputées d’un ou de plusieurs membre.s. L’ascenseur émotionnel reste intense pour une autre catégorie, incapable d’accepter la perte d’un être cher. À chaque rappel, les émotions ressurgissent a soutenu Katia Henrys.

15 ans après, le niveau élevé de la dégradation du pays affecte grandement le tissu social. Aujourd’hui, les déplacés se comptent par centaines de milliers à cause, cette fois, de la fureur des gangs.

La relativité de l’effet des pleurs.

Crier se révèlerait être une thérapie efficace pour se débarrasser d’émotions refoulées. Cependant, le fait de ressasser un événement douloureux représente un problème majeur pouvant avoir des incidences sur le bien-être des gens.

Si cela persiste 15 ans après, il y a un problème qui n’est pas résolu, a souligné la psychologue, arguant que c’est dangereux que les gens immergent dans les émotions difficiles sans aucun motif positif. D’où la nécessité d’avoir ou de garder des héritages positifs et symboliques des disparus.

Quels comportements adopter ?

Il n’existe pas une formule spécifique, a déclaré Katia Henrys, faisant état de l’impossibilité de réprimer ses émotions. Il faut juste en prendre conscience, les reconnaitre et essayer de tirer le positif, a-t-elle suggéré. Certains cultivent une sorte de paix d’esprit en lien avec le ou la disparu.e. D’autres peuvent se réjouir d’un symbole, un bien par exemple, a-t-elle énuméré.

Peut-on (toujours) parler de résilience ?

La population haïtienne a déjà trop encaissé et n’en peut plus, s’est désolée Katia Henrys, qui a dressé un constat accablant.

C’est difficile pour quelqu’un ayant vécu de gros traumatismes de continuer à faire face constamment à d’autres traumas. Son esprit ne se repose pas. Cette situation peut engendrer de nombreuses maladies cardiovasculaires dont l’hypertension artérielle et le diabète. En outre, cela peut donner lieu à des relations difficiles dans certaines familles a avancé la psychologue clinicienne.

Malheureusement, a-t-elle décelé, la structure étatique d’assistance à la santé mentale, créée après le séisme de 2010 par le ministère de la santé publique, est inopérante. Le pays fait également face à un gros handicap, l’exode massif de professionnels de santé. Les efforts déployés sur le terrain, notamment par l’Association haïtienne de psychologie, ne sont pas suffisants, selon la spécialiste.

L’espoir est tout de même permis dans cette situation effroyable. Katia Henrys a invité à s’inspirer des professionnels.les de divers secteurs dont ceux et celles de la presse et des arts, qui parviennent à être productifs.ves dans leur activité quotidienne, malgré les tourments.

15 ans après, la vulnérabilité d’Haïti s’est accentuée. Le pays a sombré dans une crise multidimensionnelle sans précédent marquée notamment par la dégradation accélérée de l’environnement, l’insécurité asphyxiante, la faim, l’instabilité politique et l’absence de certaines institutions régaliennes.

Les nombreuses recommandations sur les comportements à adopter, les modes appropriés pour construire les maisons et les bâtiments publics, la cartographie sismique du pays, les caractéristiques du sous-sol, ne sont toujours pas mises en application, avait fustigé l’ingénieur-géologue Claude Preptit l’an dernier.

« La situation sismique reste pratiquement inchangée. La menace reste telle qu’elle a été, avant même cette date cauchemardesque du 12 janvier 2010 ».

« Ce qui a changé, c’est la vulnérabilité de la population qui s’accentue davantage. Nous devons prendre des mesures pour agir et réduire la vulnérabilité. Je ne crois pas que nous atteignons cet objectif, malgré les nombreuses études sur la question sismique en Haïti et sur les mesures à prendre pour mieux préparer la population face à un éventuel puissant séisme », s’était alarmé Claude Preptit.

Le géographe Antoine Rivière, doctorant à l’université Paris VIII, souligne les lacunes d’un processus qui devait remettre l’ensemble du pays en état de marche après les dégâts colossaux causés par le tremblement de terre du 12 janvier 2010.

RFI : Quinze ans après le séisme, la reconstruction s’est-elle concrétisée ? 

Antoine Rivière : Oui, il y a eu une énorme entreprise de reconstruction, c’est indéniable : de nouveaux édifices publics, des bâtiments ministériels, l’instauration de nouvelles normes, la réfection des infrastructures stratégiques. Et ça joue, dans un pays où la symbolique est très importante. Rappelez-vous que moins d’une heure après le tremblement de terre, le bruit avait déjà couru dans toute la ville que le palais présidentiel et la cathédrale avaient été touchés.

Mais les besoins généraux de la population n’ont pas été couverts, car vu les conditions de vie dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, ce n’est pas un ministère flambant neuf qui fait la différence, et on est loin de ce que les esquisses de schémas d’aménagement pouvaient projeter.

En matière d’urbanisme, il s’agissait de maîtriser le développement spontané de la ville et de renforcer sa résilience, afin que, lors d’un prochain séisme, le nombre de morts diminue. Autrement dit, limiter l’étalement et l’occupation de terrains à risques, résorber à l’échelle nationale les phénomènes de macrocéphalie territoriale où tous les réseaux, les services, les universités, sont polarisés autour de l’agglomération très dense de la capitale. Or, de ce point de vue, c’est raté. Entre 2010 et 2014, le rythme de croissance du bâti de Port-au-Prince s’est élevé à 18,3 km2 par an, ce qui est énorme à l’échelle des villes haïtiennes et indiscutablement lié à la reconstruction.

L’action internationale a sédentarisé les populations dans la partie nord de Port-au-Prince et créé un phénomène «  d’encampement  » très bien décrit par l’anthropologue Alice Corbet. D’autant que les élites haïtiennes et les décisionnaires ne portent pas attention au développement de la ville.

Qui a validé ces plans ?

Au début du processus, tout le monde est arrivé avec son projet : toutes les agences de développement, de coopération régionale, les ONG, l’ONU, avec un volume de mobilisation énorme. Et c’est la Commission intérimaire pour la reconstruction d’Haïti (CIRH) qui a été chargée d’organiser la distribution des fonds. C’était un organe mixte, composé de représentants de la communauté internationale et de représentants haïtiens, co-présidée par Bill Clinton et par le Premier ministre haïtien de l’époque, Jean-Max Bellerive.

Mais la reconstruction est restée extrêmement dure à coordonner, entre les acteurs institutionnels, internationaux, humanitaires, voire religieux, tous attachés à différents ministères qui étaient déjà structurellement faibles avant le séisme. Et qui sont d’autant plus faibles à ce moment-là, en raison des dommages causés au sein même des administrations haïtiennes par le tremblement de terre : pertes de vies humaines, de matériel, de ressources, de connaissances… Cela explique en partie pourquoi la communauté internationale a joué un rôle important dans le processus de décision, jusqu’à l’arrivée au pouvoir du président Michel Martelly, qui va surfer sur un regain de nationalisme, supprimer la CIRH et proposer un nouveau cadre de coopération en considérant que l’aval devait revenir aux Haïtiens. À partir de 2011, on assiste à une véritable reprise en main.

Une reprise en main assortie de détournements de fonds massifs…

L’administration de Martelly et de Lamothe imagine toute une communication autour de la reconstruction. Ils mettent en scène une quantité d’inaugurations, de lancements de chantiers, de pose de première pierre, que ce soit à l’aéroport des Cayes, à Jérémie ou ailleurs. Mais quand la mousse retombe, impossible de trouver un élément fini. Par chance, l’État haïtien ne touchait pas directement les fonds internationaux qui ont continué d’être versés. Pour trouver de l’argent frais, les différentes administrations Martelly se sont servi des fonds PetroCaribe et en ont détourné une part colossale.

Au bout du compte, c’est une opportunité manquée, due à des facteurs à la fois exogènes – trop d’acteurs et une entreprise de reconstruction qui a dysfonctionné – et endogènes – la faiblesse structurelle d’Haïti et des orientations qui n’ont pas été suivies –. En matière d’urbanisation, il reste néanmoins des points positifs, comme la création de programmes de coopération universitaire sur la gouvernance urbaine, l’investissement de capitaux dans des outils de gestion des risques, le renforcement des organisations locales. Mais tant qu’il n’y aura pas de volonté politique et que l’influence des professionnels étrangers perdurera, on ne pourra pas parler de succès.

Gaël Monfils détrône Roger Federer.

Une première depuis la création de l’ATPTour en 1990. Vainqueur ce samedi 11 janvier du Belge Zizou Bergs (6-3, 6-4) en finale de l’ATP 250 d’Auckland (Nouvelle-Zélande), Gaël Monfils est devenu à 38 ans et 4 mois le joueur le plus âgé à être sacré sur le circuit principal depuis 1977.

Avec ce 13e titre de sa carrière, «La Monf» est ainsi devenu samedi le joueur le plus âgé à remporter un tournoi sur le circuit principal depuis l’Australien Ken Rosewall, lauréat en 1977 à Hong Kong à plus de 43 ans.

«L’âge est une chose, mais je continue à travailler, à être capable de produire un bon tennis. Le premier titre était il y a 20 ans et j’ai toujours la passion du tennis. C’est une semaine incroyable pour beaucoup de raisons. Gagner ici, c’est beau. C’est la première fois que je reviens ici depuis douze ans et être capable de soulever le trophée, pour moi, c’est spécial», a assuré le 52e joueur mondial dans un entretien accordé à L’Équipe.

Le tennisman tricolore n’avait plus gagné de trophée sur le circuit principal depuis l’ATP 250 de Stockholm (Suède), en octobre 2023.

GAËL MONFILS EFFACE ROGER FEDERER DES TABLETTES.

Le record du vainqueur le plus âgé sur le circuit ATP (créé en 1990) était jusqu’ici détenu par la star suisse Roger Federer, qui avait gagné à domicile à Bâle (Suisse) en 2019, à 38 ans et 2 mois.

C’est un record. Et tu es toujours heureux de posséder un record. Mais je veux en faire encore un peu plus, je veux jouer un peu plus et j’espère pouvoir gagner encore un peu plus tard», a confié Gaël Monfils à propos de sa performance dans les colonnes du journal sportif.

L’année 2019 a été particulière de ce point de vue, car le Suisse avait déjà obtenu plus tôt ce record en gagnant le titre à Halle (Allemagne) à l’âge de 37 ans et 10 mois, effaçant ainsi des tablettes Feliciano Lopez et son sacre au Queen’s (Angleterre) à 37 ans et 9 mois.

En décembre dernier, Gaël Monfils confiait à l’AFP avoir «zéro date» en tête concernant l’arrêt de sa carrière. «Je n’ai pas d’objectif précis à part prendre du plaisir, essayer de gagner le maximum de matchs que je peux gagner», avait indiqué le tennisman.

Pour son entrée en lice à l’Open d’Australie ce mardi 14 janvier, Gaël Monfils sera opposé à un autre joueur tricolore, Giovanni Mpetshi Perricard (30e joueur mondial). Pour l’anecdote, les deux joueurs étaient assis côte à côte dans l’avion les menant vers l’Australie, a raconté le cadet.

Crédits-Textes: RFI.

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