Depuis quelques semaines, sur les réseaux sociaux et dans les médias, une campagne tente de présenter la démission d’un ancien collaborateur du journal en révocation et cherche à faire passer ses fautes professionnelles graves en abus contre lui.

Pour la vérité et pour l’histoire, Le Nouvelliste publie ci-après une série de documents :

1-   L’éditorial préparé par Lemoine Bonneau qui n’a pas été retenu par le rédacteur en chef car Lemoine Bonneau ne pouvait pas étayer ses propos par des preuves ;

2-   Une lettre du rédacteur en chef du journal Frantz Duval adressée à Lemoine Bonneau après sa participation à une émission radiophonique ;

3-   La réponse de Lemoine Bonneau au rédacteur en chef ;

4-   La lettre de démission de Lemoine Bonneau adressée à Max Chauvet, directeur du Nouvelliste ;

5-   La lettre responsive de la direction du Nouvelliste à Lemoine Bonneau pour accepter sa démission.

Jusqu’à sa démission, Lemoine Bonneau intervenait dans les médias avec les titres d’éditorialiste et de Secrétaire de rédaction du Nouvelliste.

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1-    L’éditorial de Lemoine Bonneau non publié

Ottawa met fin au processus de commande d’armes et de munitions initié par Port-au-Prince

Le Nouvelliste | le : 2022-09-30

Le gouvernement canadien a mis fin à la deuxième quinzaine du mois d’août à la commande pour l’acquisition de chars d’assaut, d’armes et de munitions initiée par les autorités haïtiennes auprès d’une entreprise canadienne au début du mois de juin. Cette commande avait été produite dans le but de renforcer les capacités opérationnelles de la Police nationale d’Haïti face à la fureur des gangs qui détiennent des armes sophistiquées. Devant le retard observé dans la livraison de la commande, le dossier avait défrayé la chronique en juillet dernier. L’ambassadeur canadien en poste à Port-au-Prince, Sébastien Carrière, avait indiqué sur Magik 9 le 26 juillet que le processus de livraison d’armes et de munitions s’étend sur une période de 60 jours. Le diplomate avait exprimé les bons rapports existant entre les deux pays. Après 90 jours de tergiversations, la firme canadienne a informé le gouvernement haïtien dans la deuxième quinzaine du mois d’août que le processus ne pouvait aboutir.

Alors que le gouvernement canadien a refusé la vente d’armes et de munitions à Haïti au mois d’août, le 21 septembre dernier, le Premier ministre canadien Justin Trudeau a présidé à l’Onu une réunion sur la sécurité d’Haïti sans état d’âme. Quelle ironie ? Le ministre haïtien des Affaires étrangères Jean Victor Généus et le ministre de l’Economie et des Finances Michel Patrick Boisvert ont assisté à la rencontre comme si de rien n’était. Pourquoi le gouvernement d’Ariel Henry a gardé son mutisme sur ce dossier d’intérêt public ? Entre-temps, la presse canadienne, particulièrement Le Devoir commente régulièrement la violence des gangs et les scènes de terreur enregistrées dans la zone métropolitaine. C’est dans ce tableau d’hypocrisie que le Canada et les Etats-Unis font circuler à l’Onu un projet de résolution pour l’envoi de troupes au pays de Dessalines.

Le comportement du Canada ne devrait pas étonner ceux qui suivent l’évolution des médias nord-américains par rapport aux informations véhiculées sur Haïti. Depuis une vingtaine d’années, la plupart des articles de presse ainsi que les reportages dans les médias électroniques traduisent le mépris et la haine d’Haïti. L’épithète de pays le plus pauvre de l’hémisphère occidental et l’un des plus pauvres du monde a toujours été mentionnée au milieu ou à la fin de ces articles. Il s’agit pour ces médias d’appliquer la politique de communication de leur gouvernement par rapport à Haïti.

Au début du mois de septembre, le gouvernement haïtien se tourne à nouveau vers l’Etat hébreu. S’agit-il d’un tour de passe-passe ? En avril dernier, le gouvernement haïtien avait déjà placé une commande pour l’achat de chars d’assaut, d’armes et de munitions auprès d’une firme israélienne. Les formalités avaient été remplies et un délai avait été fixé pour la livraison de la commande. Après plusieurs semaines d’attente, la firme avait décliné de ne pas pouvoir honorer son engagement. Certaines sources avaient révélé que l’Oncle Sam n’avait pas donné un avis favorable à la commande du gouvernement haïtien. D’autres diront que les élucubrations de l’ancien ambassadeur américain en Haïti Kenneth Merten, à savoir qu’Haïti peut placer une commande d’armes et de munitions auprès des pays amis, ne sont que des verbiages destinés à la consommation internationale.

Bonneau2005@yahoo.com

Lemoine Bonneau

2-   La lettre de Frantz Duval à Lemoine Bonneau

Mercredi 12 octobre 2022

Monsieur Bonneau,

Cher Lemoine,

Je viens d’écouter des extraits de l’émission de RTVC où tu étais l’invité hier matin.

Comme à l’émission sur RTVC tu as été présenté comme Secrétaire de rédaction et éditorialiste du Nouvelliste, j’attends l’article étayé des preuves de tes affirmations.

Comme tu as été présenté comme Secrétaire de rédaction et éditorialiste du Nouvelliste, j’attends tes excuses à l’ambassadeur pour tes écarts de langage.

Comme tu as cité à plusieurs reprises Le Nouvelliste et Magik 9, qui avaient donné la parole à l’ambassadeur Carrière, j’estime aussi que tu dois des explications à tes collègues qui sont en copie de ce mail.

Merci.

Frantz Duval

Rédacteur en chef

Le Nouvelliste

Directeur Magik 9

3-   La réponse de Lemoine Bonneau à Frantz Duval

Monsieur Frantz Duval

Rédacteur en chef du Nouvelliste

Monsieur le rédacteur en chef,

J’ai pris lecture de votre courriel qui m’a été adressé le 12 octobre courant relatif à mon intervention à l’émission Grand Boulevard sur les ondes de Radio Caraïbe. J’aimerais bien savoir au nom de quel principe que je dois présenter des excuses à l’ambassadeur canadien. Le 25 juillet dernier, il a annoncé sur les ondes de Magic9 que les procédures d’acquisition d’armes et d’équipements militaires au Canada s’étendent sur une période de 60 jours. Il avait expliqué que la commande sera livrée dans quelques semaines, car le gouvernement canadien avait déjà donné son accord.

Le 5 octobre en cours, après deux mois et 10 jours, sur les ondes de Magic9, il a annoncé une nouvelle fois que la commande sera livrée dans quelques semaines, alors qu’il sait très bien que depuis la fin du mois d’août la Canada se désengage de ce contrat de vente d’armes avec Haïti. Alors, il a le droit, en tant qu’ambassadeur de mentir comme bon lui semble. Le Nouvelliste n’est pas un parti politique ni une entreprise d’Etat à caractère politique. Par conséquent, mes opinions n’engagent que moi. En ma qualité de secrétaire et éditorialiste, c’est mon droit de participer dans des débats en respectant les règles d’éthique et en évitant de ne pas porter atteinte à l’honneur et à la réputation de quiconque.

Espérant que vous avez compris le bien-fondé de ma réponse, je vous renouvelle mes civilités.

Lemoine Bonneau

4-    La lettre de démission de Lemoine Bonneau

Port-au-Prince, le 28 octobre 2022

Monsieur Max Chauvet

Directeur général du Nouvelliste

Monsieur le Directeur,

En raison du fonctionnement calamiteux du Nouvelliste depuis quelques jours, consistant à publier sur les réseaux sociaux des décisions administratives qui ne font pas honneur à sa tradition et à son rôle de doyen de la presse haïtienne, je prends la liberté de démissionner de mes fonctions à la salle de rédaction, après vingt-et-un ans et neuf mois de service.

Je demeure persuadé que la clairvoyance, la lucidité et l’éthique qui ont toujours guidé la direction du journal sauront réorienter les directives de son staff décisionnel.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Directeur général, mes civilités.

Lemoine Bonneau

5-   L’accusé de réception de la démission de Lemoine Bonneau par Max Chauvet

Monsieur Lemoine Bonneau

En ville.

Monsieur Bonneau,

J’accuse réception de votre message Whatsapp de ce 29 octobre dans lequel vous m’annoncez votre démission de vos fonctions au journal Le Nouvelliste.

Votre démission est acceptée. Cependant, je tiens à vous dire ce qui suit:

En votre qualité de Secrétaire de rédaction et d’éditorialiste au journal Le Nouvelliste, vous travaillez sous la supervision de Monsieur Frantz Duval, Rédacteur en chef du quotidien.

Le 30 septembre dernier, vous avez soumis à votre supérieur hiérarchique un éditorial traitant d’un contrat intervenu entre les gouvernements haïtien et canadien pour l’acquisition de matériels destinés à la Police Nationale d’Haïti (PNH).

Monsieur Frantz Duval, responsable de la ligne éditoriale du journal a refusé la publication de votre texte faute de preuves étayant vos propos, ce que vous avez accepté.

Contrairement à toute attente, vous êtes intervenu, à titre de Secrétaire de rédaction et d’éditorialiste du journal Le Nouvelliste, à l’émission Premye okasyon (Grand Boulevard) de Radio Télévision Caraïbes (RTVC) pour donner votre version sur le contrat intervenu entre les gouvernements haïtien et canadien et pour insulter publiquement Monsieur Sébastien Carrière, ambassadeur du Canada en Haïti, en le traitant de « menteur », de « super menteur ».

Dans un échange de correspondances en date du 12 et 14 octobre en cours, Monsieur Frantz Duval, agissant à titre de Rédacteur en chef du journal, vous a enjoint de présenter un article avec toutes preuves que vous avez sur cette affaire de contrat ou de vous excuser. Ce que vous avez refusé de faire, mettant en jeu la responsabilité civile du journal.

Vous avez répondu à Monsieur Duval dans un courrier responsif : « En ma qualité de secrétaire et éditorialiste, c’est mon droit de participer dans des débats en respectant les règles d’éthique et en évitant de ne pas porter atteinte à l’honneur et à la réputation de quiconque ».

Vos positions publiques outrancières, qui ont été réitérées lors de votre passage à l’émission Le Point de Radio Télé Métropole le 25 octobre 2022, sont contraires à la ligne éditoriale du journal et à l’éthique que nous défendons au Nouvelliste. Elles mettent en danger la sérénité et le sérieux qui caractérisent la profession de journaliste et placent Le Nouvelliste dans une position embarrassante.

Comme si vos premières outrances ne suffisaient pas, dans cette même émission Le Point, sans avoir parlé au Rédacteur en chef ou à Roberson Alphonse, vous avez pris sur vous de donner des nouvelles et de minimiser l’attaque dont Roberson Alphonse est sorti miraculeusement vivant.

En conséquence et après votre message de ce jour, veuillez vous rapprocher du service de comptabilité du journal pour établir le solde de vos comptes et connaître vos responsabilités légales envers le journal.

Recevez Monsieur Bonneau, les salutations navrées de la direction du quotidien Le Nouvelliste.

Port-au- Prince, le 29 octobre 2022

Max E. Chauvet

Directeur

Le Nouvelliste.

Crédit-Photo: Twitter-Google-Image et AyiboPost: Lemoine Bonneau/Roberson Alphonse/Frantz Duval/Max E. Chauvet.

Crédit-Textes: Twitter-Frantz Duval et Le Nouvelliste.

Publié le 2023-01-19 | lenouvelliste.com

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