Le nombre de plaintes a explosé ces derniers mois contre le ministère fédéral, qui peine à répondre correctement en français.

Début février, une jeune immigrante francophone installée au Québec sursaute en recevant, par courriel, le résultat positif de son examen de citoyenneté. La fierté fait rapidement place à la surprise.

Cher candidat, Merci d’avoir completer (sic) l’examen, est-il écrit dans ce courriel. Par la suite, les vulgaires fautes d’accord et de conjugaison s’enchaînent sur quelques lignes. Puis la date de l’examen est mentionnée en anglais.

Une version anglaise de ce message lui a également été envoyée. Celle-ci ne contient, en revanche, aucune faute.

Ce problème linguistique n’est pas isolé. De nombreuses communications d’Immigration Canada, rédigées en français avec des erreurs parfois grossières, ont été envoyées à Radio-Canada ces derniers mois.

Par exemple, une missive transmise récemment à deux immigrants débutait par ces mots :

En référence à votre demande permis de travaille (sic).

Je veux parler en français

L’avocat en immigration Stéphane Handfield vit quant à lui un autre problème. Ces dernières semaines, plusieurs de ses clients ont reçu des réponses d’Immigration Canada en anglais.

Ils avaient pourtant choisi le français comme langue de procédure. Ils avaient envoyé leurs documents en français. Mais la décision fédérale est renvoyée en anglais. C’est une tendance qui commence à prendre racine, juge-t-il, en montrant ces échanges à Radio-Canada.

« On se bat depuis des années pour faire respecter le français à Immigration Canada. Mais ça commence à être drôlement inquiétant. »

— Une citation de  Stéphane Handfield, avocat en immigration

Le client capote, car il ne comprend pas forcément ce qui est écrit. C’est un sérieux souci. Les candidats ont le droit de comprendre ce qu’on leur demande et Immigration Canada doit respecter leur choix de communiquer en français. C’est la moindre des choses, reprend celui qui sera candidat, pour le Parti québécois, aux prochaines élections provinciales.

Vouloir échanger en français reste un combat dans le domaine de l’immigration, déplore de son côté l’avocate Danielle Arpin.

« On dit qu’on est les fauteurs de trouble parce qu’on a des exigences pour parler en français. »

— Une citation de  Danielle Arpin, avocate en immigration

Je suis au Québec, je veux parler en français avec des agents fédéraux. Mais parfois, quand j’appelle, ce sont des unilingues anglophones qui veulent que je parle en anglais. Je refuse. Mais vouloir parler en français, ça fait parfois traîner les dossiers, regrette-t-elle.

Début février, une jeune immigrante francophone installée au Québec sursaute en recevant, par courriel, le résultat positif de son examen de citoyenneté. La fierté fait rapidement place à la surprise.

Cher candidat, Merci d’avoir completer (sic) l’examen, est-il écrit dans ce courriel. Par la suite, les vulgaires fautes d’accord et de conjugaison s’enchaînent sur quelques lignes. Puis la date de l’examen est mentionnée en anglais.

Une version anglaise de ce message lui a également été envoyée. Celle-ci ne contient, en revanche, aucune faute.

Ce problème linguistique n’est pas isolé. De nombreuses communications d’Immigration Canada, rédigées en français avec des erreurs parfois grossières, ont été envoyées à Radio-Canada ces derniers mois.

Par exemple, une missive transmise récemment à deux immigrants débutait par ces mots :

En référence à votre demande permis de travaille (sic).

Un message.Agrandir l’image(Nouvelle fenêtre)

Un courriel d’Immigration Canada envoyé à une candidate ayant réussi son examen de citoyenneté.

PHOTO : COURTOISIE

Je veux parler en français

L’avocat en immigration Stéphane Handfield vit quant à lui un autre problème. Ces dernières semaines, plusieurs de ses clients ont reçu des réponses d’Immigration Canada en anglais.

Ils avaient pourtant choisi le français comme langue de procédure. Ils avaient envoyé leurs documents en français. Mais la décision fédérale est renvoyée en anglais. C’est une tendance qui commence à prendre racine, juge-t-il, en montrant ces échanges à Radio-Canada.

« On se bat depuis des années pour faire respecter le français à Immigration Canada. Mais ça commence à être drôlement inquiétant. »

— Une citation de  Stéphane Handfield, avocat en immigration

Le client capote, car il ne comprend pas forcément ce qui est écrit. C’est un sérieux souci. Les candidats ont le droit de comprendre ce qu’on leur demande et Immigration Canada doit respecter leur choix de communiquer en français. C’est la moindre des choses, reprend celui qui sera candidat, pour le Parti québécois, aux prochaines élections provinciales.

Vouloir échanger en français reste un combat dans le domaine de l’immigration, déplore de son côté l’avocate Danielle Arpin.

« On dit qu’on est les fauteurs de trouble parce qu’on a des exigences pour parler en français. »

— Une citation de  Danielle Arpin, avocate en immigration

Je suis au Québec, je veux parler en français avec des agents fédéraux. Mais parfois, quand j’appelle, ce sont des unilingues anglophones qui veulent que je parle en anglais. Je refuse. Mais vouloir parler en français, ça fait parfois traîner les dossiers, regrette-t-elle.

Des enquêtes en cours

Les plaintes visant Immigration Canada sur la langue de réponse auprès de membres du public ont d’ailleurs explosé depuis moins d’un an, selon le Commissariat aux langues officielles.

L’organisme fédéral, qui veille au respect du bilinguisme canadien, en a recueilli 41 sur ce sujet depuis le printemps dernier, contre 5 l’année précédente.

Des enquêtes sont présentement en cours contre Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC), affirme Raymond Théberge, le commissaire aux langues officielles.

« IRCC [doit] veiller à ce que les membres du public puissent communiquer et recevoir des services dans la langue officielle de leur choix. »

— Une citation de  Raymond Théberge, commissaire aux langues officielles

Nos communications ne sont pas toujours claires, reconnaît IRCC

Interpellé sur ce sujet, Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) promet, à l’avenir, de mieux communiquer avec [ses] clients.

Des clients nous ont avisés via le sondage annuel d’expérience client que nos communications ne sont pas toujours claires et compréhensibles, reconnaît une porte-parole du ministère fédéral.

« IRCC s’engage […] à corriger ses procédures de révision afin de se conformer à ses obligations et offrir un service de qualité égale dans les deux langues officielles. »

— Une citation de  Julie Lafortune, porte-parole d’IRCC.

Les communications et la prestation des services doivent respecter le principe de l’égalité réelle, c’est-à-dire de même qualité d’une langue à l’autre, ajoute Julie Lafortune. Des tests de fonctionnalité ont été mis en place pour améliorer l’exactitude et la compréhension de nos formulaires et de notre correspondance, précise-t-elle.

Ce n’est pas la première fois que des craintes liées à l’utilisation de la langue française sont évoquées au sein d’Immigration Canada.

L’automne passé, ce ministère avait décidé de recruter des agents unilingues anglophones pour son centre d’appel, situé à Montréal. Habituellement, le bilinguisme est pourtant requis pour ces postes fédéraux.

Cette décision avait été vivement critiquée à Québec. Selon le gouvernement Legault, il s’agissait d’un manque de respect envers l’une des deux langues officielles du pays.

Récemment, l’incapacité du ministre de l’Immigration, Sean Fraser, de s’exprimer en français a aussi été dénoncée. Ses conférences de presse se déroulent, pour l’instant, uniquement en anglais.

Au sein de son équipe, on assure cependant qu’il suit des cours de français et qu’il pourra prochainement répondre aux questions dans la langue de Molière.

Fautes, réponses en anglais: La langue française délaissée à Immigration Canada Crédit: Romain Schué.