Dans un communiqué de presse, publié lundi, Médecins sans frontières annonce avoir quitté définitivement le quartier de Martissant, en proie depuis plusieurs semaines aux affrontements entre gangs armés rivaux. « Incapable d’avoir une garantie de sécurité pour son staff et ses patients et voulant attirer l’attention sur la situation insoutenable à Martissant, (…) l’organisation médicale humanitaire se voit obligée de mettre les clés sous la porte », peut-on y lire.

Dans une interview, accordée ce lundi à RFI, la chef de mission de MSF en Haïti, Alexandra Giudiceandrea, rappelle que depuis début juin, « des centaines, voire des milliers d’habitants du quartier (de Martissant, ndlr.) ont dû fuir les combats entre gangs armés. MSF a dû suspendre ses activités à Martissant fin juin. On comptait y retourner afin de continuer à fournir nos services de soins à la population. Mais malheureusement ce n’est toujours pas possible ».

En 15 ans d’activité, le centre d’urgence de MSF à Martissant était devenu un pilier incontournable pour l’accès au soin de la population. Rien que l’an dernier, MSF y avait admis 33 100 personnes aux urgences. Alexandra Giudiceandrea explique qu’une grande partie de l’équipement du centre d’urgence de MSF à Martissant a pu être récupéré. En revanche, l’ONG n’a « pas eu le temps d’enlever ni son logo ni les autres signes et inscriptions d’identification de son centre de soin ».

« Nous avons publié justement le communiqué pour prévenir la population, alerte Alexandra Giudiceandrea. Aucun personnel de MSF n’est présent dans la structure. Nous ne pouvons pas garantir ce qui se passe à l’intérieur ». La chef de mission de MSF en Haïti assure néanmoins que l’organisation est en négociations avec le ministère haïtien de la Santé, afin de pouvoir rouvrir son centre d’urgence dans un autre lieu « plus sécurisé, où nous serions moins exposés » de Port-au-Prince tout en sachant que « le risque zéro n’existe pas. Mais nous voulons rester au service de la population haïtienne ».