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Convoqué au cabinet d’instruction, ce mardi 23 juillet 2019, pour être auditionné dans le cadre de l’enquête sur le dossier PetroCaribe, l’ex-ministre de l’économie et des finances Wilson Laleau, ne s’y est pas présenté. Raison : Il est présentement à l’extérieur du pays.

L’ancien grand argentier de la République, officiellement inculpé dans le dossier de la dilapidation des fonds vénézuéliens s’était fait représenter par son avocat Me Sonet Saint-Louis qui a adressé une requête au juge instructeur Ramoncite Accimé, en charge du dossier, lui demandant de reporter l’audition à une date ultérieure.

Selon une source digne de confiance, une douzaine de responsables d’entreprises ont déjà été entendus dans le cadre du dossier PetroCaribe. L’analyse des dossiers fournis par les avocats de ces derniers se poursuit au cabinet d’instruction, a-t-on appris de cette même source.

Il faut dire qu’en cas de refus de comparaître, le magistrat instructeur a le pouvoir de transformer le mandat de comparution en mandat d’amener, celui-ci habilite tout dépositaire de la force publique de conduire telle personne où elle se trouve en le contraignant à comparaître devant le magistrat  et autorise  l’emploi de mesures coercitives.

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« Je suis clean dans la gestion des fonds PetroCaribe », dixit Wilson Laleau.

Publié le 2017-11-27 | Le Nouvelliste.

Dans son rapport, la commission Éthique et Anticorruption du Sénat accuse Wilson Laleau, ex-ministre de l’Économie et des Finances sous l’administration Martelly d’être « intervenu directement dans les fonds du BMPAD pour effectuer des décaissements sans aucune résolution en Conseil des ministres. » Wilson Laleau met la commission du sénateur Evalière Beauplan et quiconque en défi de prouver cette accusation. Dans son bureau au Palais national, lundi, l’actuel chef de cabinet du président de la République a donné au Nouvelliste sa version des faits.

« C’est un rapport politique, partiel, partial et partisan qui n’a pas respecté les procédures …» Wilson Laleau crache sa déception sur l’enquête de la commission Éthique et Anticorruption du Sénat. Selon l’ancien ministre de l’Économie et des Finances, pour tout problème de finances publiques ou administratif qui nécessite une enquête technique, le Parlement doit demander à la Cour supérieure des comptes de diligenter l’enquête qui débouchera soit sur un arrêt de débet ou un arrêt de quitus. C’est à partir de cette décision, a-t-il dit, que le Parlement pourrait commencer son travail.

Dans son rapport, à la page 526, la commission sénatoriale a dénoncé l’« intervention directe de certains ministres des Finances dans les fonds du BMPAD, dont Wilson Laleau, pour effectuer des décaissements sans aucune résolution en Conseil des ministres. » « Je mets quiconque en défi de le prouver. C’est un pur mensonge et c’est un prétexte pour mettre mon nom dans le rapport », a réagi Wilson Laleau l’air très remonté. « L’administration se fait par écrit, il n’y a aucun ordre verbal. Tous les ordres doivent se faire par écrit. Comme cet ordre concerne un décaissement financier, c’est la banque centrale qui décaisse pour le BMPAD, il doit y avoir des traces, une correspondance… Cela n’existe pas ! », a-t-il fulminé.

L’ancien ministre a soutenu qu’en matière de décaissement de fonds, il n’a aucun rapport avec le directeur du BMPAD.

Selon Wilson Laleau, pour que le ministre des Finances soit impliqué dans une quelconque malversation de fonds PetroCaribe, la Commission de passation de marché du ministère sectoriel, la Commission nationale de passation de marché (CNMP), le ministre sectoriel du projet, la Cour des comptes, le ministre de la Planification, la Direction d’évaluation et suivi du ministère de la Planification, la Direction générale du budget, le BMPAD, la banque centrale, entre autres, devraient être aussi impliqués.

Le ministre des Finances, a-t-il dit, n’intervient qu’en septième ou huitième position dans ce genre de dossiers. « Il ne fait qu’autoriser le décaissement. Celui qui peut ordonnancer c’est le ministère de la Planification. L’argent PetroCaribe fait partie du budget d’investissement du pays, le ministre des Finances n’a aucune autorité pour mouvementer ce compte sans autorisation du ministère de la Planification », a-t-il expliqué.

« En mon âme et conscience, on ne peut rien me reprocher dans la gestion des fonds PetroCaribe. Je suis clean dans ce dossier », a soutenu Wilson Laleau.

Cependant, l’ancien grand argentier de la République a reconnu qu’il pouvait signer « par inadvertance un dossier comportant un problème. » « Mais, je mets quiconque en défi de prouver que j’ai signé volontairement et que j’ai commis une faute dans le dossier PetroCaribe… », a-t-il martelé.

Ce que Wilson Laleau reproche à l’Etat haïtien dans la gestion des fonds PetroCaribe

En ce qui le concerne, l’ancien ministre insiste sur le fait qu’il n’a rien à se reprocher dans la gestion des fonds PetroCaribe. Cependant, Wilson Laleau estime que l’État haïtien aurait dû utiliser ces ressources « de manière plus stratégique ». Selon lui, il y avait des pressions politiques, puisque, a-t-il dit, chaque sénateur et député voulait avoir des petits projets dans sa zone. Des projets leviers avec des impacts dans l’économie n’ont pas été faits, a-t-il regretté.

En dehors du rapport de la commission sénatoriale, Wilson Laleau est conscient que la perception voudrait que les fonds PetroCaribe aient été mal dépensés. Il reconnaît aussi qu’il y a eu des frustrations.

Cependant, il a souligné que quand on parle de fonds PetroCaribe, il s’agit de 1.4 milliard de dollars décaissés, soit 140 millions par année sur 10 ans. Cet argent, a-t-il dit, « ne pouvait pas faire tous les miracles dans la République ». M. Laleau reconnaît que dans certains cas il pouvait y avoir des fautes dans la gestion des fonds PetroCaribe. « Mais il ne faut pas généraliser comme quoi rien n’a été fait avec l’argent. En cinq ans beaucoup de projets ont été réalisés. Je n’ai pas besoin de parler du nombre d’hôpitaux construits, du nombre de kilomètres de routes construits, des lycées à travers tout le pays, les bâtiments administratifs construits… », a détaillé Wilson Laleau.

La commission sénatoriale sur l’utilisation des fonds PetroCaribe recommande que l’action publique soit mise en mouvement contre : « Wilson LALEAU, ex-ministre des Finances, pour détournement ou dissipation de deniers publics conformément à l’article 340 du code pénal et en conformité aux dispositions des articles 5.5, 5.8, 5.9, 5.10, 5.12 de la loi du 12 mars 2014 portant prévention et répression de la corruption. »

Le Sénat, a-t-il lancé, n’est pas une juridiction de jugement comptable ou financière. Wilson Laleau est pour une enquête afin de fixer les responsabilités dans l’utilisation des fonds PetroCaribe. Cependant, il exige une enquête impartiale qui respecte les procédures.

L’ancien vice-recteur aux affaires académiques de l’Université d’État d’Haïti a évoqué Blaise Pascal qui parlait de la confusion des ordres pour dire que les sénateurs n’avaient pas à faire le travail de la Cour des comptes.

Non seulement, de l’avis de l’ancien grand argentier de la République, la commission n’a pas respecté les procédures, mais elle n’a pas non plus respecté l’intégrité des gens qui ont servi le pays au plus haut niveau. Il voit dans le rapport une sorte de règlement de comptes. Selon lui, un enfant de huit ans qui lit le rapport de la commission verra que tout ce qu’on dit sur lui est cousu de fil blanc et ne tient pas la route.

« L’accusation contre ma personne est gratuite. Elle ne peut résister aux faits et à la compréhension de quelqu’un qui comprend l’État. Elle est faite pour intoxiquer la population », a dénoncé M. Laleau, qui se dit blessé dans sa chair et dans son âme.

Les sénateurs devront statuer ce jeudi 30 novembre sur le rapport de la commission. Wilson Laleau a indiqué qu’il n’est pas trop intéressé à la suite que vont donner les parlementaires. « Le dossier a été mal engagé. Il a révélé qu’il y a une confusion des ordres, ce qui rend le travail invalide… », s’est-il renfermé.

Publié le 2017-11-27 | Le Nouvelliste.

Robenson Geffrard.