«Le Crime organisé pourrait attaquer le réseau de distribution des précieux vaccins contre la COVID-19, préviennent les agences policières internationales»

«Au moment où les gouvernements se préparent à distribuer les vaccins, les organisations criminelles projettent d’infiltrer ou de perturber les chaînes d’approvisionnement», a prévenu le secrétaire général d’INTERPOL, Jürgen Stock, par voie de communiqué.

L’organisation internationale de police criminelle a envoyé une alerte mondiale à ses 194 pays membres, dont le Canada, les pressant de se préparer à ce que les réseaux criminels s’en prennent aux vaccins.

« Nous n’arrêterons devant rien pour assurer que les vaccins destinés au Canada soient sûrs et protégés », a affirmé la ministre fédérale de la Santé, Patty Hajdu, en soulignant compter sur l’expertise du major général Dany Fortin, responsable de la logistique entourant la vaccination au pays, et de 30 autres militaires.

« L’or liquide »

En raison de l’énorme demande qui pèse sur cette marchandise qu’INTERPOL qualifie d’« or liquide », elle va « attirer une attention significative de la part d’entités illicites, bien davantage que d’autres cargaisons pharmaceutiques », précise le vice-président de la Pharmaceutical Cargo Security Coalition, Chuck Forsaith.

L’agence européenne de police criminelle Europol a prévenu que des criminels pourraient attaquer les camions de transport de vaccins pour revendre la marchandise sur le marché noir.

Ce ne serait pas la première fois que des vaccins seraient volés, y compris au Québec.

En 1959, lors de l’épidémie de polio, 75 000 doses de vaccins avaient été dérobées à Montréal. Plus récemment, en 2009, un camion contenant 930 doses de vaccins contre la grippe H1N1 a été volé à Milwaukee, aux États-Unis.

Menace informatique

La menace concerne aussi les réseaux informatiques sur lesquels repose l’opération logistique du siècle et internet, où les fraudeurs peuvent vendre de faux vaccins, d’après Europol, INTERPOL, IBM et la Cybersecurity and Infrastructure Security Agency des États-Unis.

« Les réseaux criminels vont également chercher à attirer des particuliers sans méfiance au moyen de faux sites web et de faux remèdes », a précisé Jürgen Stock.

Trump signe un décret pour «prioriser» la livraison de vaccins aux États-Unis

Le président américain Donald Trump a signé mardi un décret qui donnera selon lui la priorité aux livraisons de vaccins aux États-Unis avant l’exportation, soulignant la crainte que le pays manque de doses après la phase initiale de vaccination.

Le décret fera en sorte «que le gouvernement américain donne la priorité à la vaccination des citoyens américains, avant d’envoyer les vaccins à d’autres pays», selon lui, alors que Pfizer/BioNTech, dont le vaccin pourrait être autorisé dans les tout prochains jours, n’a qu’un contrat portant sur 100 millions de doses avec les États-Unis.

Moderna, dont le vaccin pourrait être autorisé dès la fin de la semaine prochaine, a également promis 100 millions de doses. Chaque contrat inclut des options pour des doses supplémentaires, mais le délai à activer ces clauses pourrait décaler de plusieurs mois la livraison.

Il y a plus de 330 millions d’Américains, et le gouvernement affirme pouvoir tenir son objectif de leur offrir à tous un vaccin d’ici avril.

Les deux fabricants ont des usines aux États-Unis et en Europe, et des lois existent qui permettraient en théorie au gouvernement de préempter la production qui en sort, comme le Defense Production Act.

Le texte du décret que M. Trump a signé devant les caméras mardi, lors d’un «sommet vaccinal» à la Maison-Blanche, n’a pas été rendu public dans l’immédiat.

«Si nécessaire, nous invoquerons le Defense Production Act. Nous ne pensons pas que ce sera nécessaire», a ajouté le président.

Deux autres vaccins très avancés dans les essais cliniques pourraient en effet être autorisés au début de l’année et garantir l’approvisionnement américain: celui en deux doses d’AstraZeneca/Oxford (dont Washington a commandé 500 millions de doses), et celui en une seule dose de l’Américain Johnson & Johnson, dont les États-Unis attendent 100 millions de doses.

Pour cette raison, Ottawa a signé des contrats avec plusieurs compagnies différentes qui détiennent des usines à différents endroits du monde.

«Les contrats tiennent compte du fait que Pfizer, par exemple, a des usines en Europe et aux États-Unis», a indiqué le ministre des Affaires intergouvernementales, Dominic LeBlanc.

Les premières doses de vaccins Pfizer/BioNTech livrées au Canada dans les prochains jours proviendront d’ailleurs d’une usine située à Puurs, en Belgique, et non pas aux États-Unis.

Moderna, dont le vaccin devrait être le second approuvé au pays, détient aussi des capacités de production en Europe bien que son siège social soit aux États-Unis.

«Nous sommes confiants qu’il n’y aura pas de perturbation dans la livraison de vaccins aux Canadiens», a assuré M. LeBlanc.