Le pétrole est l’une des matières premières les plus affectées par le coronavirus. Le baril a démarré la semaine à son plus bas niveau depuis un an. Inquiet, l’Opep réunit son comité technique à partir de ce mardi.

L’épidémie de coronavirus atteint les cours du brut d’abord parce que c’est la matière première des transports. Les mesures de précaution ont été appliquées très rapidement, plus rapidement que lors de l’épidémie de Sras au début des années 2000.

L’interruption des liaisons aériennes en Chine et vers la Chine, mais aussi les moindres déplacements par la route à l’occasion du Nouvel An, c’est autant de kérosène, de diesel et d’essence qui ne seront pas consommés.

Les importations chinoises ont chuté

Premier acheteur de pétrole au monde, la Chine a diminué ses importations de 3 millions barils par jour, – 20 % par rapport au niveau habituel en cette période de l’année, rapporte Bloomberg. Le bureau d’étude Kayrros note également une baisse des achats de brut de la part de la Chine depuis deux semaines consécutives, à 8,5 millions de barils par jour. Par photo satellite, Kayrros observe dans le même temps que les stocks de pétrole chinois ne baissent pas, ce qui signifie que la consommation des raffineries chinoises ralentit.

Le raffinage ralentit, la production d’électricité aussi

Au delà des transports, l’économie chinoise pourrait être affectée. C’est une autre donnée observée par Kayrros : la production d’électricité diminue en Chine. Tout cela n’augure rien de bon pour l’activité du pays, encore largement l’atelier du monde, et cela aggrave le sentiment baissier des marchés pétroliers. Ils étaient inquiets sur l’abondance de l’offre qui pesait sur les prix. Désormais ils sont aussi inquiets sur la demande qui fléchit.

Inquiétude de l’Opep

Et ils ne sont pas les seuls puisque l’Opep élargie à la Russie réunit son comité technique pendant deux jours à Vienne. « Les pays exportateurs ne devraient rien décider avant la réunion des ministres du Pétrole, pour l’instant prévue en juin. Mais le fait qu’ils réunissent leur comité technique, c’est déjà de la communication psychologiquement utile pour les marchés pétroliers », observe Philippe Sébille-Lopez, de Géopolia. D’autant qu’ils laissent entendre en amont qu’ils pourraient réduire à nouveau la production du cartel de 500 000 barils par jour supplémentaires, « ce qu’ils avaient déjà évoqué plus tôt, en janvier. »

« L’impact du coronavirus sur les cours du pétrole est peut-être déjà digéré par les marchés, juge Pierre Terzian, de Pétrostratégie, sauf si l’épidémie s’amplifie dans d’autres régions de Chine ».