Il faudra moins longtemps que prévu pour parvenir à la parité homme-femme dans le monde. Mais au rythme où on va, on ne comblera tout de même pas l’écart entre les sexes dans les domaines politique, économique, de santé et d’éducation avant 99,5 ans. C’est en tous cas ce que révèle le Forum économique mondial dans son rapport 2020 sur la parité entre les hommes et les femmes dans le monde.

Dans sa précédente étude, l’an dernier, il évaluait à 108 ans le temps pour combler les écarts. Cette légère amélioration serait surtout liée à l’augmentation du nombre de femmes en politique. L’écart en la matière reste pourtant encore béant. Cette année, les femmes n’ont occupé qu’un quart des sièges dans les chambres basses des Parlements et à peine plus d’un poste ministériel sur cinq.

257 ans

En revanche, l’écart économique augmente sur un an. Depuis le début de cette étude en 2006, quelques progrès ont été faits. Mais ils sont tellement lents que pour combler l’écart dans le monde du travail, on devra attendre 257 ans.

Sans surprise, les femmes sont toujours sous-représentées dans les postes d’encadrement et de direction. Elles sont au contraire plus nombreuses à recevoir un salaire situé dans les tranches basses et moyennes. Or, ces tranches-là stagnent depuis la crise financière d’il y a dix ans. Le Forum économique mondial pointe aussi du doigt le fait que les métiers qu’elles occupent sont davantage touchés par l’automatisation. Et peut-être encore plus préoccupant, les femmes sont nettement sous-représentées dans les métiers dits d’avenir : 15% des effectifs dans l’ingénierie, 12% dans le cloud computing (le nuage numérique).

Dans l’espace, le vrai aussi les questions de parité se posent. Souvenez-vous, en mars dernier, ce qui devait être la première sortie 100% féminine de la Station spatiale internationale avait dû être annulée par manque de combinaisons à la bonne taille. L’erreur a depuis été réparée. En octobre, pour la première fois en 20 ans d’histoire de l’ISS, deux femmes sont sorties ensemble pour mener une opération à l’extérieur.

Le Bénin en tête dans le classement économique

Alors, qui y a-t-il des bons élèves ? L’Europe de l’Ouest reste la meilleure élève. Il ne lui faudra que 54 ans pour parvenir à la parité alors qu’il faudra 151 ans à l’Amérique du Nord. Il faut dire que les quatre premiers pays du classement sont en Europe : l’Islande, la Norvège, la Finlande et la Suède. Dans le top 10, figurent également le Nicaragua et le Rwanda, en 9e position.

Et puis tout dépend de ce que l’on appelle bon élève. Par exemple, l’Éthiopie est 82e, mais elle fait partie avec le Mexique, l’Espagne et la Géorgie des pays qui ont signé la plus forte progression grimpant de plus de 20 places. La France au contraire a perdu trois places et arrive en 15e position.

Enfin, l’étude prend en compte différents aspects pour établir son classement général et établit plusieurs sous-classements. Quatre pays africains figurent dans le top 10 en ce qui concerne la participation et les opportunités économiques. Le Bénin est même numéro un (même s’il n’est que 119e au classement général). Le Burundi, la Zambie et la Guinée font aussi partie des 10 premiers, sur le plan économique.

À l’échelle du continent, combien de temps faudra-t-il à l’Afrique pour arriver à la parité ?

Pour l’Afrique subsaharienne, même si les auteurs du rapport notent un progrès significatif, il faudra au rythme actuel 95 ans pour parvenir à la parité. Pour le reste du continent, c’est un peu plus difficile à dire, la région Moyen-Orient et Afrique du Nord faisant partie d’un même groupe. Si les progrès ne s’accélèrent pas, il faudra encore près de 150 ans.