Le salon du livre de Francfort, le plus important au monde, s’est achevé dimanche dans un climat favorable pour l’édition, alors qu’on spécule depuis des années sur la disparition du livre.

Le salon du livre de Francfort, le plus important au monde, s’est achevé dimanche dans un climat favorable pour l’édition, alors qu’on spécule depuis des années sur la disparition du livre. Et ce n’est pas pour déplaire à notre chroniqueur Jean-Pierre Montanay…

Gutenberg, le premier imprimeur de l’Histoire, doit s’en amuser. Survivant de l’ancien monde, le bouquin fait de la résistance contre l’invasion du numérique et des écrans. Là où le disque, puis le CD, la cassette et le DVD, comme le calepin et l’annuaire, ont capitulé pour rejoindre le cimetière du vintage, le livre, lui, a mis une claque à la liseuse électronique.

Hantise des libraires à sa sortie, celle-ci devait tout écrabouiller, le papier et l’encre, et révolutionner le monde de l’édition. Quinze ans plus tard, il se vend une liseuse pour 20 livres et l’e-book se porte à peine mieux dans les pays anglosaxons.

La crise de la lecture remonte aux années 80, bien avant le numérique et le smartphone. A l’époque, le coupable désigné est la télé. En réalité, la lecture est une histoire de temps. Or nous sommes de plus en plus à être la recherche de silence, de solitude, voire d’ennui. Tout cela est finalement propice, demain, à plus de lecture. L’édition l’a bien compris : elle publie des ouvrages à foison sur la méditation, le yoga, la coupure numérique et le développement personnel.

Les librairies à l’heure d’Amazon ont encore un avenir

A l’heure du géant Amazon, les librairies ont encore un avenir, à condition de se mettre une pile pour se transformer et se réinventer. Regardez en bas de chez vous : fini le libraire qui se contente uniquement de vendre des livres. Il donne des conseils, organise des cercles de lectures, des ateliers pour les enfants ou propose un café à boire en dévorant un polar comme à la maison. Et entre Tolstoi et Proust, il fait de la place pour les mangas, les nouveaux best-sellers de l’édition.

Le comble : Amazon, qui devait croquer tout cru les librairies avec ses livraisons en 24h, ouvre à son tour des librairies aux États-Unis. Quand les Gafa vont tout va, non ?