A l’occasion de sa première visite à Riyad en douze ans, Vladimir Poutine a signé la « charte de coopération OPEP+ » entre la Russie et l’Arabie saoudite, un texte qui officialise l’alliance pétrolière conclue il y a trois ans, pour soutenir les cours mondiaux du brut.
La signature d’une charte de coopération OPEP+ est une façon de sceller publiquement l’alliance pétrolière entre l’Arabie saoudite et la Russie. Une alliance un peu contre-nature née fin 2016 lorsque l’Arabie saoudite se rend compte qu’elle ne peut plus à elle seule orienter les prix en diminuant sa production, face au déferlement de pétrole de schiste américain. Un accord est alors conclu entre les membres de l’OPEP, menés par l’Arabie saoudite, et 11 pays hors de l’OPEP, menés par la Russie, pour diminuer collectivement la production de 1,8 million de barils par jour. Accord renouvelé fin 2018 sur 1,2 million de barils, et prolongé, à nouveau, jusqu’en mars prochain.
L’Arabie saoudite à plus besoin de la Russie que l’inverse
Avec la charte de coopération OPEP+, les deux géants veulent montrer que leur alliance pourrait se prolonger indéfiniment. L’Arabie saoudite et la Russie ont besoin d’afficher qu’elles sont soudées pour stabiliser les cours du pétrole. « Dans les faits, l’Arabie saoudite a plus besoin de la Russie que l’inverse, estime Philippe Sébille-Lopez du cabinet Géopolia.Moscou peut se satisfaire d’un pétrole à 50 dollars le baril, Riyad non ». On observe aussi que « la Russie n’applique pas toujours son quota, officiellement 300 000 barils de moins. En résumé elle a le beurre et l’argent du beurre : grâce à l’alliance avec l’Arabie saoudite, les cours se redressent, et la Russie peut alors en profiter pour exporter plus que ce à quoi elle s’est engagée ».
Une alliance pragmatique
La Russie de son côté a besoin des investissements saoudiens. Sanctionnée par l’Occident, elle a moins de capitaux disponibles en ce moment. Ces investissements, encore réduits, visaient ce lundi aussi bien le secteur agricole que le secteur pétrolier russe, notamment une usine de méthanol et une prise de participation dans l’équipementier russe Novomet, qui fournira des pompes à l’Arabie saoudite. Peut-être serviront-elles à terminer les réparations sur le terminal pétrolier saoudien d‘Abqaiq, mis à mal par des drones à la mi-septembre… Des drones soupçonnés, ironie de l’histoire, d’avoir été lancés à l’initiative de l’Iran, allié stratégique de la Russie. La Russie, avec son alliance beaucoup plus pragmatique avec l’Arabie saoudite, est décidément la seule à traiter avec tout le monde au Moyen-Orient.
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