Le prix du pétrole a décliné la semaine dernière mais le coût de son transport par tanker s’envole. En cause, les sanctions de Washington contre les compagnies maritimes chinoises, accusées de violer les sanctions contre l’Iran.

C’est la panique dans le fret pétrolier, depuis mercredi dernier. Washington a inscrit une dizaine de transporteurs maritimes chinois, dont deux filiales du géant COSCO (China Ocean Shipping Company), sur la liste des entreprises sanctionnées pour avoir transporté du brut iranien.

Depuis les importateurs de brut se démènent pour trouver des alternatives à ces compagnies, de peur de devenir infréquentables à leur tour.
Mais c’est très compliqué : ces compagnies sont des poids lourds du transport pétrolier. COSCO seule possède 7,5 % de la flotte mondiale de supertankers. Au total une cinquantaine de tankers dont une moitié de supertankers, sont dans les faits, inutilisables.

30% plus cher entre le Moyen-Orient et l’Inde

Cette panique se traduit dans les prix du transport maritime fret, en forte hausse. Une hausse de 20 % du fret pétrolier rien qu’en une journée, vendredi. Et ce n’est qu’une moyenne. Le trajet d’un tanker entre le Moyen-Orient et la côte ouest de l’Inde est près de 30 % plus cher qu’avant l’annonce des sanctions américaines. Un surcoût qui dépasse un demi-million de dollars par bateau. Mais rien de plus naturel, finalement, quand on voit le plus grand raffineur indien India Oil contraint du jour au lendemain d’annuler deux supertankers de COSCO et d’affréter en urgence de nouveaux navires. Ou Unipec, la branche négoce du plus grand raffineur chinois Sinopec, annuler brutalement quatre chargements.

Le pétrole américain est visé lui aussi

Ces tankers ne transportent pas que du pétrole iranien. Loin de là. Les compagnies maritimes chinoises mises à l’index devaient expédier des cargaisons de pétrole saoudien vers la Chine, de pétrole mexicain vers l’Inde, et même, ironie de l’histoire, de pétrole américain vers l’Inde ou la Chine ! Cette nouvelle route maritime du pétrole, entre les États-Unis et l’Asie, est elle aussi devenue soudain très chère elle aussi.

Peu d’impact à la pompe

Paradoxe, en apparence, le brut lui-même a pendant ce temps vu sa valeur baisser. L’accalmie dans le conflit du Yémen, le retour de l’Arabie saoudite à une production presque normale et la baisse des bénéfices en Chine, ont calmé les marchés du pétrole. Même si transporter ce brut est très onéreux en ce moment, cela ne compte que pour 3 % dans le coût d’une cargaison. L’impact devrait donc être minime à la pompe.