La légitimité du Premier ministre par intérim est plus contestée que jamais. Ses concitoyens lui reprochent de ne pas avoir annoncé de programme sérieux pour lutter contre l’insécurité galopante. Il est aussi pointé du doigt par ses détracteurs pour ses liens avec un présumé auteur de l’assassinat du président.

Ariel Henry a été nommé Premier ministre par feu le président Jovenel Moïse deux jours seulement avant le meurtre de ce dernier. Quand le chef de l’État a été assassiné dans la nuit du 6 au 7 juillet 2021, Ariel Henry n’avait pas encore été installé dans ses nouvelles fonctions.

La Constitution haïtienne prévoit que le Parlement approuve le discours de politique générale pour qu’un Premier ministre puisse officiellement débuter son mandat. Mais en Haïti, où aucune élection ne s’est tenue depuis 2016, les mandats des députés et de deux tiers des sénateurs sont arrivés à leur terme en janvier 2020.

Ariel Henry est donc « arrivé au pouvoir en dehors de tout cadre constitutionnel », constate la juriste et professeur d’Université, Youdeline Chérizard-Joseph. En juillet 2021, « presque toutes les institutions du pays étaient désarticulées. Le Parlement et la Cour de Cassation étaient déjà dysfonctionnels.

Les institutions en Haïti ne pouvaient donc être d’aucun recours pour assurer une certaine stabilité et pour pouvoir organiser les élections et continuer à faire fonctionner l’État. Et c’est la raison pour laquelle la société haïtienne vit aujourd’hui un chaos sans précédent ».

Face à un tel vide institutionnel, les différentes factions politiques et de la société civile se disputent la légitimité pour proposer une sortie de crise. Il existe aujourd’hui en Haïti une bonne dizaine de projets de transition politique. L’un est celui d’Ariel Henry qui prévoit donc la tenue d’élections et la mise en place d’une nouvelle Constitution.

Dix sénateurs, les derniers élus haïtiens encore en fonction, estiment avoir également leur mot à dire. La diaspora haïtienne a organisé un congrès politique en Louisiane, aux États-Unis, il y a quelques semaines. Et puis, il y a l’accord dit « de Montana », d’après le nom de l’hôtel où il a été signé.

Haïti-CNN: un enregistrement embarrassant pour Ariel Henry

 CNN diffuse un enregistrement supposé de Garry Orélien impliquant Ariel Henry. Garry Orélien était, jusqu’à récemment, le juge en charge de l’instruction dans l’enquête sur l’assassinat du président Jovenel Moïse. CNN soutient que dans le document audio qu’elle a publié mardi, c’est bien lui qui s’exprime.

La chaîne américaine dit avoir « vérifié l’enregistrement en le comparant à d’autres enregistrements connus de Garry Orélien et grâce aux nombreuses conversations » que CNN dit avoir eues avec lui directement.

Le média souligne que dans cet extrait audio, le magistrat « ne savait pas qu’il était enregistré ». Il y parle des relations du Premier ministre Ariel Henry avec le « moteur, l’initiateur de l’assassinat qui est son ami et qui a planifié avec lui, le jour de l’assassinat ».