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Gabriel Fortuné: «Sans accord politique, il y aura une sorte d’explosion»
Jean Gabriel Fortuné, proche du chef de l’État et ancien maire de la ville des Cayes, a rendu publique sa proposition de sortie de crise articulée autour d’un organe de transition devant résulter d’un accord politique entre les parties en présence.

Selon l’ancien sénateur du département du Sud, «si au bout du compte, nous n’arrivons pas à trouver un accord, nous ne pourrons pas empêcher au président de vouloir organiser les élections.
Mais on sait aussi ce que cela va donner. Il y aura une sorte d’explosion qui ne sera profitable à personne. Ni au président d’abord, ni son régime, ni à l’opposition non plus.»
Publié le 2020-09-09 | lenouvelliste.com

À la lumière des revendications de l’opposition et des velléités du président de la République, Jean Gabriel Fortuné a dessiné les contours d’une proposition de sortie de crise.
Pour lui, il est impératif de trouver un accord politique entre les acteurs en présence, à savoir le pouvoir en place, l’opposition aussi bien que le secteur économique. «Il faut un accord politique.
De cet accord pourra résulter un organe de transition avec une feuille de route. Cet organe de transition sera composé de sept membres, trois issus de la société civile, deux de l’opposition et deux du pouvoir.

La présidence étant assurée par un membre de la société civile», avance Gabriel Fortuné qui prône une transition de deux ans, s’étendant du 18 novembre 2020 au 18 novembre 2022.
La première partie de cette période de transition sera consacrée à l’élaboration de la Constitution jusqu’au référendum. Une fois la Constitution ratifiée on va s’atteler aux différentes réformes qui sont nécessaires. La deuxième partie concernera les élections.

La réconciliation ou la recherche de l’unité nationale par la création d’une commission de vérité chargée de faire la lumière sur les crimes économiques, financiers et politiques qui ont été commis du régime des Duvalier à nos jours, doit aussi voir le jour au cours de cette période.

Intervenant à l’édition du week-end de Panel Magik sur Radio Magik 9, M. Fortuné a avoué être toujours un proche du pouvoir en place, du président de la République en particulier qui d’ailleurs est aussi au courant de sa proposition.

«Je demeure un proche du président. Ce n’est pas lorsqu’une équipe perd que tous les fans de l’équipe doivent déserter. Nous devons réfléchir et voir dans quelles conditions nous avons perdu le match ou le championnat.

S’il faut faire des remue-méninges au sein de l’équipe, nous le ferons», a-t-il avancé avant de reconnaître que “malheureusement nous avons gaspillé un mandat. Il n’y a pas de résultats. Le président a fait beaucoup de promesses de campagne, et pour toute sorte de raisons, nous n’avions pas pu délivrer la marchandise.
Il est temps d’assumer nos échecs, c’est ce qui nous permettra de grandir et nous donner la capacité de corriger. Le premier responsable c’est le président, c’est le gouvernement, et nous qui sommes avec le président.»

Gabriel Fortuné dit inviter toutes les parties à la table des négociations. «Le Président n’a pas toutes les marges de manoeuvre comme beaucoup semblent le penser. Sinon, il avancerait. Il ne peut ériger un Conseil électoral provisoire sans un accord politique.

On ne peut pas parler d’assemblée constituante ni de nouvelle Constitution sans un accord politique. Il faut qu’il y ait une source de légitimité», a fait savoir l’ex-parlementaire

Si les parties veulent conserver leurs positions irréductibles, cela n’augure rien de bon. «Si finalement nous n’arrivons pas à trouver un accord, nous ne pourrons pas empêcher le président de vouloir organiser les élections.

Mais on sait ce que cela va donner. Il y aura une sorte d’explosion qui ne sera profitable à personne. Ni au président d’abord, ni à son régime ni à l’opposition non plus.
L’opposition ne doit pas croire qu’elle est en odeur de sainteté avec le peuple. Le problème, en ce moment, c’est qu’il y aurait dû avoir l’émergence de nouvelles forces politiques qui font la politique autrement.

Malheureusement ce n’est pas encore le cas», a confié l’ancien maire des Cayes avant d’ajouter que «nous ne pouvons pas mettre sur pied une nouvelle assemblée constitutionnelle sans accord politique, sans que la nation soit d’accord. Au moins, on peut tenter de faire les élections, c’est ce que j’appelle perpétuer le statu quo.
Mais le le président n’a pas de provision constitutionnelle pour monter une assemblée constituante et faire une nouvelle Constitution tout seul. C’est inimaginable».