Prosper Avril a dirigé le pays du 17 septembre 1988 au 10 mars 1990, à la faveur d’un coup d’état contre le général Henry Namphy.

 

Audio-Origine: Invité du Jour Radio Vision 2000.
Archives: Gamax Live.

 

Revue de la Presse:
Coup d’État contre Henry Namphy, les prisonniers de la Toussaint, la version de Prosper Avril
Publié le 2017-07-24 | lenouvelliste.com

Prosper Avril, le lieutenant-général retraité de l’armée et ancien président de la République, a commenté son article paru dans Le Nouvelliste titré « La réhabilitation de la force armée, une décision heureuse, mais… », ce lundi sur Magik9.

L’ancien militaire est revenu sur certains pans sombres de l’histoire des hommes en uniforme, marquée par des exactions, des coups d’État ou encore des violations des droits de l’homme, ce, en s’appuyant sur sa propre lecture. Si on impute à Prosper Avril le coup d’État contre Henry Namphy, lui, il objecte. « Il ne faut pas dire que j’ai déposé le général Henry Namphy », répond-il à Roberson Alphonse, l’un des présentateurs de la matinale de Magik9.

Prosper Avril invite à « mettre les choses dans leur contexte ». Pour expliquer son avènement au palais national, Prosper Avril a d’abord expliqué le coup d’État contre Leslie François Manigat qui a porté Henry Namphy, son prédécesseur, au pouvoir. « Le général Namphy n’avait pas ordonné un coup d’État contre le président Leslie François Manigat. Après avoir été limogé, il a été chez lui. Le gouvernement a décidé de le placer en résidence surveillée.

Les soldats se sont mis en colère contre cette décision. Ils sont sortis sous le commandement des officiers. Ils ont utilisé des instruments militaires, canons, tanks, etc. Ils sont allés le chercher et ont insisté pour que le général les accompagne au palais national. C’est ainsi qu’il y est entré (comme président) », raconte-t-il. Prosper Avril explique que certains des soldats qui ont manœuvré le coup d’État contre Manigat n’étaient pas satisfaits de la gestion d’Henry Namphy. « Ils ont estimé que le général n’avait rien fait de spécial pour eux. Ils se sont révoltés. Henry Namphy a demandé à les rencontrer.

Arrivant auprès des soldats, un projectile a été tiré en sa direction. Il a rebroussé chemin avec tous les officiers qui l’accompagnaient. Il a lui-même décidé que si les soldats était arrivés à manquer de respect au commandant en chef de l’armée et président d’Haïti, il ne doit plus rester au pouvoir. C’est lui qui a volontairement abandonné le pouvoir. Et nous autres, nous avons dû gérer son départ », raconte-t-il.
Le lieutenant général retraité souligne plus loin que l’exil d’Henry Namphy en terre voisine est volontaire. « Il est resté volontairement en République dominicaine. Le président Préval a été le chercher pour qu’il revienne à Port-au-Prince, il a refusé », explique-t-il.

Certains reprochent à Prosper Avril d’avoir placé le sergent Joseph Hébreu à sa droite, ce qui a valu à ce dernier des honneurs militaires, en contresens de la hiérarchie et de son rang. Encore une fois, Prosper Avril conteste. « Il avait le rang pour occuper ses fonctions. Il faut savoir la genèse de sa présence. Les soldats sont allés chercher le sergent Joseph Hébreu pour être président (après la démission de Namphy), après avoir cherché vainement un autre sergent.

Il a refusé », a-t-il fait savoir, soulignant qu’après diverses tractations, les soldats l’ont finalement désigné. « Ils m’ont pressé d’accepter pour protéger leur vie qui était en danger ». Sur l’affrontement entre les soldats des casernes Dessalines et ceux du Palais national, considérés par certains comme le signe avant-coureur de la descente aux enfers des Forces armées d’Haïti (FAD’H), Avril estime qu’il « ne faut pas exagérer les choses ».
Car, argue-t-il, le conflit entre le corps d’artillerie et les casernes Dessalines avait causé la mort de plusieurs officiers alors que ça n’a pas été le cas durant l’affrontement casernes Dessalines versus Palais national.

« Après la tentative de coup d’État du 2 avril, j’ai enlevé les menottes dans les bras des officiers qui étaient restés là. J’ai demandé au colonel Guy François de reprendre son poste aux casernes Dessalines. Le colonel Himmler Rébu, du corps des Léopards, a été envoyé en République dominicaine avec les principaux membres qui étaient avec lui.
Par contre, son assistant, Lionel Claude – lui qui était venu procéder à mon arrestation chez moi – a été placé en tête du corps des Léopards pour ramener les troupes à la raison. Le colonel Hérard Abraham, malgré sa lettre de démission, a été prié de rester au commandement de l’armée », avance-t-il.

Le général Prosper Avril classe les tortures infligées aux prisonniers de la Toussaint dans le rayon des dérives des militaires, à qui on a confié des fonctions de police. « Cela est arrivé. Personne ne peut dire que les ordres venaient de la hiérarchie militaire.

C’étaient des dérapages. Des amis m’ont appelé juste après pour m’en informer. Je n’étais pas au courant. J’ai assumé des responsabilités morales dans cette affaire. J’ai écrit des lettres d’excuses aux victimes. C’était à la limite ce que je pourrais faire », a indiqué M. Avril.