Après les prestations de serment de la semaine dernière, c’est ce mardi 21 janvier que s’ouvrent les débats du procès en destitution de Donald Trump au Sénat. Seuls deux présidents avant lui – Bill Clinton et Andrew Johnson – ont fait face à une telle procédure. Ils ont été acquittés.
Quels sont les chefs d’accusation retenus contre Donald Trump ?
Donald Trump fait face à deux chefs d’accusation. Le président sera d’abord jugé pour abus de pouvoir dans l’affaire ukrainienne. Au cœur de l’accusation : un coup de téléphone, révélé par un lanceur d’alerte, entre le président américain et son homologue ukrainien Volodymyr Zelenskiy. Donald Trump est accusé d’avoir fait pression sur ce dernier pour que Kiev enquête sur le fils de Joe Biden, son potentiel adversaire démocrate à la présidentielle, en mettant notamment dans la balance une aide militaire cruciale des États-Unis à l’Ukraine. En outre, les démocrates reprochent au président d’avoir ensuite bloqué la transmission de documents et de témoignages lors de leur enquête à la Chambre des représentants. C’est l’autre chef d’accusation : entrave au travail du Congrès.
Dans un dossier de 111 pages, les démocrates invitent le Sénat à condamner et à destituer Donald Trump en raison de « preuves accablantes ». Pour l’accusation, il a mis en danger la sécurité nationale.
Quelle est la ligne de défense de Donald Trump ?
Pour les avocats de Donald Trump, qui ont publié pour la première fois ce week-end une réponse aux accusations, la procédure est « constitutionnellement irrecevable ». Ils avancent que la procédure est « une perversion dangereuse » de la Constitution ; elle attaque « le droit des Américains à choisir librement leur président ». C’est l’argument principal martelé par Donald Trump dans ses tweets depuis déjà plusieurs mois. La défense nie aussi les faits qui sont reprochés au milliardaire. Elle souligne notamment que l’aide militaire a bien été débloquée. En omettant toutefois de préciser qu’entre-temps, le scandale avait éclaté… Les avocats de Donald Trump ont appelé lundi le Sénat américain à l’acquitter « immédiatement ».
Qui sont les protagonistes de ce procès ?
♦ Les 100 sénateurs sont les jurés de ce procès, présidé par le patron de la Cour suprême, John Roberts.
♦ L’équipe d’accusation est constituée de sept procureurs désignés par la Chambre des représentants, qui a mené l’enquête et inculpé le président. Ils sont emmenés par le démocrate Adam Schiff, bête noire de Donald Trump.
♦ La défense est menée par l’avocat de la Maison Blanche, Pat Cipollone. Il est notamment épaulé par deux avocats célèbres : le très médiatique constitutionnaliste Alan Dershowitz, qui a défendu plusieurs célébrités réputées « indéfendables » comme O. J Simpson, et Kenneth Starr, qui avait été au cœur de l’affaire Lewinsky et du procès en destitution de l’ex-président Bill Clinton.
Comment va se dérouler le procès ?
Première étape ce mardi : fixer les règles. Les sénateurs vont décider du temps alloué aux présentations de l’accusation et de la défense, déterminer la durée des questions posées ensuite par les sénateurs. Ils devront aussi se prononcer sur un point essentiel : y aura-t-il ou non des témoins cités à comparaître ? Les démocrates souhaitent interroger de proches conseillers du président, ce que Donald Trump leur avait refusé lors de l’enquête menée par la Chambre des représentants, rappelle Corentin Sellin, spécialiste des États-Unis.
S’il n’y a pas de témoins, poursuit Corentin Sellin, le procès devrait être très court et être bouclé en deux semaines. Si des personnes sont appelées à témoigner, le processus pourrait durer environ un mois. Pour Bill Clinton, le procès avait duré cinq semaines, et trois mois pour Andrew Johnson au XIXe siècle. Donald Trump a lui-même prédit la semaine dernière que tout serait « très vite » bouclé. Le chef des républicains au Sénat, Mitch McConnell, semble sur la même longueur d’onde. Un procès court permettrait au président de célébrer son acquittement lors de son discours annuel sur l’État de l’Union prévu le 4 février.
Donald Trump peut-il être destitué ?
Pour le vote des règles qui encadreront ce procès, comme pour le vote final, le rapport de force au Sénat est défavorable aux démocrates. La majorité des deux tiers, soit 67 sénateurs, est indispensable pour destituer un président. Les démocrates n’ont que 47 élus au Sénat : il leur faudrait donc convaincre 20 sénateurs républicains de retourner leur veste. Hypothèse très peu probable.
Pourquoi les démocrates lancent-ils une procédure perdue d’avance ?
En pleine campagne pour la présidentielle, les démocrates cherchent à mobiliser leur électorat et présenter Donald Trump sous un mauvais jour. C’est d’ailleurs ce que leur reproche la défense du président. Elle les accuse de vouloir interférer dans l’élection du 3 novembre. À qui profitera la procédure ? Pour l’instant, la cote de popularité du président reste stable.
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