Le Parlement irakien a réclamé ce dimanche 5 janvier au gouvernement l’expulsion de la coalition internationale du pays, deux jours après la mort du général iranien Qassem Soleimani dans une frappe de drone américain à Bagdad.

La décision, historique, a été adoptée en présence du Premier ministre démissionnaire Adel Abdel Mahdi. Dans un long discours préliminaire, celui-ci a encouragé les parlementaires à voter en faveur du départ des forces étrangères. Qualifiant la mort de Qassem Soleimani et d’Abou Mehdi al-Mouhandis d’« assassinat politique », le chef du gouvernement irakien a estimé qu’il ne laissait que deux choix : « appeler les troupes étrangères à partir immédiatement ou revoir leur mandat par un processus parlementaire ». 

La séance extraordinaire, retransmise en direct à la télévision d’Etat, a été conduite par les blocs majoritaires au Parlement : le bloc Binaa, dirigé par Hadi al-Ameri, très proche de Téhéran, et par le bloc Islah, dirigé par le nationaliste chiite Moqtada Sadr, qui avait qualifié l’attaque américaine d’une violation grave de la souveraineté irakienne. 

La décision, lue par le chef du Parlement Mohammed al-Halboussi, « contraint le gouvernement à préserver la souveraineté du pays en retirant sa demande d’aide » adressée à la communauté internationale pour combattre le groupe État islamique – et donc à retirer son invitation à la coalition internationale. Dans le brouhaha, alors que certains des 168 députés présents – sur 329 – réclamaient un vote, Mohammed al-Halboussi a annoncé : « Décision adoptée ! » avant de se retirer.

Donald Trump n’a pas tardé à réagir en menacant l’Irak de « très fortes » sanctions si les troupes américaines étaient contraintes de quitter le pays. « S’ils nous demandent effectivement de partir, si nous ne le faisons pas sur une base très amicale, nous leur imposerons des sanctions comme ils n’en ont jamais vu auparavant », a déclaré le président américain à bord d’Air Force One.

Troupes américaines en Irak

Il y a actuellement un peu plus de 5000 soldats américains en Irak. En 2011, Washington avait retiré l’ensemble de ses forces dans ce pays mais c’est la montée en puissance du groupe Etat Islamique qui a poussé les dirigeants de Bagdad en 2014 à demander officiellement un soutien international et principalement américain pour lutter contre les jihadistes qui ont fini par être chassés de tout le territoire.

Désormais c’est la montée de tension entre Washington et Téhéran qui remet en cause la présence des forces américaines en Irak. Et il y a là une contradiction américaine puisque l’administration Trump entend exercer une pression maximale sur l’Iran ce qui implique l’emploi de la force, on l’a vu ces derniers jours en Irak, alors que Donald Trump martèle depuis des années qu’il veut retirer les troupes américaines de cette région…

Multiplication des menaces

La décision du Parlement était très attendue. Elle intervient deux jours après la frappe de drone américain qui a pulvérisé les deux véhicules à bord desquels se trouvaient le puissant général iranien Qassem Soleimani et le numéro deux des paramilitaires pro-Iran en Irak, Abou Mehdi al-Mouhandis. Depuis, la multiplication des menaces de part et d’autre font craindre une déflagration.