Le général Qassem Soleimani, à la tête de la force Al Qods, unité d’élite des Gardiens de la révolution iraniens, et Abou Mahdi al Mouhandis, commandant d’une milice irakienne, ont été tués dans une frappe contre leur convoi à l’aéroport de Bagdad.
Le Pentagone a confirmé que les États-Unis ont mené une frappe aérienne dans laquelle le général Qassem Soleimani a été tué, disant vouloir ainsi dissuader l’Iran de tout projet d’attaque. Ce bombardement avait lieu trois jours seulement après les heurts survenus aux abords de l’ambassade américaine à Bagdad prise d’assaut par des milliers de manifestants irakiens pro-Iran.
« Sur ordre du président, l’armée américaine a pris des mesures défensives décisives pour protéger le personnel américain à l’étranger en tuant Qassem Soleimani », a indiqué le ministère américain de la Défense dans un communiqué. Le communiqué du département de la défense précise : « Il développait des plans pour attaquer des diplomates et des soldats américains dans la région ».
Au moins huit personnes auraient été tuées en plus du général iranien Qassem Soleimani. Abou Mahdi al Mouhandis, le numéro deux du Hachd al-Chaabi, coalition paramilitaireintégrée aux forces de sécurité irakiennes a été également tué.
Appel à la vengeance de l’ayatollah Khamenei
Les Gardiens de la révolution iraniens ont confirmé la mort du général Qassem Soleimani. « Les Gardiens de la révolution annoncent que le glorieux commandeur de l’Islam, Haj Qassem Soleimani, au terme d’une vie de servitude, est mort en martyr dans une attaque de l’Amérique contre l’aéroport de Bagdad ce matin », ont-ils indiqué dans une déclaration lue à la télévision d’État iranienne.
Le communiqué des Gardiens de la révolution indique qu’en plus des proches du général Soleimani et de ce dernier, des commandants du groupe irakien Hash al-Chabi ont été tués dans le bombardement du convoi par des hélicoptères américains.
Le général Soleimani était très proche du guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, qui déclare qu’une terrible vengeance attend les « criminels » ayant assassiné Soleimani. Il y a déjà deux jours, il avait prévenu que l’Iran répondrait avec force à toute attaque américaine contre les intérêts iraniens. Suite à cette mort, l’ayatollah a décrété trois jours de deuil national.
Une figure des forces iraniennes
Le général Soleimani était une figure des forces iraniennes, aussi bien dans son pays qu’à l’étranger. Il dirigeait les opérations extérieures du corps des Gardiens de la révolution, principalement en Syrie et en Irak, et avait un rôle majeur dans l’influence grandissante de l’Iran au Moyen-Orient.
Il a été notamment l’artisan du soutien de l’Iran au régime du président syrien Bachar al-Assad, indique notre correspondant à Téhéran,Siavosh Ghazi. Il a également joué un rôle direct dans la création des milices irakiennes qui ont combattu le groupe Daech. Il a aussi été très actif dans le soutien de l’Iran au Hezbollah libanais.
L’attaque a été menée par des hélicoptères américains, a affirmé la chaîne de télévision, qui a disposé un ruban noir sur les écrans et montré des photos du général Soleimani priant et souriant.
Démocrates inquiets, républicains satisfaits
Le président des États-Unis a tweeté l’image d’un drapeau américain, sans le moindre commentaire, peu après l’annonce de la mort du général Qassem Soleimani à Bagdad.
Plusieurs sénateurs républicains sont montés au créneau pour se féliciter de cette attaque. Marco Rubio, sénateur de Floride, ou encore Lindsay Graham, un proche du président, remercie Trump de la mort « d’un des membres les plus vicieux et sans pitié du régime des Ayatollahs ».
Mais côté démocrate plusieurs candidats à l’investiture soulignent un risque majeur d’escalade. Tous reconnaissent que Qassem Soleimani avait du sang américain sur les mains et personne ne pleure sa mort, mais l’inquiétude domine. « Le président Trump vient de jeter un bâton de dynamite dans une poudrière » écrit l’ancien vice-président et candidat à l’investiture démocrate à la présidentielle, Joe Biden. « Cette administration, ajoute-t-il,n’a jamais montré de discipline ou la nécessaire vision à long terme. ». Elizabeth Warren, une autre candidate à l’investiture souligne aussi le risque d’escalade : « Cela augmente la probabilité d’un nouveau conflit au Proche-Orient » écrit la sénatrice du Massachussetts
Cory Booker, sénateur du New Jersey et aussi candidat à l’investiture du parti, s’inquiète aussi des conséquences de cette attaque : « Beaucoup de questions sont sans réponse. Ce n’est pas une décision qui doit être prise de manière impulsive, elle doit être intégrée dans une vision stratégique plus large, et en comprenant ce que pourraient être les conséquences. Avant d’assassiner une personne qui a un rôle aussi prépondérant en Iran il faut être sûr qu’on est préparés à ce que cela peut entraîner. Donc je suis très inquiet à ce sujet. »
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