Selon l’ONG OVD-Info, plus de 800 personnes, dont des journalistes, ont été interpellées samedi à Moscou lors d’une manifestation de l’opposition.

Les autorités russes ont fait monter d’un cran la pression sur l’opposition, en réprimant samedi une nouvelle manifestation pour des élections libres à Moscou et en lançant une enquête pour “blanchiment” contre l’organisation du principal opposant au Kremlin. Selon l’ONG OVD-Info, spécialisée dans le suivi des arrestations, et la police, 828 personnes ont été interpellées lors de cette manifestation non autorisée, qui réclamait l’ouverture des élections locales du 8 septembre à Moscou aux candidats de l’opposition

Une manifestation non autorisée

Selon la police, 1.500 personnes ont participé au rassemblement. Selon des journalistes de l’AFP, qui ont assisté à des dizaines d’interpellations, le nombre des manifestants était plus élevé.

La manifestation, qui n’a pas été autorisée par les autorités, se déroulait sans leader puisque la quasi totalité des meneurs de la contestation ont été emprisonnés depuis les protestations du weekend dernier. Dernière opposante d’envergure encore en liberté, Lioubov Sobol, une avocate de 31 ans, a été interpellée quelques minutes avant le début de la manifestation. “Les autorités font tout ce qu’elles peuvent pour essayer d’intimider l’opposition, pour s’assurer que les gens ne sortent pas dans la rue pour protester pacifiquement”, a-t-elle déclaré avant son arrestation. En grève de la faim depuis trois semaines, elle a jusqu’ici échappé à la prison du fait qu’elle a un enfant en bas âge.

Navalny visé par une enquête

Resserrant l’étau autour du principal opposant au Kremlin, Alexeï Navalny, la justice russe a annoncé samedi l’ouverture d’une enquête pour “blanchiment” contre son organisation, le Fonds de lutte contre la corruption, à l’origine de nombreuses enquêtes sur le train de vie et les combines des élites. Dans sa dernière enquête diffusée jeudi, Alexeï Navalny a accusé l’adjointe du maire de Moscou Natalia Sergounina d’avoir détourné des milliards de roubles d’argent public dans la gestion du parc immobilier de la mairie. Absent des dernières manifestations, Alexeï Navalny purge actuellement une peine de 30 jours de prison. Hospitalisé le week-end dernier pour une “grave réaction allergique” avant d’être renvoyé en cellule, il a saisi la justice pour un possible “empoisonnement”.

La plupart de ses alliés et des autres meneurs de la contestation ont eux aussi écopé de courtes peines de détention, comme plusieurs candidats de l’opposition refoulés des élections locales de septembre tels qu’Ilia Iachine, Ivan Jdanov et Dmitri Goudkov. La justice a également inculpé plusieurs personnes dans le cadre d’une enquête pour “troubles massifs”, une accusation lourde qui fait planer la menace de peines allant jusqu’à 15 ans de prison. Cinq d’entre elles, dont des avocats travaillant pour des ONG de défense des droits civiques, ont été placés en détention provisoire vendredi dans l’attente de leurs procès.

États-Unis : 20 morts dans une fusillade au Texas, le tireur arrêté

Une fusillade a eu lieu samedi dans une zone commerciale texane à El Paso faisant 20 morts et 26 blessées, selon les autorités. Le tireur a été interpellé et placé en gare à vue. 

Un tireur a semé la mort samedi dans une zone commerciale d’El Paso, dans le sud des Etats-Unis, où il a abattu 20 personnes venues faire leurs courses en ce premier jour de week-end, avant d’être interpellé et placé en garde à vue par la police qui soupçonne un crime à caractère raciste.

26 blessés

La fusillade, survenue aux abords d’un hypermarché Walmart prisé de la communauté hispanique, a également fait 26 blessés, dont certains se trouvaient dans la soirée dans un état critique. La police a placé en garde à vue un homme blanc de 21 ans et enquête sur un possible motif “haineux”, ce qui aux Etats-Unis désigne les attaques motivées par l’origine, la religion, ou encore l’orientation sexuelle des victimes. Un manifeste, attribué au tireur, circule sur internet. Ce texte dénonce notamment “une invasion hispanique du Texas” et fait référence à la tuerie commise par un suprémaciste blanc dans des mosquées de Christchurch en Nouvelle-Zélande qui avait fait 51 morts, le 15 mars dernier.

Trois Mexicains ont été tués dans la fusillade qui a semé la panique dans la zone commerciale, et la consternation aux Etats-Unis. Le président Donald Trump, qui a suivi la situation depuis sa résidence du New Jersey, a dénoncé une fusillade “tragique” et “un acte lâche”.  “Il n’y aura jamais de raisons ou excuses pour justifier le meurtre de personnes innocentes”, a-t-il encore tweeté, en adressant ses “prières et pensées” à la population du Texas.

Un fusil AK-47

D’après certains médias, le tireur s’appelle Patrick Crusius et est originaire des environs de Dallas. Sur une capture d’écran de caméra de surveillance, mise en ligne par la chaîne locale KTSM, on le voit entrer dans l’hypermarché armé d’un fusil, les oreilles couvertes d’un casque anti-bruit. Le magasin venait de mettre en vente des fournitures scolaires avant la rentrée. Selon la police, entre 1.000 et 3.000 clients s’y pressaient pour faire leurs courses au moment du drame.

Vanessa Saenz, 37 ans, en faisait partie. Elle a expliqué sur Fox News avoir entendu “comme des feux d’artifices” alors qu’elle cherchait une place de parking. “J’ai vu un homme avec un T-shirt noir et un pantalon de camouflage qui portait ce qui m’a semblé être un fusil. Il visait les gens et tirait directement sur eux. J’en ai vu trois ou quatre tomber à terre”, a-t-elle raconté. Des vidéos amateurs montraient des scènes de chaos, avec des clients qui courent pour se mettre à l’abri, et des corps inanimés au sol.

Robert Curado a expliqué au journal El Paso Times s’être caché avec sa mère entre deux distributeurs à l’entrée du Walmart. “L’homme a essayé de me tirer de dessus mais il m’a raté car j’ai plongé”, a-t-il raconté en assurant avoir reconnu un fusil d’assaut AK-47.

Près d’un supermarché Walmart

Une fois le tireur arrêté, les clients sont peu à peu sortis de leurs cachettes, les mains en l’air pour éviter toute méprise. Les forces de l’ordre ont ensuite ratissé les commerces pour s’assurer qu’il n’y avait pas un autre tueur. “Cette journée, qui aurait dû être normale pour des gens venus faire du shopping, s’est transformée en l’une des plus meurtrières de l’histoire du Texas”, a regretté le gouverneur de cet immense Etat, Greg Abbott. “Vingt innocents ont perdu la vie”, a-t-il ajouté lors d’une conférence de presse, en appelant la population d’El Paso à “se réunir”, toutes origines confondues, pour surmonter cette “catastrophe”.

Plusieurs fusillades ces derniers jours

La tuerie d’El Paso est la 249e depuis le début de l’année ayant touché quatre personnes ou plus, selon l’ONG Gun violence archives. Les États-Unis sont régulièrement endeuillés par des fusillades, mardi deux personnes ont été tuées et un policier blessé dans un supermarché de la chaîne Walmart dans le Mississippi. Dimanche, trois personnes, dont un garçon de six ans, ont été tuées lorsqu’un tireur de 19 ans a ouvert le feu lors d’un festival de gastronomie à Gilroy en Californie, au sud de San Francisco.