Plus de mille manifestants venus réclamer des élections locales libres ont été arrêtés par la police russe, samedi 27 juillet à Moscou, a rapporté le mouvement OVD-Info, qui répertorie les
arrestations politiques. Des milliers de personnes participaient à un rassemblement non autorisé devant la mairie de la capitale russe.
Mobilisées en grand nombre, les forces de l’ordre ont arrêté massivement les protestataires qui affluaient sur la principale avenue de Moscou, criant “Poutine, démission” ou “Nous voulons des élections libres” et les ont repoussés manu militari hors vers les ruelles alentour.
“1 074 personnes ont été arrêtées pour des infractions diverses au cours d’une manifestation non autorisée dans le centre de la capitale”, a déclaré la police de Moscou, citée par les agences de presse russes.
Plusieurs arrestations étaient violentes, une manifestante ayant notamment été blessée à la tête, selon le journaliste de l’AFP.
“J’ai eu peur toute ma vie, mais maintenant cela suffit. Si nous restons chez nous à la maison, rien ne changera”, a déclaré à Elena Rastovka, une retraitée de 68 ans.
Avec des interpellations, interrogatoires et perquisitions visant toute la semaine les figures de l’opposition russe, les autorités avaient clairement montré qu’elles répondraient fermement à la montée de la contestation ces dernières semaines.
“La dernière fois que j’ai vu autant de pression, des arrestations et des perquisitions, c’était pendant les manifestations de 2012”, a estimé Alexeï Sprijitski, 42 ans.
Les protestataires dénoncent le rejet des candidatures indépendantes lors des élections locales du 8 septembre, qui s’annoncent difficiles pour les candidats soutenant le pouvoir dans un contexte de grogne sociale. Le samedi précédent, ils étaient plus de 20 000 à avoir répondu à l’appel de l’opposition lors d’une manifestation autorisée.
“Intimider l’opposition”
Avant même le rassemblement, plusieurs figures de l’opposition ont été arrêtées au fil de la matinée. Parmi elles, Ilia Iachine, Lioubov Sobol ou Dmitri Goudkov, qui avait affirmé vendredi que l’enjeu dépassait les élections locales. “Il s’agit de savoir si, dans la Russie d’aujourd’hui, il est possible de faire légalement de la politique”, avait-il déclaré.
Les domiciles et permanences de plusieurs candidats exclus avaient été perquisitionnés par avance et, mercredi, l’opposant numéro un au Kremlin, Alexeï Navalny, avait été renvoyé en prison 30 jours pour des infractions “aux règles des manifestations”.
Redoutant une “répression massive à venir”, l’ONG Amnesty International a, elle, critiqué une “tentative ouverte et sans gêne des autorités russes pour intimider l’opposition”.
“L’option de la force”
L’enregistrement d’une soixantaine de candidats aux élections du Parlement de Moscou a été rejeté, officiellement en raison de vices dans la collecte des signatures nécessaires pour se présenter.
Malgré de grands projets de modernisation et l’amélioration de la qualité de vie, la mégapole de 12 millions d’habitants demeure plus favorable à l’opposition que le reste du pays.
“L’option de la force, visiblement, a été choisie car considérée comme plus efficace”, soutient le politologue Andreï Kolesnikov, cité par le quotidien Vedomosti. “C’est assez logique, car si on regarde en arrière, depuis 2012, le pouvoir a seulement évolué vers la répression”.
Avec AFP et Reuters
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