Boris Johnson succède à Theresa May comme chef du Parti conservateur, et devient du même coup le nouveau Premier ministre du Royaume-Uni. Une accession au pouvoir qui suscite beaucoup de craintes.

Il ne laisse personne indifférent et pour cause. Boris Johnson sait faire parler de lui. Au cours de son dernier meeting de campagne, il a sorti de sa poche un hareng fumé pour dénoncer l’absurdité d’une règlementation européenne, son dada. Dépenaillé, hirsute, à vélo ou suspendu à une nacelle juste avant l’inauguration de JO de Londres, il amuse les Britanniques.

Jeune journaliste, il se faisait déjà remarquer en posant des questions en latin quand le français était de rigueur à Bruxelles. Il est sans aucun doute l’homme politique le plus populaire en Angleterre.

Ses excès de langage et de comportement

Il peut aussi être grossier. Récemment, Boris Johnson a été enregistré par ses voisins lors d’un violent échange avec sa compagne. Quand il était maire de Londres, énervé par un chauffeur de taxi qui ne comprenait pas l’intérêt des pistes cyclables, il lui a dit : « Va te faire foutre et crève, et pas forcément dans cet ordre ».

Il peut être également misogyne quand il prétend que « les filles vont à l’université pour se trouver un mari ». En campagne pour les législatives de 2001, il n’avait pas hésité à déclarer : « Votre femme aura de plus gros seins et vous augmenterez vos chances d’avoir une BMW si vous votez pour moi. » Le vote n’était pas garanti, mais le fou rire assuré.

Son humour consiste le plus souvent à se moquer de ses adversaires, mais aussi de lui-même : ses gaffes, ses mensonges, son dilettantisme, il assume tout sauf sa tumultueuse vie privée. Sa dernière scène de ménage n’a pas eu un effet très positif dans l’opinion. Boris Johnson s’est marié deux fois et ce sera bien le seul Premier ministre britannique dont on ne connaît pas précisément le nombre d’enfants, cinq ou six dont un ou deux hors mariage.

Une carrière basée sur des mensonges

Né à New York en 1964, bénéficiant de la double nationalité américaine et britannique, Alexander Boris de Pfeffel Johnson fait partie de l’élite britannique. Il a vécu à Bruxelles ou son père était en poste et a fait ses études à Oxford.

Sa carrière est bâtie sur des excentricités et des mensonges, mais il est également intelligent et bien éduqué. Journaliste au Times, il est viré pour avoir inventé une citation, il devient correspondant du Daily Telegraph à Bruxelles et fait de ceux qu’il appelle des bureaucrates sa cible préférée. En bon libéral, il déteste les règles et les normes et ne cesse de se moquer de celles qui sont mises en place pour protéger les consommateurs, quitte à les inventer comme une édifiante et fausse police de la banane mise en place par l’Union européenne.

Quand il quitte le journalisme pour se lancer en politique, il met son talent au service des europhobes, influençant les électeurs du Parti conservateur au point qu’une bonne partie d’entre eux a voté aux élections européennes encore plus à droite, pour le Brexit Party de Nigel Farage.

Élu député conservateur en 2001, il devient maire de Londres en 2008, et malgré ses frasques, il remporte un deuxième mandat en 2012.

Pendant la campagne référendaire de 2016, Boris Johnson est l’un des leaders de la campagne en faveur du Brexit. Il promet de donner les 350 millions de livres que coûte l’Union européenne au Royaume-Uni au NHS, le système de santé britannique. Tout est faux y compris le chiffre de 350 millions de livres. Il le reconnaît dès le lendemain de la victoire.

Nommé ministre des Affaires étrangères par Theresa May, il se met à dos les dirigeants européens à coup de gaffes et de méconnaissance des dossiers avant de claquer la porte du gouvernement.

Présenté au cours de la campagne comme le seul conservateur capable de terrasser Jeremy Corbyn, le leader travailliste, son discours enthousiasme les militants les plus radicaux du Parti conservateur. Ses militants, en majorité des hommes blancs et aisés, sont ravis quand il envisage de réduire les impôts pour les plus riches ou de quitter l’Union européenne sans accord et sans respecter ses obligations financières. Il a le soutien de Donald Trump et du nationaliste hongrois Viktor Orban. Barack Obama dit de lui qu’il est le « Trump britannique ».

Un Premier ministre imprévisible

Parfois traité de « bouffon » ou de « girouette », il change d’avis souvent, rien ne l’engage. Il s’est vanté d’avoir écrit deux tribunes avant de se jeter dans la campagne de 2016, l’une pro-européenne, l’autre en faveur du Brexit. En juin 2016, au lendemain de la victoire de la campagne en faveur du Brexit qu’il avait menée, il s’éclipse tout un week-end et se fait dégommer par son allié Michael Gove qui décrète qu’il n’est pas capable d’être Premier ministre.

Il lui faut désormais affronter la vraie vie, c’est-à-dire la Chambre des députés et l’opinion publique. Boris Johnson jure que le Royaume-Uni sera sorti de l’UE d’ici au 31 octobre, même sans accord avec Bruxelles. La catastrophe économique annoncée ne lui fait pas peur. Il promet avec son compère Jacob Rees Moog un rebond économique aux Britanniques. C’est vrai qu’ils se disent prêts à faire 40 milliards d’euros d’économie en ne réglant pas leur facture à l’Union européenne. Des déclarations embarrassantes pour leur propre camp surtout.

Voilà ce qu’en dit le chancelier de l’échiquier Philipp Hammond en charge des finances du royaume :  « Le Royaume-Uni est un pays qui honore ses obligations donc je ne recommanderai à aucun de mes collègues de menacer de ne pas payer les sommes que nous avons l’obligation de payer. »

Renier les engagements britanniques entacherait durablement la crédibilité de la cinquième économie mondiale.

Le rêve des hard-brexiters est de mettre à bas toutes les réglementations sociales, fiscales et environnementales pour faire du Royaume-Uni ou de ce qu’il en restera une sorte d’eldorado aux portes de l’Union européenne.

L’indemnisation des victimes du 11-Septembre en voie d’être prolongée

Le projet de loi visant à étendre jusqu’en 2090 le mandat du fonds d’indemnisation des victimes des attentats du 11 septembre 2001 a recueilli 97 voix pour et 2 contre. Il doit encore être ratifié par Donald Trump.

Le Sénat américain a approuvé mardi à la quasi-unanimité la prolongation du fonds d’indemnisation des victimes des attentats du 11 septembre 2001, dont de nombreux pompiers, policiers et autres secouristes tombés malades après avoir participé aux opérations de recherche et de déblaiement à New York.

Un projet de loi visant à étendre jusqu’en 2090 le mandat du “Victim Compensation Fund” a recueilli 97 voix pour et 2 contre. Déjà approuvé par la Chambre des représentants, il doit encore être ratifié par le président Donald Trump.  Sa signature, attendue, refermera un chapitre douloureux pour les rescapés du 11-Septembre et les proches de victimes, contraints de venir régulièrement réclamer au Congrès le renouvellement du fonds d’indemnisation, sur le point de se tarir.

Une mesure qui réunit démocrates et républicains

La cause avait notamment été défendue par l’ancien animateur vedette du Daily ShowJon Stewart, qui avait livré en juin, accompagné de secouristes, un poignant plaidoyer face aux parlementaires américains. “Le Congrès ne pourra jamais réparer les sacrifices de ces hommes, de ces femmes et de leurs familles. Mais nous pouvons jouer modestement notre rôle pour dédommager nos héros”, a déclaré le chef de la majorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell.

Son pendant démocrate Chuck Schumer, élu de New York, a accueilli de son côté le vote de la chambre haute comme “un soulagement” pour les victimes collatérales des attentats du 11-Septembre. “Je remercie le Congrès d’avoir reconnu la bravoure et les sacrifices des 200 pompiers de New-York morts depuis le 11-Septembre, et des milliers d’autres qui luttent toujours aujourd’hui contre la maladie”, a réagi dans un communiqué Daniel Nigro, chef des pompiers de New York.

Les attentats du 11-Septembre ont fait directement près de 3.000 morts – pour la plupart à Manhattan dans l’effondrement des tours jumelles du World Trade Center – et plus de 6.000 blessés. Mais des milliers d’autres personnes ont ensuite souffert de maladies, notamment de cancers, parfois liés aux fumées toxiques qui ont recouvert le quartier de Wall Street plusieurs semaines après les attentats.