Agence France-Presse

| Publié le 21 juin 2019 à 20:55 – Mis à jour le 21 juin 2019 à 20:59

Au moins 26 personnes ont été tuées dans un bidonville de Port-au-Prince lors d’un massacre perpétré en novembre 2018 par des gangs, avec la présence présumée d’un représentant du pouvoir exécutif et de plusieurs policiers, indique un rapport de l’ONU publié vendredi.

Ce document de vingt pages précise que les personnes tuées avaient entre dix mois et 72 ans et que douze autres sont portées disparues, tandis qu’au moins deux viols collectifs ont été signalés lors d’attaques menées les 13 et 14 novembre 2018 à La Saline.

Quelque 5000 personnes vivent dans ce quartier très pauvre du centre-ville de la capitale, sous la menace depuis des années d’affrontements fréquents entre gangs voulant contrôler l’un des plus grands marchés de Port-au-Prince.

Mais «les témoignages recueillis permettent de penser que le nombre de victimes (…) pourrait être plus élevé», souligne le rapport de la mission des Nations unies en Haïti (Minujusth) et du Haut commissariat aux droits de l’homme.

Des organisations haïtiennes de défense des droits humains ont établi un bilan de 71 morts et onze viols collectifs.

Par ailleurs, des victimes et leurs proches «ont identifié la présence à La Saline du délégué départemental de l’Ouest Richard Duplan et de trois policiers» de la police nationale de Haïti (PNH).

Alors que les bandes armées perpétraient encore meurtres et viols collectifs dans l’après-midi du 13 novembre, des témoins ont rapporté que M. Duplan s’était rendu sur place et avait indiqué aux agresseurs: «Vous avez tué trop de personnes, ce n’était pas ça votre mission».

Parmi ces agresseurs, des victimes ont identifié au moins deux policiers ayant fait auparavant l’objet d’une enquête de l’inspection générale, précise le rapport onusien.

Des accusations à l’encontre de M. Duplan et des policiers jugées préoccupantes par les Nations unies, qui déplorent également l’inaction des forces de l’ordre alors que l’attaque a duré plus de quatorze heures.

«Le sous-commissariat de La Saline se trouve sur le boulevard faisant face au quartier et les agents de la PNH entendaient les cris des résidents», relève le rapport.

Les membres des cinq gangs impliqués ont donc eu le temps de se débarrasser des preuves, selon leur mode opératoire habituel: les corps «ont été mutilés, brûlés et abandonnés dans une décharge publique à la merci des animaux».

Dans ce rapport transmis aux autorités haïtiennes, l’ONU leur recommande d’enquêter sur les violences et sur la complicité présumée de représentants de l’État et de policiers.