Le gouvernement haïtien a fermement nié lundi avoir enrôlé des mercenaires, démentant des rumeurs nées après l’arrestation la veille à Port-au-Prince de sept étrangers et d’un Haïtien en possession d’armes de guerre.
«Le pouvoir exécutif ne saurait engager des mercenaires pour venir terroriser une population par laquelle nous avons été mandatés et que nous avons la responsabilité de servir», a déclaré le secrétaire d’État à la Communication, Eddy Jackson Alexis.
«À quoi bon engager des mercenaires ? La justice va établir ce qui s’est passé et va dire pourquoi ces hommes étaient aussi armés», a-t-il ajouté.
Cinq Américains, un Serbe, un Russe et un Haïtien ont été arrêtés dimanche soir par la police nationale d’Haïti (PNH) dans le centre-ville de Port-au-Prince en possession d’un arsenal d’armes automatiques.
Six fusils d’assaut, six pistolets, quantité de cartouches, cinq gilets pare-balles, deux drones professionnels, du matériel de télécommunication, plusieurs plaques d’immatriculation haïtiennes et deux véhicules ont été saisis par la police à cette occasion.
«Le premier chef d’accusation contre eux est détention illégale d’armes et le deuxième est association de malfaiteurs», a précisé dimanche la police.
Ces arrestations ont fait naître nombre de rumeurs, alors qu’Haïti traverse une période de forte instabilité. Le pays est plongé dans une crise socio-politique profonde qui a jeté dans la rue les plus mécontents.
«Voir un tel arsenal entre les mains d’étrangers, des hommes qui n’ont pas d’autorisation pour circuler avec des armes aussi lourdes, cela soulève certainement des inquiétudes», a reconnu Eddy Jackson Alexis.
Le Conseil supérieur de la police nationale (CSPN), présidé par le premier ministre et réunissant entre autres le directeur de la PNH et les ministres de l’Intérieur et de la Justice, s’est réuni pendant plusieurs heures lundi.
Lundi soir, le chef du gouvernement Jean-Henry Céant a confirmé, via son compte Twitter, que le dossier était entre les mains de la police judiciaire.
Depuis le 7 février, l’opposition a organisé des dizaines de manifestations à travers les principales villes du pays pour réclamer la démission du président Jovenel Moïse.
Au moins sept personnes ont été tuées en marge de ces mobilisations populaires, qui ont causé d’importants dégâts matériels.
Des ressortissants étrangers arrêtés en Haïti
Agence France-Presse | Publié le 18 février 2019 à 06:14 – Mis à jour le 18 février 2019 à 06:19
Plusieurs ressortissants étrangers et un Haïtien, arrêtés dimanche soir dans le centre de Port-au-Prince en possession d’un arsenal d’armes automatiques, ont été inculpés «d’association de malfaiteurs», a indiqué à l’AFP la police nationale d’Haïti.
«Le groupe de huit hommes compte cinq citoyens américains, un Serbe, un Russe et un Haïtien. Le premier chef d’accusation contre eux est détention illégale d’armes et le deuxième est association de malfaiteurs», a précisé la police.
Le groupe a été arrêté dans la soirée à un point de contrôle policier à proximité de la banque centrale haïtienne.
Six fusils d’assaut, six pistolets, quantité de cartouches, cinq gilets pare-balles, deux drones professionnels, du matériel de télécommunication, plusieurs plaques d’immatriculation haïtiennes et deux véhicules ont été saisis par la police à cette occasion.
«La direction centrale de la police judiciaire va les prendre en charge pour approfondir les interrogatoires», a affirmé la police, sans donner d’indications sur les motivations du groupe arrêté.
Haïti traverse une période de forte instabilité, plongé dans une crise socio-politique profonde qui a jeté dans la rue les plus mécontents.
Depuis le 7 février, l’opposition a organisé des dizaines de manifestations à travers les principales villes du pays pour réclamer la démission du président Jovenel Moïse.
Au pouvoir depuis deux ans, il rejette tout départ ou idée de céder le pouvoir à un régime de transition.
«Nous avons déjà connu une série de gouvernements de transition qui ont donné un paquet de catastrophes et de désordres», avait déclaré le chef de l’État jeudi lors d’une allocution télévisée, après être resté muet pendant une semaine.
Au moins sept personnes ont été tuées en marge de ces mobilisations populaires, qui ont causé d’importants dégâts matériels.
Les violences et nombreuses barricades bloquant les axes majeurs de circulation ont paralysé l’activité économique ces dix derniers jours dans la capitale.
Haïti : Arrestation d’étrangers en possession d’un arsenal d’armes automatiques.
Plusieurs ressortissants étrangers et un Haïtien, arrêtés dimanche soir dans le centre de Port-au-Prince en possession d’un arsenal d’armes automatiques, ont été inculpés “d’association de malfaiteurs” selon la police nationale d’Haïti.
“Le groupe de huit hommes compte cinq citoyens américains, un Serbe, un Russe et un Haïtien. Le premier chef d’accusation contre eux est détention illégale d’armes et le deuxième est association de malfaiteurs”, a précisé la police. Le groupe a été arrêté dans la soirée à un point de contrôle policier à proximité de la banque centrale haïtienne.
Un arsenal
Six fusils d’assaut, six pistolets, quantité de cartouches, cinq gilets pare-balles, deux drones professionnels, du matériel de télécommunication, plusieurs plaques d’immatriculation haïtiennes et deux véhicules ont été saisis par la police à cette occasion.
“La direction centrale de la police judiciaire va les prendre en charge pour approfondir les interrogatoires”, a affirmé la police, sans donner d’indications sur les motivations du groupe arrêté.
Forte instabilité
Haïti traverse une période de forte instabilité, plongé dans une crise socio-politique profonde qui a jeté dans la rue les plus mécontents. Depuis le 7 février, l’opposition a organisé des dizaines de manifestations à travers les principales villes du pays pour réclamer la démission du président Jovenel Moïse. Au pouvoir depuis deux ans, il rejette tout départ ou idée de céder le pouvoir à un régime de transition.
Au moins sept victimes
“Nous avons déjà connu une série de gouvernements de transition qui ont donné un paquet de catastrophes et de désordres”, avait déclaré le chef de l’Etat jeudi lors d’une allocution télévisée, après être resté muet pendant une semaine. Au moins sept personnes ont été tuées en marge de ces mobilisations populaires, qui ont causé d’importants dégâts matériels. Les violences et nombreuses barricades bloquant les axes majeurs de circulation ont paralysé l’activité économique ces dix derniers jours dans la capitale.
Haïti : Des étrangers armés appréhendés par la Police nationale
7 étrangers et un haïtien ont été apprehendés par la Police Nationale d’Haïti (PNH) ce dimanche 17 février 2019 dans la soirée.
Lourdement armées, ces 8 personnes avaient en leur possession des armes automatiques, leur pièce d’identité, des plaques d’immatriculation haïtiennes, deux véhicules, ainsi que des moyens de communication que la PNH a automatiquement saisis.
D’après notre source, ces individus ont été emmenés par les autorités policières au Commissariat de Port-au-Prince ainsi que les différentes pièces à conviction qu’ils avaient en leur possession.
En attendant de plus amples informations sur l’affaire par les porte-paroles de la Police Nationale d’Haïti, on ne fait que constater que l’insécurité prend réellement de l’ampleur en Haïti ces jours-ci.
Espérons que tout ceci n’est pas un montage pour dévier les attentions !
Le Médiateur
Haiti Godson ORELUS: dossier des cargaisons d’armes à feu
Une enquête judiciaire internationale est réalisée sur le dossier des cargaisons d’armes à feu retrouvées dans le parking de la douane de St-Marc en septembre 2016.
Dans le but d’identifier des personnes impliquées dans l’affaire de trafic d’armes à feu en septembre 2016 dans la ville de Saint-Marc, une enquête judiciaire internationale est réalisée par les autorités judiciaires Haïtiennes concernant le dossier qui est sous le feu des projecteurs depuis le 26 octobre 2018 suite à l’arrestation de Godson Aurelus l’ex directeur général de la police nationale d’Haïti.
Par ailleurs, l’ex ministre de la justice Junior Camille Édouard a été auditionné par le juge D’instruction de St-Marc Dieunel Lumérant qui devra en suite interroger à titre de témoins Himnler Rébu l’ex secrétaire d’état à la sécurité publique.
D’après ce qu’a révélé l’avocat de l’ex DG de la PNH le magistrat à fait d’état de pressions internationales dont il est l’objet. Ces pressions auraient poussé le juge à incarcéré M . Aurelus qui était auditionné à titre de témoins a expliqué maitre Eugène Pierre Louis.
Dans le cadre d’une investigation menée par les autorités judiciaires américaines, ils ont mis sous les verrous les frères Junior et Jimmy Joseph, principaux responsable de la compagnie Global Dynasty Corp.
Selon des sources proches du dossier, les autorités américaines sont à la recherche de 6 autres personnes impliquées dans l’affaire, car la compagnie Global Dynasty Corp ne disposait que d’un permis pour la vente d’armes sur le territoire américain.
Rappelons que le Magistrat enquête depuis deux ans sur le dossier de trafic d’armes des États-Unis vers Haïti.
Importation illégale d’armes : Réginald Delva inculpé…
Publié le 2018-11-14 | Le Nouvelliste
L’ex-ministre de l’Intérieur et des Collectivités territoriales sous l’administration de Michel Martelly, Réginald Delva, est « inculpé », comme l’ex-dg de la PNH Godson Orélus, de complicité de crime transnational, de trafic illicite d’armes à feu, de munitions et d’associations de malfaiteurs par le juge d’instruction Jean Wilner Morin, opérant sur la base d’une commission rogatoire du juge d’instruction de St-Marc, Dieunel Luméran, en charge du dossier d’arrivage illégal d’une cargaison d’armes et de munitions au port de St-Marc en 2016, a appris le journal de sources concordantes, mardi 13 novembre 2018.
L’inculpation a été signifiée aujourd’hui, a appris le journal. L’ex-directeur départemental de l’Ouest de la PNH, Vladimir Paraison, devrait lui aussi être inculpé. L’intéressé semble fuir la justice, ont expliqué nos sources. Un politicien, un sénateur de la République, est également dans le collimateur de la justice.
« Pas que de la justice haïtienne », a insisté une source qui n’écarte pas, « dans un avenir proche, des interventions au niveau du Sénat pour la levée de l’immunité de l’intéressé pour qu’il soit mis à la disposition de la justice dans cette affaire prise très au sérieux ».
L’ex-ministre de l’Intérieur, Réginald Delva, joint par le journal en début de soirée, a indiqué qu’il n’était pas à son bureau au moment où la secrétaire avait probablement reçu la signification de l’inculpation. M. Delva a indiqué avoir eu connaissance de l’information à travers un tweet du journaliste Gary Pierre-Paul Charles. L’ex-ministre de l’Intérieur a affirmé être « surpris », « choqué » d’apprendre qu’il a été inculpé sans avoir été auditionné une seule fois. Il dit s’exprimer de manière générale puisqu’il n’a pas de détails.
Si c’est le dossier qui concerne Godson Orélus, Réginald Delva a souligné avoir, en tant que ministre de l’Intérieur et des Collectivités territoriales, délivré une autorisation de fonctionnement à une compagnie de sécurité. Comme je l’ai fais pour une radio, a fait savoir l’inculpé, soulignant qu’il ne pense pas que l’on veuille l’effrayer et le faire regretter d’avoir servi le pays et le régime de Michel Martelly.
Le 5 juillet 2018, un tribunal du district Sud de la Floride a inculpé Junior Joël Joseph et Jimy Joseph, le président de Global Dynasty Corps SA, et d’autres personnes non citées pour avoir délibérement combiné et conspiré contre les États en exportant de manière illégale des armes et des munitions des États-Unis vers Haïti.
Autour du 20 juin 2016 et du 6 août 2016, l’inculpé Jimy Joseph, Junior Joseph et un complice « numéro 2 » ont chargé 159 shotsguns, 5 AR 15, 2 Glock semi-automatiques et des boîtes de munitions dans un camion de marque Mitsubishi à destination d’Haïti sur le navire Monarch Shipping Lines via le port de Palm Beach.
L’acte d’inculpation révèle l’existence d’échanges via WhatsApp entre Junior Joseph et un politicien haïtien identifié comme « Individu 1 »
. L’individu 1 a reçu la copie du document pour le transport du véhicule Mitsubishi. Autour du 18 août 2016, Junior Joseph a envoyé les mêmes documents à « l’individu 2 ».
Le jeudi 8 septembre 2016, au parking de la douane de St-Marc, la fouille d’un camion chargé d’objets usagés « pèpè » en provenance de Miami a permis aux autorités de découvrir une quantité importante d’armes, de munitions et d’autres équipements militaires. L’importateur est Charles Durand.
La marchandise venait de Miami. Le procès-verbal de constat dressé par la justice faisait état de la saisie de 150 fusils de calibre 12 ; 9 fusils de calibre 12 double canon ; 5 fusils M 4 ; 15 paires de menottes ; 10 paires de bottes ; 50 caisses de 50 unités de cartouches de calibre 38 ; 4 caisses de 1000 unités de cartouches 9 mm ; 10 caisses de 250 unités de cartouches de calibre 12 ; 7 étuis ; 50 boîtes de 50 cartouches 380 ; 2 boîtes de 250 cartouches 12 ; 7 chargeurs calibre 556 millimètres ;1 chargeur M14 ; 12 uniformes ( pantalon bleu, chemise noire) ; 5 gilets tactiques ; 1 pistolet Glock 9 mm BCB2761 et un chargeur sont parmi les objets trouvés.
Klétex Laguerre et Nomy Saul Bata sont les deux individus épinglés par les forces de l’ordre pour leur implication dans l’affaire de cargaison d’armes saisies au port de la ville de Saint-Marc (bas Artibonite), avait informé l’inspecteur de police Gary Desrosiers le mercredi 12 octobre 2017. Celui-ci était porte-parole adjoint de la police à cette époque.
Le journal est entré en contact avec Junior Joseph depuis les États-Unis où il vit. Il n’a pas encore répondu aux questions du journal.
L’impunité de l’homme Blanc en Haïti
par Emmanuel Dupont
Un autre point de vue
Le 17 juin 2005, lors de la Conférence internationale de Montréal sur Haïti, un militant a renversé de la gouache rouge sur les mains du ministre des Affaires internationales Pierre Pettigrew en lui assénant cette vérité bien sentie : « Vous mentez, le peuple haïtien se meurt et vous avez du sang sur les mains ! ».
Un incident similaire est survenu le 1er juillet alors que le même ministre tentait de parader dans les rues de Parc Extension.
Les médias, comme le ministre Pettigrew, balaient du revers de la main cette contestation en alléguant que ceux qui condamnent les actions du Canada en Haïti ne sont pas des Haïtiens, mais seulement des « Aristidiens ».
Malgré une vaste campagne de désinformation, de nombreux militants et militantes pour la paix et la justice continuent de penser que la destitution du président Aristide est un coup d’État savamment orchestré par les États-Unis avec l’appui de la France et du Canada.
Un long travail de sape
En avril 2001, lors du sommet des Amériques à Québec, les pourparlers officiels entourant la clause démocratique interaméricaine semblaient cibler spécifiquement le président haïtien. Ce n’était que le début d’un harcèlement diplomatique qui allait se solder par le renversement d’Aristide trois ans plus tard. En effet, le gouvernement canadien convoqua les 31 janvier et 1er février 2003, au Lac Meech, une table ronde de haut niveau sur la situation politique en Haïti réunissant des ministres français, de hauts fonctionnaires du Département d’État étatsunien, des représentants de l’Organisation des États Américains, de l’Union Européenne, du Salvador… mais aucun représentant d’Haïti !
Selon le journaliste Michel Vastel, qui s’est entretenu avec le secrétaire d’État canadien pour l’Amérique latine de l’époque, Denis Paradis, le renversement du gouvernement Aristide, le retour de l’armée haïtienne (dissoute par Aristide en 1995 à cause de sa longue tradition putschiste) et la création d’un protectorat auraient été évoqués lors de cette rencontre secrète appelée aussi Initiative d’Ottawa [1].
Des organisations non gouvernementales financées par le gouvernement fédéral ont emboîté le pas et se sont lancées elles aussi dans une campagne de salissage systématique contre l’administration Aristide et ce, sans aucun discernement ou enquête crédible. L’AQOCI, un regroupement d’ONG québécoises progressistes financées en partie par le gouvernement fédéral, alla même jusqu’à recommander en décembre 2003 la suppression de l’aide canadienne au régime Lavalas [2].
En 2004, des rebelles issus de l’ancienne armée haïtienne, réfugiés et entrainés en République Dominicaine avec le support des États-Unis, réussirent à rallier l’opposition haïtienne de droite [3]dans son projet de déstabiliser et renverser Aristide.
Les immenses contre-manifestations de soutien à la constitution haïtienne et au président Aristide (100 000 personnes le 7 février 2004) ont été occultées par les grands médias pour ne présenter qu’un seul côté de la médaille. Les soldats canadiens de la Deuxième force opérationnelle interarmées ont joué un rôle important dans le coup d’État en sécurisant l’aéroport de Port-au-Prince pendant qu’Aristide était exilé manu militari par les Marines.
Une Force multinationale d’intervention, composée des É.U., de la France et du Canada, renversa donc le 29 février 2004 un gouvernement élu et se réincarna trois mois plus tard en une mission onusienne, la MINUSTAH, la Mission des Nations Unies pour la stabilisation d’Haïti, forte de 8400 militaires et policiers, sous commandement brésilien [4]. La Communauté des Caraïbes (CARICOM), le Vénézuela, Cuba et l’Union Africaine refusent toujours de reconnaître le gouvernement mis en place à la suite du coup.
Des rapports accablants
Très tôt, des signaux d’alarme ont été émis par diverses organisations de surveillance des droits humains. En avril 2004, Amnesty International déclarait que « le gouvernement intérimaire s’est empressé de procéder à l’arrestation des membres du parti de l’ancien président Aristide, Fanmi Lavalas, soupçonnés d’actes de violence politique et de corruption, tout en s’abstenant d’agir contre les auteurs connus d’atteintes graves aux droits humains » [5].
Amnesty International a également reçu des informations récentes faisant état d’homicides et d’enlèvements au sein de la base du mouvement pro-Aristide dans les quartiers pauvres de Port-au-Prince.
Parmi les auteurs présumés se trouveraient plusieurs prisonniers en cavale, condamnés pour des viols et autres crimes de droit commun. Ces hommes travailleraient avec la police haïtienne et la force intérimaire multinationale pour identifier les personnes ayant eu des liens avec le mouvement Lavalas.
Quant au nombre de victimes, on réalisa soudain l’ampleur de la tragédie. En juin 2004, un rapport d’Amnesty International parlait de 500 victimes : « En février et mars, la Commission Justice et Paix, animée par l’Église catholique, a rapporté quelque 300 affaires d’homicide pour la seule ville de Port-au-Prince, où elle estime que le nombre réel d’homicides pourrait approcher les 500. » [6]
Pourtant, la responsabilité du regain de violence depuis l’automne 2004 est mise sur le dos des cadres du parti Lavalas qui auraient mis au point une « opération Bagdad », un plan d’insurrection générale contre le gouvernement de facto afin de saboter les élections prévues pour l’automne 2005.
Les porte-parole de Lavalas ont beau nier l’existence d’un tel plan et condamner toute violence d’où qu’elle vienne, les grands médias occidentaux continuent de véhiculer la rumeur d’un plan Bagdad, ce qui leur permet de discréditer une fois de plus les supporteurs du président Aristide et de les associer à la violence ou aux forces antidémocratiques et déstabilisatrices du pays.
Environ 1000 détenus politiques, partisans d’Aristide ou de la constitutionnalité, croupissent en prison, la plupart sans procès et sans accusation. Plusieurs rapports indépendants sur les droits humains se sont multipliés ces derniers mois et tous mettent en lumière les persécutions, les meurtres ciblés et les expéditions punitives contre les habitants des bidonvilles traditionnellement favorables à Aristide [7].
Dans un rapport récent, une délégation des droits de la personne à Haïti envoyée par l’Université Harvard écrivait : « Les violations des droits humains à Haïti couvrent un large spectre de l’horreur humaine, en allant d’arrestations et de détentions arbitraires, à des disparitions et exécutions sommaires, à l’assassinat de nombreux patients hospitalisés et jusqu’à l’entassement de leur dépouille dans des charniers.
(…) La MINUSTAH a effectivement fourni une couverture à la police dans sa campagne de terreur menée dans les bidonvilles de Port-au-Prince. Encore plus troublant que la complicité de la MINUSTAH dans les abus de la police nationale haïtienne, il y a des allégations crédibles de violations de droits humains perpétrées par la MINUSTAH elle-même (…). Cependant, la MINUSTAH a ignoré ces accusations en les reléguant comme affaires négligeables, ce qui a permis la perpétuation de ces abus. Au lieu de suivre précisément les prescriptions de son mandat, les échecs de la MINUSTAH ont favorisé la continuité de l’impunité en cours en Haïti. » [8]
Même son de cloche de la part de Médecins sans frontières (MSF), qui rapporte des cas d’entrave à l’assistance médicale : « Selon le personnel médical, les hommes et les adolescents blessés rencontrent d’importantes difficultés pour accéder à l’hôpital Saint-Joseph. Suspectés par la police d’appartenir aux groupes armés d’opposition, ils craignent d’être arrêtés ou exécutés par les forces de l’ordre avant même d’avoir bénéficié de soins. » [9]
En dépit de la crédibilité de ces rapports accablants, le ministre Pierre Pettigrew continue de faire la sourde oreille devant les voix condamnant les violations de droits humains commis par le gouvernement intérimaire et la mission de l’ONU en les traitant de « propagande ».
[1] M. Vastel, « Haïti mise en tutelle par l’ONU ? », L’Actualité, 15/03/03, p.14.
[2] « Le Gouvernement canadien doit cesser d’appuyer un président contesté par son propre peuple », Communiqué de presse de l’AQOCI, 15/12/03.
[3] Composée principalement de la Convergence Démocratique, un parti politique unifiant la droite haïtienne et le monde des affaires, et du Groupe des 184, une soi-disant coalition de la société civile réunissant l’élite haïtienne et qui est financée par les États-Unis et par un riche patron d’atelier de la misère, Andy Apaid.
[4] Ce chiffre inclut l’augmentation de 1 000 hommes tel que décidé par le Conseil de sécurité avec la résolution 1608 du 22 juin 2005. Le site de la MINUSTAH est : http://www.un.org/ Depts/dpko/missions/minustah/index.html
[5] « HAÏTI : Les groupes armés toujours actifs : conclusions de la délégation d’Amnesty International », 8 avril 2004 http://web.amnesty.org/library/index/ fraamr360132004
[6] « Une occasion unique de mettre fin à la violence ? » , 21 Juin 2004, http://web.amnesty.org/library/print/ FRAAMR 360382004
[7] « Haïti : Human rights investigation : november 21-11, 2004 », Center for the study of human rights, university of Miami school of law, Thomas Griffin, http://www.law.miami. edu/cshr/
[8] « Keeping the peace in Haiti ? », mars 2005, Programme des droits humains de la faculté de droit de l’Université d’Harvard, http://www. law.harvard.edu/programs/hrp/ CAP/Text/Haiti_Englsh_Final.pdf
[9] « Haïti – extrême violence à huis clos », la lettre d’information de MSF, 6 juillet 2005, http://www2.paris.msf.org/site/ actu.nsf/actus/haiti060705
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