Aucun obstacle venu de Chine dans la réponse contre le coronavirus. C’est ce que dit l’OMS après la visite de son directeur à Pékin, une visite expresse de deux jours qui n’a pas permis à l’agence d’en savoir beaucoup plus sur le virus. Mais qui a fait forte impression au sein de l’agence des Nations unies pour la santé à un moment ou la transparence affichée par Pékin est remise en question par plusieurs experts.

Devant la presse, le directeur général de l’OMS, Tedros Ghebreyesus, s’est dit très impressionné par la réponse massive apportée par Pékin face au virus. Les mesures prises par les autorités sont non seulement bonnes pour la Chine, mais aussi pour le monde a-t-il déclaré. L’OMS qui a obtenu le feu vert de Pékin pour l’envoi sur le terrain d’une équipe internationale d’experts.

Reste que la propagation continue. Le bilan augmente d’heure en heure. Il y a un potentiel pour une épidémie bien plus grande, prévient l’OMS qui s’inquiète aussi des cas de transmissions humaines enregistrées en dehors de Chine.  Le comité d’urgence de l’OMS se réunira donc à nouveau ce jeudi pour décider s’il recommande de lancer une alerte sanitaire de portée mondiale.

Une décision aussi symbolique que politique et sur laquelle plane le spectre de pressions, venues de Chine, pour ne pas déclencher d’alerte rouge. Le patron de l’OMS a laissé entendre que la réponse ne peut pas être simplement oui ou non et qu’il faudrait peut-être envisager une troisième voie. Mais il l’assure la main sur le cœur : aucune influence extérieure ne viendra peser sur sa décision.

■ Plusieurs pays rapatrient leurs ressortissants

Face à la propagation du Coronavirus à Wuhan, l’épicentre chinois de l’épidémie, plusieurs pays ont commencé à organiser le rapatriement de leurs ressortissants. Celui de la France est en cours, un premier vol partait mercredi soir, suivi par un deuxième prévu ce jeudi ou après-demain selon la ministre française de la Santé, Agnès Buzyn.

Les États-Unis et le Japon ont déjà évacué plusieurs centaines de personnes. Les autorités japonaises étaient les premières à rapatrier leurs ressortissants. Environ 200 personnes sont arrivées mercredi matin à Tokyo.

Un premier avion transportant 240 Américains venus de la ville chinoise de Wuhan a atterri mercredi sur une base militaire de Californie. Selon les autorités américaines, aucun des évacués ne présente de symptômes du coronavirus, même si tout au long de ce premier vol affrété par le département d’État, l’état de santé des passagers a été minutieusement surveillé. Première vérification par les autorités chinoises avant d’autoriser leur décollage de la ville de Wuhan. Deuxième contrôle lors d’une escale en Alaska. Puis troisième batterie de tests en arrivant sur la base militaire de Riverside près de Los Angeles.

Ce mercredi matin, en atterrissant sur le sol américain, « tout le vol a explosé de joie », raconte un membre d’équipage soulagé. Mais les passagers – diplomates et expatriés pour la plupart – ne rentrent pas encore chez eux pour autant. Même si aucun ne présente de symptômes de l’infection pulmonaire chinoise pour le moment, tous sont placés en quarantaine pendant 72 heures pour être soumis à des examens approfondis et le département d’État annonce préparer le rapatriement d’autres Américains toujours bloqué à Wuhan. Au même moment, les trois principales compagnies américaines American Airlines, United et Delta.annoncent une réduction de moitié de leurs vols en direction de la Chine. Et alors que le coronavirus continue de se propager, la Maison Blanche a confirmé mardi ne pas exclure une mesure encore plus drastique : la fermeture des liaisons aériennes entre la Chine et les États-Unis.

Les prochains sont des Français, parmi d’autres ressortissants européens, qui prendront le même vol. Un premier avion est parti dans la nuit de mercredi à jeudi à destination de Wuhan, tandis qu’un second est prévu « plus tard dans la semaine ». Quant à l’Allemagne, elle enverra un avion probablement ce vendredi pour évacuer ses ressortissants. Ces opérations ne se font donc pas d’une manière coordonnée au niveau européen même si l’Union européenne finance une partie du rapatriement.

Reste la question de comment les passagers seront pris en charge une fois arrivés dans leurs pays respectifs ? Là aussi, les politiques divergent. Aucune quarantaine n’est prévue pour les ressortissants américains ou japonais.  En revanche, les Français et les Allemands, en tout cas ceux qui ne présentent pas de symptômes, doivent rester en isolation pendant 14 jours, ce qui correspond au délai d’incubation du virus. L’Australie, qui réfléchit également à une évacuation, envisage de placer ses ressortissants en quarantaine dans un endroit très isolé, sur l’île Christmas dans l’océan Indien.