Le PIB de la Chine est tombé à 6,1 % en 2019. C’est le taux de croissance le plus bas depuis près de trois décennies, alors que des mesures de soutien à la deuxième économie du monde sont attendues pour 2020.

Il n’y a décidément rien de bon dans cette année du cochon: révolte à Hongkong, raz de marée électoral pour les indépendantistes à Taiwan, et cette guerre commerciale avec les Américains qui mine la croissance.

Le Bureau national des statistiques a d’ailleurs attendu que l’accord commercial de la Phase Un avec les États-Unis soit signé avant de publier ses chiffres. Sur l’ensemble de 2019, le taux de progression du PIB chinois atteint 6,1 % contre 6,6 % en 2018. C’est son rythme le plus faible depuis 1990. Anus horribilis pour les statisticiens chinois qui comptent désormais sur l’accord sino-américain pour atténuer la pression, ainsi que sur des mesures de relance pour tenter de préserver le modèle de « société de moyenne aisance » et d’enrichissement des classes moyennes pour l’année du rat qui commence.

Dans le viseur, le plancher des 6 % de croissance surveillé comme le lait de soja sur le feu par les planificateurs chinois. Aux experts qui estiment que cette ligne pourrait-être franchie au cours des prochains trimestres, le porte-parole du bureau des statistiques a répondu que l’an dernier, pour la première fois dans l’histoire chinoise, le revenu par habitant est passé au-dessus des 9 000 euros (10 000 dollars.) Autre bonne nouvelle: la production industrielle est repartie à la hausse de 6,9 % le mois dernier contre 6,2 % en novembre.

Les marchés de matières premières sceptiques après l’accord sino-américain

Ce n’est pas l’euphorie sur les marchés de matières premières après la signature de la phase 1 de l’accord sino-américain à Washington. La Chine importera-t-elle vraiment les quantités de produits américains promises ? Les commentaires de l’exécutif chinois laissent planer le doute.

Le vice-ministre chinois a tenu à le préciser, après la signature de la phase 1 de l’accord avec les États-Unis : « les achats de produits américains seront basés sur les principes du marché…  Les compagnies chinoises importeront selon les besoins des consommateurs et selon la loi de l’offre et de la demande…. Il faudra démontrer la compétitivité des produits ».

Pas de baisse des taxes

Il n’en fallait pas plus pour ajouter de l’incertitude au scepticisme des marchés sur les montants d’importations américaines auxquels s’est engagée la Chine : 52,5 milliards de dollars de produits énergétiques et 32 milliards de dollars de produits agricoles supplémentaires, dans les deux ans, par rapport au niveau record de 2017 – c’était avant les taxes chinoises sur les exportations américaines. Or l’accord ne prévoit toujours pas la suppression ni la baisse de ces taxes.

Les prix de l’énergie stagnent

Les prix des matières premières n’ont de fait pas vraiment réagi au lendemain de cet accord. Les cours du pétrole ont connu un légère hausse, mais le Brent reste en deçà des 65 dollars le baril. Le prix américain du gaz naturel liquéfié reste quant à lui scotché autour des 2 dollars le million de BTU, du fait d’un hiver doux et des énormes réserves de par et d’autre de l’Atlantique. C’est pourtant ce GNL qui devrait profiter le plus du retour des produits énergétiques américains en Chine, les exportations sont réduites à néant depuis avril 2019.

Ceux du soja fléchissent

Mais le plus grand doute concerne les produits agricoles. Comment la Chine va-t-elle concrètement mettre à exécution ses engagements : quasiment doubler le montant de ses importations agricoles aux États-Unis par rapport à 2017, alors qu’elle achète déjà 80 % des exportations de soja du Brésil, et que son cheptel, décimé par la fièvre porcine, a besoin de moins de nourriture. Les cours du soja ont d’ailleurs décliné à leur plus bas niveau depuis un mois, ils n’ont pas résisté à la chute des prix d’un autre oléagineux, l’huile de palme.

L’éthanol américain grand gagnant ?

Même le maïs n’a pas bondi alors que l’éthanol américain produit à partir de cette céréale pourrait être le grand gagnant de l’accord sino-américain, si Pékin impose d’en incorporer 10 % dans l’essence des véhicules chinois cette année.