L’armée américaine a lancé ce dimanche 29 décembre une série de raids contre des bases d’une faction armée pro-Iran, tuant plusieurs combattants. Ces opérations interviennent deux jours après une attaque à la roquette qui a tué pour la première fois un Américain en Irak.

L’armée américaine a annoncé dimanche avoir frappé cinq bases en Irak et en Syrie d’un mouvement proche du Hezbollah pro-iranien. Ces frappes menées « en réponse aux attaques répétées du Kataëb Hezbollah contre des bases irakiennes qui accueillent les forces de l’opération (anti-jihadiste, ndlr) Inherent Resolve, (…) affaibliront les capacités du KH à mener defutures attaques contre les forces de la coalition », a déclaré le porte-parole du Pentagone, Jonathan Hoffman, dans un communiqué.

Sur les cinq installations visées, trois se trouvaient en Irak et deux en Syrie, a précisé Jonathan Hoffman. Il s’agissait d’unités de stockage d’armement ou de quartiers généraux du Kataëb Hezbollah (Brigades du parti de Dieu). Puissamment armées, entraînées et financées par l’Iran, ces brigades opèrent pour partie au sein du Hachd al-Chaabi irakien, une coalition de paramilitaires formée pour lutter contre les jihadistes et désormais intégrée aux forces de sécurité irakiennes, et pour partie indépendamment, notamment en Syrie, où elles servent de supplétifs aux forces du régime de Bachar el-Assad.

Le Hachd al-Chaabi a annoncé un bilan de 19 morts – des combattants et des commandants – et de 35 blessés dans les frappes américaines menées dans l’ouest de la province désertique d’al-Anbar, qui va de Bagdad à la frontière syrienne.

Deux mois d’escalade

Le porte-parole du Pentagone a accusé le mouvement pro-iranien d’avoir lancé vendredi plus de 30 roquettes contre la base militaire irakienne de Kirkouk (nord), tuant un sous-traitant américain et blessant quatre militaires américains et deux soldats irakiens.

Ces frappes interviennent après deux mois d’une escalade sans précédent dans les tirs de roquettes contre les intérêts américains en Irak, pays en pleine révolte contre le pouvoir et son parrain iranien alors que Washington est désormais, politiquement, aux abonnés absents. Depuis le 28 octobre, onze attaques ont ainsi visé des bases militaires irakiennes où sont postés des soldats ou des diplomates américains et jusque l’ambassade américaine dans l’ultra-sécurisée Zone verte de Bagdad. Les dix premières attaques ont fait un mort et des blessés dans les rangs des militaires irakiens, ainsi que des dégâts matériels, mais celle de vendredi soir a marqué un tournant.

Les tirs ont visé la base K1 à Kirkouk, zone pétrolière au nord de Bagdad que le Kurdistan dispute aux autorités fédérales, avec une précision inédite. « Les tirs ont visé précisément la zone où se trouvent les Américains, près de la salle de réunion », a indiqué un responsable irakien à l’Agence France-Presse au moment même où de hauts commandants de la police irakienne et de la coalition internationale antijihadistes auraient dû s’y retrouver.

Le porte-parole militaire du Premier ministre démissionnaire Adel Abdel Mahdi a qualifié les raids américains de ce dimanche de « violation de la souveraineté irakienne ». Alors que ces raids aériens américains provoquaient l’indignation générale en Irak jusqu’au plus haut niveau de l’État, quatre roquettes se sont abattues peu après aux abords d’une base abritant des soldats américains près de Bagdad, sans faire de victime, a indiqué un responsable des services de sécurité.

Les attaques contre des intérêts américains ou des bases des pro-Iran font redouter ce contre quoi les dirigeants irakiens mettent en garde depuis des mois: que leurs deux alliés américain et iranien utilisent leur sol comme un champ de bataille.