Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed reçoit mardi 10 décembre le prix Nobel de la paix 2019 à Oslo. Mais cette distinction interroge, alors que le pays est traversé par de fortes tensions ethniques et politiques.
Le Premier ministre reçoit le prix Nobel à l’aube d’une année décisive. Les élections générales, prévues pour mai – si elles ne sont pas reportées – auront lieu dans un contexte d’incertitude économique et de hausse des violences communautaires.
Mais aussi dans un contexte compliqué après un rapprochement avec l’ennemi historique, l’Érythrée. Un rapprochement mis entre parenthèse dans l’immédiat. Alors pourquoi ce Nobel au Premier ministre éthiopien ? C’est la question que nombre d’observateurs posent ouvertement.
Car bien que l’Éthiopie soit au bord de l’effondrement communautaire et qu’Abiy Ahmed soit accusé d’ouvrir la boîte de Pandore qui détruira tôt ou tard le fédéralisme, pilier de la construction politique du pays – selon les analystes de la Corne de l’Afrique – c’est bien le Premier ministre qui doit recevoir le prix Nobel ce mardi.
« Pour ce qui a été tant sur le plan intérieur, qu’extérieur, souligne l’un de ces experts.Car la main tendue à l’Érythrée ne deviendra réalité qu’avec une stabilité politique interne définitive. Et nous en sommes loin. »
Ce sont donc des efforts à venir qui sont encouragés et qui laissent certains dubitatifs quant au choix du jury. Mais si l’accord de paix avec Asmara est applaudi par le comité du Nobel, nombreux ont été surpris, car cet accord n’est pas vraiment à l’ordre du jour à Addis-Abeba.
Abiy Ahmed fait deux paris politiques : la transformation définitive du Front démocratique révolutionnaire en parti de la prospérité et une tenue inédite d’élections générales en 2020, dans ce contexte turbulent de recomposition.
Laissez un commentaire