Acte 53 des « gilets jaunes » ce samedi 16 novembre, celui de l’anniversaire. En France, il y a un an presque jour pour jour, le mouvement investissait les ronds-points pour dénoncer la hausse des taxes sur le carburant. Ce samedi, les « gilets jaunes » veulent faire les choses en grand et retrouver la mobilisation des débuts.

Après des semaines de mobilisation en berne, les « gilets jaunes » veulent être nombreux pour le premier anniversaire de leur mouvement.

Plus de 140 appels à manifester dans tout le pays, mais c’est Paris qui concentrera le plus d’actions, avec pour objectif les Champs-Élysées. Les « gilets jaunes » n’y sont plus retournés en nombre depuis le 16 mars, lors d’un acte 18 particulièrement violent. Depuis, la zone leur est interdite.

Une interdiction que les « gilets jaunes » comptent bien braver. C’est le cas d’Éric Drouet, une figure du mouvement qui entend rejoindre les Champs-Élysées en fin de journée. Auparavant il appelle à bloquer le périphérique parisien.

Dans le reste du pays, des appels à manifester ont été lancés un peu partout. Nantes, Lyon, Montpellier, Marseille, Toulouse avec, ici, un rassemblement classique ou là un blocage de pont. Les zones commerciales devraient également être ciblées. Un des enjeux pour les « gilets jaunes » sera donc de faire le nombre.

Les forces de l’ordre sur le qui-vive

Pour cet acte 53, c’est ainsi une « mobilisation exceptionnelle » des forces de l’ordre qui est prévue. Le mouvement des « gilets jaunes » restera particulièrement marqué par les très nombreuses blessures provoquées par les forces de l’ordre et leurs armes dites « intermédiaires ».

Ces manifestations des « gilets jaunes » et leurs débordements sont aussi à l’origine d’une nouvelle doctrine du maintien de l’ordre.

Le saccage du Fouquet’s et de l’Arc de Triomphe marque un tournant dans le maintien de l’ordre des manifestations. Les violences du samedi 16 mars seront d’ailleurs à l’origine du limogeage du préfet de police de Paris.

Dans les jours qui suivent, le ministre de l’Intérieur donne aussi de nouvelles consignes : désormais, les forces de l’ordre ne seront plus uniquement en défense, le long des cortèges, mais pourront intervenir par petits groupes à l’intérieur des manifestations pour extraire et maîtriser des individus violents.

C’est aussi après cet acte 18 que des unités à moto seront déployées pour réprimer les actions violentes.

Une doctrine prônant plus de contact vivement critiquée par des associations et certains médecins puisqu’elle serait à l’origine de nombreuses blessures causées par l’utilisation massive des armes dites intermédiaires comme les LBD, les fameux lanceurs de balles de défense.

Selon le décompte du ministère de l’Intérieur, 2 248 personnes ont été blessées depuis le début du mouvement contre 1 797 du côté des forces de l’ordre.

Par ailleurs, 313 enquêtes ont été ouvertes par la police des polices pour violences volontaires sur des manifestants. Pour l’instant, seuls deux policiers ont été renvoyés en correctionnelle.

■ Où en sont les revendications des « gilets jaunes » ?

Il y a un an, le mouvement prenait forme sur les ronds-points contre la hausse du carburant, mais pas seulement. L’une des principales revendications des « gilets jaunes » était une hausse du pouvoir d’achat. Après des semaines de crise sociale, le gouvernement annonce une série de mesures pour doper le pouvoir d’achat.

Le pouvoir d’achat des Français a progressé de 2,3 % cette année, du jamais vu depuis 2007. Une hausse portée par une série de baisses d’impôt, très peu d’inflation et un marché du travail, qui se maintient avec plus d’emplois, et un taux de chômage en baisse. Sur un an, le nombre de demandeurs d’emploi a reculé de 2%.

La situation s’est, également améliorée grâce à la prime exceptionnelle de pouvoir d’achat, 600 euros défiscalisés. Près de cinq millions et demi de salariés ont bénéficié de cette prime dite « Macron ». Cette allocation sera de nouveau versée en 2020.

Mais pour les « gilets jaunes », c’est loin d’être suffisant, car d’autres voyants restent au rouge.

Côté carburant : le prix du diesel ne baisse toujours, pas. Et côté consommation, les prix des denrées de base non plus, en raison de la loi Alimentation.

Un bilan en demi-teinte pour les « gilets jaunes » qui comptent poursuivre leur mouvement. Ils seront, dans la rue le 5 décembre prochain, avec les syndicats, pour manifester contre la réforme des retraites.

■ Pas de panique du côté de l’Élysée, mais une grande vigilance

Même si le président de la République a réussi à calmer les choses avec le grand débat, la situation sociale reste tendue. À l’Élysée, on est attentif à ce qui va se passer ce samedi.

« Il n’y a pas de fétichisme particulier pour cet anniversaire », dit-on à l’Élysée quand un conseiller ministériel déclare un brin fataliste : « On attend », sous-entendu de voir comment se passe la journée. Et on espère tout de même que les mesures annoncées par le président sur le pouvoir d’achat ont fait baisser la « pression » et permettront d’éviter de relancer « une dynamique de ritualisation des manifestations du samedi ».

Pas de panique donc, mais une grande vigilance. Car comme l’a reconnu Emmanuel Macron à la rentrée, ce qui a provoqué la colère des « gilets jaunes » n’a pas disparu. Un de ses proches lâche même : « Je ne vais pas vous dire que je sens la société moins éruptive. »

Et pour cause : les mouvements de revendication se multiplient à l’hôpital, chez les étudiants… sans parler de la SNCF et de la RATP qui ont appelé à une grève reconductible à partir du 5 décembre. Cette date avant laquelle Emmanuel Macron veut « traiter chaque situation », dit-on dans son entourage.

Le président semble aujourd’hui déterminé à ne pas jouer le pourrissement. La preuve : sa promesse d’apporter des réponses aux personnels hospitaliers dès la semaine prochaine. Les événements l’ont amené à placer l’acte 2 sous le signe de « l’ouverture ».