Thé ou mangue: les supermarchés peu vigilants sur les conditions de travail

Encore trop peu de supermarchés veillent aux conditions de travail dans les plantations de thé en Inde ou de mangues au Brésil, souligne Oxfam. L’ONG demande des comptes aux enseignes et elle attend que l’Europe légifère.

Les supermarchés ne sont pas assez vigilants sur les conditions dans lesquelles sont cueillis le thé ou les mangues qui se retrouvent dans les rayons, selon Oxfam. L’ONG a mené une enquête auprès de 510 travailleurs de 50 plantations de thé de l’Assam, dans le nord-est de l’Inde. Un quart dépendent de cartes de rationnement pour se nourrir, un tiers sont endettés vis-à-vis de leur employeur, les femmes travaillent souvent treize heures par jour à la cueillette, sans accès à l’eau potable.
Dans la mangue, le raisin ou le melon au Brésil, les témoignages de mauvais traitements et de forte exposition aux pesticides sont légion.

La guerre des prix annihile souvent les efforts

Oxfam continue avec ces deux catégories de produits d’interroger la grande distribution sur ses responsabilités. Un précédent rapport, l’an dernier, avait permis l’amélioration des conditions légales de décorticage des crevettes en Thaïlande, mais comment peuvent-elles être respectées si à l’arrivée ces efforts ne sont pas rémunérés par les enseignes, s’interroge le rapport. Dans la banane, les engagements n’ont souvent pas résisté à la guerre des prix.

Enseignes allemandes à la traîne

Sur seize enseignes européennes interrogées –  à noter que les enseignes françaises n’étaient pas dans le radar cette fois -, seule une, Albert Heijn, la chaîne de supermarchés hollandais, s’est engagée en 2019 au respect des droits humains chez ses fournisseurs. Pour ce qui est des droits des travailleurs, sept enseignes ont amélioré leur score, en particulier les Britanniques Tesco, Sainsbury’s et Morrisons, mais huit sont à la traîne, dont les chaînes de supermarché allemandes Aldi, Lidl, et Plus. Pas mieux pour l’enseigne bio anglo-saxone Whole Foods, rachetée par Amazon. Pour ce qui est du sort particulier des femmes, dix enseignes ne prévoient rien.

Préoccupation des consommateurs… et des investisseurs

Le devoir de vigilance de la grande distribution avance moins vite dans le secteur agricole que dans le textile. Et pourtant deux tiers des consommateurs aux États-Unis, en France, aux Pays-Bas, au Royaume-Uni et en Italie veulent que les supermarchés s’emparent de ces problèmes. Les investisseurs commencent à faire pression, en témoigne l’appel cet été de quarante fonds pesant  trois milliards de dollars, c’est un début. Les législations nationales avancent aux États-Unis, au Royaume-Uni et en France sur le devoir de vigilance des entreprises. Mais il manque encore, souligne Oxfam, une directive européenne en la matière.