La réunion sur l’Amazonie organisée lundi à l’ONU a permis de débloquer 500 millions de dollars supplémentaires pour l’Amazonie et les autres forêts tropicales, en l’absence du Brésil – « l’éléphant dans la pièce » selon les mots d’Emmanuel Macron.
La Banque mondiale et la Banque interaméricaine de développement ou encore l’ONG Conservation International ont annoncé des programmes d’aide, avec le soutien financier de bailleurs comme l’Allemagne (250 millions de dollars promis) et la France (100 millions). L’Union européenne mettra à disposition jusqu’à 190 millions dans le cadre de ses programmes de coopération et de développement, tandis que Conservation International apportera 20 millions de dollars.
L’objectif est de financer des projets pour la préservation de la biodiversité, le développement d’une chaîne de valeur durable, la gestion durable des sols, la promotion des savoirs traditionnels et la coopération transfrontalière.
Le Brésil, l’absent le plus présent
Cette réunion s’est tenue en présence de plusieurs chefs d’État, dont le Français Emmanuel Macron, qui en avait lancé l’idée lors du sommet du G7 de Biarritz, fin août en France, avec le président du Chili Sebastian Pinera. À la tribune sont aussi intervenus le président colombien Ivan Duque et bolivien Evo Morales.
Mais sans représentant du Brésil, qui a boycotté la réunion alors que le pays abrite les deux tiers de la forêt amazonienne.
A la tribune, Emmanuel Macron a ironisé à propos de cette absence, tout en tendant la main à Brasilia, alors que le président Jair Bolsonaro l’a vivement accusé d’ingérence.
« Quels sont nos risques? Le premier, l’éléphant dans la pièce, ou plutôt celui qui n’y est pas, le Brésil! Tout le monde se dit, comment allez-vous faire sans le Brésil? Le Brésil est le bienvenu », a lancé le président français.
« Autres risques », selon lui: « qu’on se dise des chiffres, des paroles mais sans résultat, le risque c’est la dispersion, c’est la lenteur, c’est l’inefficacité » et que l’on s’aperçoive après six mois ou un an que les fonds ne sont pas allés vers les populations.
Des équipes chargées du suivi seront donc désignées pour qu’au moment de la réunion COP25 au Chili en décembre soit défini le calendrier des premiers projets.
La question de la reforestation de l’Amazonie
Planter des arbres là où la forêt a été détruite par le feu, sur des prairies ou encore des champs: voilà le principe -simple- de la reforestation. Mais la réalité, elle, est beaucoup plus complexe : car il ne s’agit pas de planter des arbres, aussi nombreux soient-ils. Pour recréer un écosystème, particulièrement quand celui-ci est l’un des plus complexes au monde: C’est le cas en Amazonie !
Sur un hectare, pas moins de 300 espèces de végétaux peuvent cohabiter et la forêt amazonienne abrite un quart de la biodiversité mondiale. Autrement dit, même les projets de reforestation les plus ambitieux ne peuvent recréer ces écosystèmes complexes en quelques années.
On estime par exemple qu’il faut entre 60 et 100 ans -en Amazonie- pour récupérer l’ensemble d’un écosystème. À condition bien sûr de ne pas replanter uniquement des essences d’arbres sélectionnées, comme c’est souvent le cas avec l’Eucalyptus connu pour sa croissance rapide !
Autre problème: planter massivement des arbres donne l’impression d’une solution clef en main à la déforestation. Une réponse toutefois très critiquée, car elle ne résout en rien les causes du phénomène : comme l’élevage intensif ou l’agriculture industrielle.
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