Les Gonaviens réclament Lautonomie de L’Île de la Gonâve pour avoir été « délaissés » pendant trop longtemps par les autorités de Port-au-Prince.

La Gonâve dispose de ressources humaines et naturelles pouvant servir à son développement.

Nous allons mener le Combat de manière pacifique, avec l’arme de la dialectique.

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L’Île de la Gonâve a une superficie de 689,62km2 pour une population de 200 000 habitants.

Le séisme du 12 janvier 2010 qui a ravagé Port-au-Prince a provoqué l’afflux de plus de 40 000 personnes venues de la capitale.

Au cours de la deuxième moitié du 19ème Siècle, « L’île de la Gonâve » Commence à attirer des pêcheurs, puis peu de
temps après, l’agriculture commence à apparaître. 

Par une sombre nuit de l’année 1848, sur la petite île tropicale de La Gonâve, disparaissait mystérieusement  le roi Faustin 1er. Des années passèrent et on en  entendit plus parler, mais une légende disait qu’un jour un descendant portant son nom reviendrait pour sauver cette île des Antilles.  

Soixante-dix ans plus tard, en 1920, un voilier grinçant voguant à travers les eaux agitées du canal de Port-au-Prince échoua sur une plage de la Gonâve. En sortit en bondissant hors du navire, tout une collection d’occupants les uns plus étranges que les autres, des  indigènes de l’ile, du  bétail et le sergent Wirkus des marines américains dont le prénom était Faustin.

Ainsi se forgea une des histoires les plus étranges jamais sortie de cette île truffée de superstitions. Faustin E. Wirkus, yankee aux yeux bleus, originaire de l’Etat de Pennsylvanie, qui n’avait jamais entendu parler du roi Faustin 1er auparavant, ou encore moins de sa disparition mystérieuse de l’ile de La Gonâve et  très certainement ne connaissait pas les descendant de l’empereur  noir,  ne se doutait pas qu’il allait être  couronné roi de cette ile sous le nom de Faustin II et régner presque seul ses  12.000 habitants, pendant près de cinq ans, entre 1921 et 1925. Il devint célèbre comme le «roi blanc de la Gonâve », et quand il redevint un simple marine, on ne cessait de lui demander de parler de ses années en Haïti et de cette femme grasse et rayonnante, la reine Ti Mèmmène, qui l’avait choisi pour gouverner l’île.

La reine Ti Mèmmène, bien sûr, ne pouvait être vraiment reine, ni Wirkus vraiment roi, puisque La Gonâve était simplement une ile, province d’Haïti qui était à cette époque une république ayant à sa tète un président. Mais Haïti avait été le théâtre d’un soulèvement sanglant quelques années auparavant, à partir de 1915. Les Marines des Etats-Unis d’Amérique avaient été envoyés pour pacifier et occuper le pays. Un certain nombre d’entre eux y était resté pour former et commander la gendarmerie locale. Le sergent Wirkus était l’un de ces hommes, et avec l’autorisation du Congrès américain, était en service détaché avec cette gendarmerie et y avait le grade de lieutenant. Assigné à La Gonâve, il était officiellement un commandant de sous-district.

 Peu après son enrôlement dans la marine américaine, il débarqua en Haïti avec le premier contingent  de fusiliers marins qui venaient pour régler les problèmes du pays. Il appartenait à la vingt-deuxième compagnie dirigée par le capitaine Alexander S. Williams, et son commandant de bataillon était un homme qui connaitra plus tard une renommée mondiale, le général Smedley Butler. Ce dernier fut passé en cours martiale pour avoir dit du mal de Mussolini le leader italien. Pendant cinq ans, les marines étaient occupés à pourchasses les « cacos »  indigènes armés de couteaux dont les tactiques étaient sanglantes.

Wirkus engagé dans de nombreux combats, tua sept cacos. Il acquérit ainsi une solide réputation de militaire efficace. Une fois, à Port-au-Prince, à la tête d’une poignée de gendarmes haïtiens, il dispersa une cérémonie vaudou et captura les meneurs. Ce qu’il accomplit  sans un blessé dans son camp.

Les réunions Voodoo étaient souvent des foyers de trouble.

Au cours de ces années Wirkus continua à entendre des histoires sur l’île de La Gonâve, située à 60 kilomètres  à l’ouest de Port-au-Prince et  d’une  superficie d’environ 775 kilomètres carrés.

Le Vaudou y était endémique et effrayants étaient les contes à dormir debout qu’on y transmettait de générations en générations. Un homme blanc, comme on le disait à l’époque, ne pouvait pas être en sécurité sur cette ile. Aucun soldat américain ne voulait s’y aventurer, les fantômes et les spectres hantaient l’endroit.  Mais un jour  Wirkus  y  fit une visite et décida qu’il voulait le poste de commandant de sous-district. Il n’avait pas peur du Vaudou, il riait des histoires qu’on lui racontait et pensait plutôt que  cet  endroit  ne nécessiterait  que le travail d’un seul homme pour y maintenir l’ordre et la discipline.

La chasse et la  pêche y étaient bonnes, le climat aussi et Wirkus, qui avait de  l’ambition, voulait se faire un nom en tant qu’homme clé dans le commandement du sous-district. Sa responsabilité consisterait à réglementer les voyages et la circulation maritime,  à empêcher la contrebande, à exercer un contrôle sur la prison, à faire respecter les règlements du port d’amarrage, à contrôler l’assainissement public, à  voir que les terres étaient correctement attribuées et les impôts payés.

Lorsque Wirkus arriva à La Gonâve, il constata que les indigènes se méfiaient de tous les hommes, blancs ou noirs, qui n’étaient pas des leurs, ce qui n’était pas surprenant. En effet, pendant des années, ils avaient été exploités et trompés. Ils jouissaient d’un pauvre sort, pour ne dire que le moins. Wirkus entreprit  de corriger ces conditions, et derrière son succès se cachait une véritable affection pour la population indigène. Comme  administrateur, non seulement il s’acquittait bien de ses fonctions officielles, mais à sa façon  il aidait la population. Il leur montrait de meilleures façons de cultiver leurs terres, l’industrie principale de l’ile était l’agriculture. Il réparait leurs équipements agricoles et les remplaçait avec de plus modernes quand il le pouvait.

Les mères étaient étonnées mais reconnaissantes quand il venait à leur aide pour l’éducation de leurs progénitures. Elles ne le savaient pas, mais il avait acheté un livre, « Soins et alimentation des enfants », juste pour les aider à résoudre de tels problèmes. Il arpentait les terres et les divisait, en mettant fin aux conflits terriens  et il réduisit les impôts pour les uns et  les renforça pour d’autres, surtout ceux qui avaient bénéficié de favoritisme des représentants corrompus du gouvernement haïtien. Il fallut une année entière pour que Wirkus gagne la confiance et l’amitié des insulaires et en particulier la reine Ti  Mèmènne. La «reine» était le personnage le plus important de cette société matriarcale qui dominait  les affaires de commerce et autres activités de l’ile.  

Au cours de ses premiers mois dans l’ile, Wirkus se faisait un devoir de partager son sens de l’humour avec la sympathique et obèse reine qui bientôt commença à accepter ses conseils et son aide.

Un jour Wirkus reçut une convocation à sa maison nouvellement construite sur la côte. C’était un message très solennel qui lui demandait de se hâter vers  l’intérieur et vers le sommet de la montagne, dans le village de la reine aux huttes blanchies à la chaux. Cette dernière voulait de toute urgence voir le jeune Américain, qui n’était âgé lors que de 25 ans.

Tout en se demandant ce que cela pouvait signifier, Wirkus gravit à cheval les sentiers  montagneux qui étaient bondées  d’indigènes tout le long du parcours. Quand il eut finalement atteint le village, il fut introduit, encore mystérieusement, dans un logement particulier qui lui était réservé.  Il était tard dans l’après-midi quand les émissaires de la reine l’informèrent  que sa présence devant Ti Mèmènne  n’était souhaitée que tard dans la nuit. Déjà les  tambours battaient lentement au centre du village et il se demandait encore de quoi  il en était. Calmement il se déshabilla et alla se coucher.

Plus tard, le sergent  Wirkus , vêtu de son uniforme kaki entra dans la maison de la reine où il fut introduit dans une petite pièce. Accroupi  à l’étroit sur le sol se tenaient des membres de la cour intérieure et la reine, pieds nus et vêtue d’une robe gaiement colorée,  était assise à l’avant d’une façon royale. Elle devait être dans la quarantaine ou plus, et, quoiqu’ étant une femme sympathique, elle gardait ses distances afin de se faire respecter. L’officier de marine découvrit enfin pourquoi il était convoqué : à sa grande surprise,  Il devait être couronné « roi Faustin II ».

« Au début, je pensais que c’était juste une façon de me dire qu’ils voulaient de moi dans l’ile, mais je me rendis compte que la reine et ses gens étaient très sérieux à ce sujet. Ils avaient discuté de la chose pendant des jours, et avaient accepté de me nommer comme leur roi.  La cérémonie, étrange à bien des égards, dura près de trois heures. En dehors des roulements de tambours, on entendait le bêlement d’une chèvre, qui avait été apportée dans la chambre royale pour être offerte en  sacrifice ».

Wirkus était assis sur une petite chaise basse, et obéissant à l’ordre de la reine, un accompagnateur  vint de la chambre voisine portant une lourde couronne. «Je te couronne maintenant roi Faustin ll », proclama la reine, et elle plaça celle-ci sur la tète de Wirkus. Les gens disaient que c’était cette même couronne qui ornait la tête de Faustin Soulouque quand il était empereur d’Haïti sous le nom de Faustin 1er !

« Deux énormes  jeunes hommes vinrent me chercher et m’apportèrent à l’extérieur. Dès que je me présentai  les tambours se firent entendre et je pensais que ce n’était qu’une marque d’honneur qu’ils me payaient.»  Mais je me trompais et c’est ainsi que je fus couronné « Le Roi blanc de La Gonâve ». Ce titre que Wirkus, le fusilier marin porta avec fierté, le rendit célèbre dans de nombreux pays.

William B. Seabrook fit de lui le personnage romantique vedette de son livre, « Magic Isle», et plus tard, Wirkus lui-même écrivit un livre qu’il appela « Le Roi blanc de La Gonâve ».

Avec la renommée, vint également l’envie et la jalousie de certains milieux. Le président d’Haïti quelques années plus tard, avait peine à accepter la popularité du commandant de sous-district de La  Gonâve et à l’idée qu’un «roi» officiel ou non, était en charge de l’une de ses provinces, le fit transféré à un autre poste dans les Antilles.

Ce fut un triste départ quand « Le Roi blanc»  dût prendre congé de ses sujets.  Le peuple de l’ile s’était masser sur les rivages pour l’acclamer et la reine Ti Mèmènne d’une voix grave prophétisa: « Un jour, vous reviendrez  pour  gouverner à nouveau l’île de la Gonâve. »

ROBERT H. MYERS publié par le Western Union journal.

Cambridge Sentinel, Volume XXXIX, Number 9, 26 February 1944