Crédit photo : Tartini Pierre Louis
S’il est bien vrai qu’il existe plusieurs points de passage maritime, de la commune de l’Anse-à-Galets (île de La Gonâve) étant pour se diriger vers la Grande Terre¹, le port de Carries constitue la principale voie d’accès utilisée au quotidien par les voyageurs, Gonâviens pour la plupart, désireux de rentrer à Port-au-Prince ou atteindre d’autres villes et départements du pays. Pour l’heure, le wharf du port de Carries facilitant ce transport est une menace potentielle pour tous ceux qui le côtoient.
Le port de Carries est localisé entre Fonds-Baptiste et Montrouis. Dans la commune de l’Arcahaie. Situé à une heure de voyage en moyenne de l’île de La Gonâve, il se fait le lieu de cabotage privilégié des Gonâviens. Les commerçants par exemple traversent régulièrement le canal à bord de voiliers ou bateaux pour l’approvisionnement en produits de première nécessité ; dans des centres commerciaux ou marchés de l’Arcahaie, de Cabaret, de la capitale ou d’autres endroits du département de l’Artibonite tels que : Saint-Marc, Pont-Sondé, l’Estère… pour ensuite regagner l’île. Une routine qui fait du quai du port de Carries le réceptacle d’activités commerciales et maritimes très denses.
Cette plate-forme en béton, surmontée d’une assez grande structure métallique est supportée par une cinquantaine de piliers quadrangulaires bordant le fond de la mer. Ces grosses colonnes carrées, fissurées de tous les côtés, mettent à nu la charpente métallique rouillée, salpêtrée de ce wharf vieux de plus de trois décennies.
Outre cela, il y a deux semaines environ, l’ouragan dévastateur Matthew emportant vies humaines et biens durant son tumultueux passage sur Haïti, n’a pas manqué de le fragiliser. Force est de constater qu’un énorme trou se forme au beau milieu du quai. À travers lequel s’observe le reflet du ciel bleu qui tapisse le mouvement des vagues. À l’arrivée des bateaux au port, les marins sont obligés d’utiliser du bois 2×4 et de planche servant de passerelle pour leur déchargement. Une situation qui entrave le trafic et, bien sûr, met en péril la vie des gens.
Il est à signaler que ce wharf, construit sous la présidence de Jean-Claude Duvalier, n’était pas destiné à ce grand trafic de cabotage. Il faisait de préférence partie du domaine privé d’un particulier. Cependant, suite au tragique naufrage du bateau « Fierté Gonâvienne », effectuant la traversée Anse-à-Galets – Montrouis, au large du port de Montrouis, ayant occasionné la noyade de plusieurs centaines de personnes le 8 septembre 1997, l’administration du président René G. Préval avait pris peu après la décision de déclarer le port de Carries d’utilisation publique au profit de la population gonâvienne. Sans doute, pour compenser à l’époque un vrai manque de responsabilité de la part des autorités quant à la réalisation du quai du port de Montrouis au service des populations voisines. Dans un port où les activités d’embarcation et de débarquement s’effectuaient de façon anarchique. Le bateau une fois accosté, les passagers ainsi que leurs bagages se faisaient transporter sur le dos de porteurs avant d’atteindre la terre ferme.
Il y a urgence. L’état du wharf du port de Carries est déplorable. C’est le moment d’attirer l’attention des autorités concernées sur la nécessité d’agir sans délai sur cette vieille structure qui peut céder à tout moment. C’est le moment ou jamais d’entamer de sérieux travaux de restauration ou envisager éventuellement sa reconstruction.
S’il est une évidence que le wharf du port de Carries est un danger à ciel ouvert, qu’attendent donc le Semanah³, l’APN et l’État haïtien pour la prise des mesures appropriées? Que cette plate-forme qui se fait vieille s’effondre sous le poids de plusieurs dizaines de gens qui y circulent? Pour qu’après on vienne pleurer leur mort sur fond de discours adapté à la circonstance peut-être! En tout cas, en tout état de conscience, il est préférable de ne jamais l’imaginer.
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