Trois jours après les attaques aux drones contre des installations pétrolières saoudiennes, les États-Unis continuent d’accuser l’Iran qui continue de nier toute implication.
Mais comme il l’a fait ce week-end, en évitant de pointer directement l’Iran – contrairement à son secrétaire d’État Mike Pompeo, le locataire de la Maison Blanche a laissé une certaine place au doute. « Il est probable » que la République islamique ait visé des installations pétrolières en Arabie, a déclaré Donald Trump à la presse. Mais « il est trop tôt pour le dire maintenant », « nous voulons déterminer avec certitude qui a fait cela », a-t-il ajouté.
Le locataire de la Maison Blanche s’est également dit déterminé à « aider » son allié saoudien, tout en assurant vouloir « éviter » une guerre avec l’Iran. « Je ne veux de guerre avec personne, mais nous sommes préparés plus que quiconque » à un conflit, a-t-il précisé. « Est-ce que nous allons emprunter cette voie ? Nous verrons ».
L’hôte de la Maison Blanche assure qu’aucune option militaire n’a été envisagée pour le moment, mais il rappelle que l’armée américaine est la mieux équipée au monde, et qu’elle sera capable le cas échéant d’imposer de lourdes pertes à son adversaire. Donald Trump souffle le chaud et le froid, mais il est fondamentalement opposé à l’entrée des États-Unis dans un nouveau conflit. Il y a trois mois, il avait renoncé au dernier moment à lancer ses forces contre Téhéran après la destruction d’un drone américain.
Sommet à Ankara
Le dossier saoudien s’est invité à Ankara, où les présidents turc, russe et iranien étaientréunis en sommet pour parler de la Syrie, et notamment de la situation à Idleb. Le président iranien Hassan Rohani a défendu les rebelles houthis au Yémen qui ont revendiqué les attaques. « Ils ne font que se défendre face aux bombardements saoudiens », a-t-il déclaré. L’Iran nie être derrière ces attaques, contrairement à ce qu’estiment les Saoudiens et les Américains.
Ces attaques sans précédent prouvent en tous cas que l’Arabie saoudite est vulnérable. Le président russe Vladimir Poutine, qui participait au sommet d’Ankara, a proposé à Riyad de lui fournir des missiles russes pour la défense de son territoire. Moscou, allié de Téhéran en Syrie, appelle également la communauté internationale à « ne pas tirer de conclusions hâtives » sur l’origine des attaques.
Le « risque d’escalade » inquiète l’Otan
Le chef de l’OTAN Jens Stoltenberg a également réagi, condamnant « fermement » les attaques visant le pétrole saoudien. Il dit « suivre la situation de très près » et appelle « toutes les parties à faire en sorte de prévenir de nouvelles attaques, parce que cela peut avoir des conséquences négatives sur la région toute entière ». Le secrétaire général de l’OTAN se dit « extrêmement préoccupé par le risque d’escalade ».
« Nous sommes aussi préoccupés par ce que nous voyons de la part de l’Iran surtout, a-t-il poursuivi. L’Iran soutient différents groupes terroristes et est responsable d’activités qui déstabilisent la région. Il y a aussi le programme de missiles iraniens. Enfin tout le monde est d’accord pour dire que l’Iran ne devrait pas être en mesure de développer l’arme nucléaire. »
La procureure de la CPI fait appel de l’acquittement de Gbagbo et Blé Goudé
La procureure de la Cour pénale internationale (CPI) Fatou Bensouda a fait appel ce lundi 16 septembre de l’acquittement de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé, l’ancien chef des Jeunes patriotes de Côte d’Ivoire.
La procureure de la Cour pénale internationale (CPI) a ouvert, lundi 16 septembre, un nouveau chapitre dans l’affaire intentée contre Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé. Fatou Bensouda a fait appel de la décision d’acquittement rendue le 15 janvier, dénonçant des vices de procédure et demandant en conséquence l’annulation des acquittements prononcés en faveur de l’ex-chef d’État et de l’ancien chef des Jeunes patriotes, et la relance du procès.
Mi-janvier, deux juges sur trois avaient constaté « l’extrême faiblesse » du dossier présenté par l’accusation au cours de ce procès-fleuve ouvert fin janvier 2016. Ils avaient aussi dénoncé la partialité de la thèse du procureur, la jugeant très éloignée des réalités de la crise ivoirienne.
Lors des audiences, l’accusation avait tenté de démontrer que Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé auraient élaboré une politique d’État dans l’objectif de conserver le pouvoir, en ciblant les partisans d’Alassane Ouattara. Au cours de sa démonstration, le procureur avait largement fait l’impasse sur la présence d’une rébellion favorable au nouveau chef d’État, de crainte d’affaiblir sa thèse.
La procureure dénonce des vices de procédure
Suite à la présentation du dernier témoin du procureur, en janvier 2018, les avocats des deux ivoiriens auraient dû appeler leurs témoins à décharge, mais avaient estimé qu’il n’y avait rien à contrer dans le dossier de l’accusation et demandé l’acquittement, accordé un an plus tard par deux des trois juges.
La procureure reproche aujourd’hui à la chambre de première instance de ne pas avoir rendu son jugement dans les formes et de n’avoir motivé les acquittements que six mois plus tard, en juillet. Fatou Bensouda estime en outre que les juges auraient fait une « évaluation incorrecte ou déraisonnable » des preuves présentées lors du procès, quelque 82 témoignages et 4 000 pièces à conviction. La magistrate gambienne estime, en substance, que les juges ont placé la barre trop haute dans leur évaluation.
Conditions maintenues
Cette nouvelle étape de l’affaire ne change rien à la situation des deux Ivoiriens. Depuis leur libération le 1er février, Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé sont soumis à une série de conditions imposées par la Cour. L’ex-président réside à Bruxelles, sous contrôle judiciaire, et ne peut quitter la capitale belge sans l’autorisation de la CPI. Quant à Charles Blé Goudé, il se trouve toujours à La Haye, faute d’avoir trouvé un État tiers pour l’accueillir.
La procureure a jusqu’au 15 octobre pour déposer son mémoire. Les avocats ont jusqu’au 16 décembre pour lui répondre. Les textes de la Cour ne fixent aucun délai à la chambre d’appel pour rendre sa décision.
Du côté de la défense, la démarche de la procureure est loin d’être une surprise, explique maître Emmanuel Altit, l’avocat de l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo.
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