Le Yémen, déjà ravagé par cinq ans de guerre civile, s’est enfoncé encore davantage dans le chaos samedi 10 août avec la prise du palais présidentiel à Aden par des combattants séparatistes, après plusieurs jours d’affrontements avec les soldats gouvernementaux, alors qu’ils sont alliés depuis 2015. Le gouvernement yéménite, principalement basé à Riyad, a accusé samedi les Émirats arabes unis d’être « responsables du coup d’État ». La coalition dirigée par les Saoudiens qui appelait samedi à un cessez-le-feu « immédiat » à Aden a frappé une position séparatiste ce dimanche matin.

Selon des sources militaire et sécuritaire, des combattants séparatistes s’étaient déjà emparés plus tôt dans la journée de trois casernes des forces gouvernementales à Aden, où le pouvoir loyaliste a établi son siège, depuis que la capitale historique du pays, Sanaa, dans le Nord, est aux mains des rebelles Houthis.

Depuis mercredi, des affrontements opposent ces combattants séparatistes aux soldats du gouvernement, et cela alors que tous sont, en théorie, alliés depuis 2015 au sein d’une coalition emmenée par le pouvoir saoudien à Riyad et le gouvernement émirati d’Abou Dhabi. Cette coalition arabo-sunnite hétéroclite lutte dans le nord du pays contre les rebelles chiites Houthis, soutenus par l’Iran.

Les combats à Aden entre éléments séparatistes du « Cordon de sécurité », soutenus par les Emirats arabes unis, et troupes du gouvernement, ont fait au moins 18 morts –combattants et civils–, selon des médecins et des sources de sécurité. Selon l’organisation Médecins sans frontières (MSF), plus de 75 personnes blessées ont été soignées dans un hôpital relevant de cette ONG depuis vendredi.

Avant même que le palais présidentiel ne tombe, le vice-ministre des Affaires étrangères, Mohammed al-Hadhrami, du gouvernement Hadi avait condamné via Twitter un « coup d’Etat contre les institutions légitimes » du Yémen.

De son côté, le ministre émirien des Affaires étrangères Abdallah ben Zayed s’est déclaré « très inquiet » et a affirmé « mettre en œuvre tous les efforts possibles pour calmer la situation et aboutir à une désescalade ».  Il a appelé l’envoyé spécial des Nations unies pour le Yémen Martin Griffiths à faire de même, selon une déclaration à l’agence de presse officielle émirienne WAM.

L’Arabie saoudite appelle à une « réunion d’urgence »

La coalition dirigée par les Saoudiens combattant au Yémen a appelé samedi à un cessez-le-feu « immédiat » à Aden et à une « d’urgence » des parties en conflit. « La coalition appelle à un cessez-le-feu immédiat dans la capitale provisoire yéménite (Aden, ndlr) (…) et affirme qu’elle utilisera la force militaire contre quiconque le violerait », a déclaré un de ses porte-parole cité par l’agence de presse officielle saoudienne.

« Le Royaume (d’Arabie Saoudite) invite le gouvernement du Yémen et toutes les parties au conflit à Aden à une réunion d’urgence (…) en Arabie Saoudite pour discuter de leurs différends, pour laisser une chance à la sagesse et au dialogue, pour renoncer aux divisions, pour mettre fin au conflit et pour s’unir », a de son côté écrit sur Twitter le ministère saoudien des Affaires étrangères.

Russie : des milliers de manifestants à Moscou pour des “élections libres”

Plusieurs dizaines de milliers de manifestants, selon une ONG, ont manifesté dans les rues de la capitale russe pour le quatrième week-end consécutif. Plusieurs dizaines de personnes ont été arrêtées. 

Environ 40.000 personnes se sont rassemblées samedi à Moscou pour protester contre l’exclusion des candidats d’opposition aux élections locales de septembre selon l’ONG Compteur Blanc, spécialisée dans le comptage des manifestants. “A 15H, 40.000 personnes”, a annoncé l’ONG sur sa page Facebook, faisant de cette manifestation autorisée un succès pour l’opposition russe en dépit de l’absence de tous ses leaders, condamnés à de courtes peines de prison. C’est le quatrième week-end consécutif de protestation dans la capitale russe. 

Encadré par une forte présence policière, le rassemblement à démarré sous la pluie à 14H sur l’avenue Sakharov, près du centre de la capitale russe, le seul lieu pour lequel les autorités ont donné leur accord. Au début officiel de la manifestation, environ 7.200 personnes étaient présentes selon l’ONG Compteur Blanc, qui comptabilise les manifestants. Dans le calme, ceux-ci portaient des pancartes sur lesquelles était écrit “Donnez-nous le droit de vote” ou “Vous nous avez assez menti” tandis que d’autres brandissaient des drapeaux russes ou les portraits d’activistes arrêtés lors des précédentes manifestations.

Plusieurs dizaines de manifestants ont été arrêtés après le rassemblement, alors qu’ils comptaient protester devant l’administration présidentielle russe. 

Le 20 juillet, pour la dernière manifestation autorisée par les autorités locales, plus de 20.000 personnes avaient répondu à l’appel sur cette même avenue Sakharov. Interdits, les deux rassemblements suivants se sont soldés par respectivement 1.400 et un millier d’interpellations, témoignage d’un durcissement de la répression face à la contestation

De nombreux opposants arrêtés 

Ce durcissement s’exprime aussi par les nombreuses perquisitions ayant visé des opposants ou de simples manifestants, l’ouverture d’une enquête pour “blanchiment” visant l’organisation du chef de file de l’opposition Alexeï Navalny, et les courtes peines d’emprisonnement auxquelles ont été condamnés presque tous ses alliés politiques. 

Parmi les leaders de l’opposition libérale, seule l’avocate Lioubov Sobol était encore en liberté grâce à son enfant, la loi russe interdisant les peines de détention administratives pour les femmes ayant des enfants en bas âge. Elle a toutefois été interpellé avant la manifestation après une perquisition de la police dans son local de campagne. Si l’opposition est décimée, plusieurs personnalités parfois éloignées de la politique ont annoncé leur intention de manifester, comme le Youtubeur Iouri Doud ou l’un des rappeurs les plus populaires de Russie, Oxxxymoron. Celui-ci est apparu à la manifestation portant un t-shirt de soutien à Egor Joukov, un étudiant de 21 ans emprisonné.