Haïti : l’élection de Jovenel Moïse à la présidence de la République est confirmée

Le scrutin s’était tenu le 20 novembre 2016. Ce résultat met un terme au long processus électoral démarré en octobre 2015, qui a paralysé le pays le plus pauvre de la Caraïbe.

Le Monde avec AFP Publié le 04 janvier 2017 à 00h29 – Mis à jour le 04 janvier 2017 à 08h03

Jovenel Moïse a été confirmé mardi 3 janvier président élu d’Haïti avec 55,60 % des suffrages au premier tour, selon les résultats officiels publiés sur le site Internet du Conseil électoral provisoire. Le scrutin s’est tenu le 20 novembre 2016. Ce résultat met un terme au long processus électoral débuté en octobre 2015, qui a paralysé la vie politique du pays le plus pauvre de la Caraïbe.

A 48 ans, M. Moïse, un entrepreneur agricole, va commencer sa carrière politique en prenant le 7 février la succession de Jocelerme Privert. Ce dernier avait été choisi comme président provisoire en février 2016 par le Parlement après le départ sans successeur élu de Michel Martelly.

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Le premier tour de l’élection présidentielle s’était initialement tenu en octobre 2015 et, là aussi, M. Moïse était arrivé en tête. Mais en raison de contestations et de fraudes massives, le vote avait été annulé. Reprogrammé le 20 novembre 2016, le scrutin s’était déroulé sans incident majeur.

« Pas de fraudes massives »

Des résultats préliminaires, annoncés le 28 novembre, créditaient M. Moïse, du Parti haïtien Tèt Kale (PHTK), de plus de 55 % des suffrages. M. Martelly représentait ce parti. Mais cette victoire avait été immédiatement contestée par ses principaux concurrents.

Après une semaine de vérification des bulletins de vote, le tribunal électoral a finalement rendu son verdict : « Il n’y a pas eu de fraudes massives, néanmoins l’analyse des 12 % des procès-verbaux a révélé des irrégularités qui ne sauraient affecter le processus. »

Les résultats définitifs publiés mardi octroient 55,60 % des suffrages à M. Moïse, suivi par Jude Célestin, du parti Lapeh (19,57 %), puis Moïse Jean-Charles, du parti Pitit Dessalines (11,04 %), et Maryse Narcisse, du parti Fanmin Lavalas (9,01 %).

S’il a remporté l’élection dès le premier tour, Jovenel Moïse ne jouit cependant pas d’une grande popularité dans le pays, car le taux de participation n’a été que de 21 %.

Pays le plus pauvre de la Caraïbe

Depuis des mois, l’instabilité politique paralyse le développement économique du pays le plus pauvre de la Caraïbe, où plus de 60 % des habitants survivent avec moins de 2 dollars par jour. La dette haïtienne s’élève aujourd’hui à plus de 2 milliards de dollars et, faute d’investissements publics comme privés, la croissance ne devrait être que de 1 % en 2017.

Près de sept ans après le séisme qui a tué plus de 200 000 personnes en janvier 2010, 55 000 Haïtiens vivent toujours dans des camps de fortune, selon l’Organisation internationale des migrations.

Et le puissant ouragan Matthew au début d’octobre a causé pour plus de 2 milliards de dollars de dégâts dans le sud du pays.

20 novembre 2016

Élection de Jovenel Moïse à la présidence d’Haïti

Texte rédigé par l’équipe de Perspective monde

Un an après le report du deuxième tour de l’électionprésidentielle haïtienne prévu pour décembre 2015, Jovenel Moïse obtient l’appui de 55,6 % de ses concitoyens lors d’un scrutin qui se déroule le 20 novembre 2016. Ce résultat est toutefois contesté par des candidats défaits selon qui ce vote aurait été entaché par des irrégularités.

Conformément à la Constitution, le président haïtien Michel Martelly doit quitter son poste au terme de son mandat, en 2015. Pour lui succéder, il annonce son appui à Jovenel Moïse, un entrepreneur agricole impliqué dans l’exportation de bananes. Celui-ci porte les couleurs du Parti haïtien Tèt Kale et se présente dans la continuité du président sortant. Lors du premier tour de l’élection présidentielle, le 25 octobre 2015, Moïse arrive en tête des 54 candidats avec 32,8 % des voix, devançant Jude Célestin de la Ligue alternative pour le Progrès et l’Émancipation haïtienne qui obtient 25,3 % des appuis. Ces résultats sont toutefois contestés et entraînent même des violences dans les rues. Prévu pour décembre, le deuxième tour est reporté en janvier, puis en avril 2016. Élu par l’Assemblée nationale, Jocelerme Privert succède à Martelly sur une base intérimaire, alors qu’une commission qui a identifié des irrégularités dans le scrutin d’octobre 2015 annonce en mai 2016 qu’il faut reprendre le vote au complet en octobre. Après un autre report, provoqué par le dévastateur ouragan Matthew, il a finalement lieu le 20 novembre 2016. Cette fois, Moïse récolte une majorité des voix, soit 55,6 %, ce qui lui donne la victoire même si seulement 21 % des électeurs s’expriment. Il devance nettement Célestin et Jean-Charles Moïse de la Plateforme du Pitit Dessalines qui obtiennent respectivement 19,6 % et 11 % des voix. Malgré l’absence d’incidents majeurs la journée du 20 novembre, les candidats vaincus dénoncent des tricheries. Le dévoilement des résultats par le Conseil électoral provisoire (CEP), le 28 novembre, est suivi par des manifestations dans les rues, notamment dans la populeuse commune de Delmas. De plus, des dossiers de contestation officielle sont déposés par des partis d’opposition. Trois des neuf membres du CEP avaient d’ailleurs exprimé leur dissidence lors de la divulgation des résultats.

Jean-Michel Caroit, « Jovenel Moïse, « petit paysan qui réussit », nouveau président haïtien »

«…Le président par intérim, Jocelerme Privert, a lancé un appel au calme lundi, quelques heures avant la publication des résultats. « Le recours à des actes de violence ne peut que gâcher les fruits de cette belle journée que nous avons tous construite le 20 novembre », a déclaré le président. « Le pays vit des moments dramatiques, il a besoin de l’apaisement social, du calme, de la sérénité et de la tranquillité , a ajouté M. Privert. Nous ne pouvons pas compromettre la stabilité politique que nous avons instaurée depuis neuf mois. » (…) Jovenel Moïse se présente comme « un petit paysan qui réussit. Il était inconnu sur la scène politique lorsque Michel Martelly l’a choisi comme dauphin. Ce producteur de bananes est à la tête d’une plantation de mille hectares. Il veut relancer le secteur de l’agriculture, en créant dix zones de production pour l’exportation, et reconstituer l’armée, dissoute en 1995 par Jean-Bertrand Aristide. Bénéficiant de l’appui de la plupart des familles riches de l’oligarchie haïtienne et du soutien discret d’entreprises de la République dominicaine voisine, Jovenel Moïse a disposé de moyens financiers beaucoup plus importants que ses compétiteurs. Selon Pierre Espérance, militant des droits de l’homme, Jovenel Moïse a dépensé plus en publicité que les vingt-six autres candidats réunis. « Le retard pris par le processus électoral a permis à Jovenel de se détacher du clan corrompu de Martelly et de ne plus apparaître comme la créature de l’ancien président », analysait Réginald Boulos, l’une des figures les plus en vue du monde des affaires. »

Le Monde (France), 30 novembre 2016, p. 4.

Aude Massiot, « Haïti : des élections au bout du rouleau »

«…L’avenir de la démocratie est en jeu avec ces élections, affirme Jocelerme Privert, le président par intérim depuis le 14 février. «C’est la première fois que nous aurons une élection où toutes les chances sont égales pour tout le monde, parce que l’exécutif a choisi de ne pas s’immiscer dans le processus électoral», a-t-il affirmé à la radio. Si ces scrutins ne peuvent être menés à terme et leurs résultats validés, le pays basculera dans «l’anarchie et le chaos» , assure-t-il. (…) Ces événements illustrent le climat de plus en plus tendu dans le pays, alors qu’une partie de la population soupçonne les autorités de s’accaparer l’aide internationale. Avec les multiples ajournements électoraux et les conséquences désastreuses de la tempête Matthew, la population ne s’est pas intéressée à la campagne. L’exécutif et le CEP craignent une abstention importante qui ferait perdre toute légitimité au scrutin. « Ce vote est très important pour le pays, car il pourrait signifier une reprise en main des institutions et une prise de distances avec la communauté internationale, qui finance à 75 % le scrutin , explique Frédéric Thomas, chercheur en sciences politiques au Centre tricontinental à Louvain-la-Neuve. Pour cela, il faudrait qu’il y ait un fort taux de participation, qui en général ne dépasse pas les 30 % dans le pays.» »

Libération (France), 19 novembre 2016, p. 9.

Roromme Chantal (propos recueillis par Jean-Frédéric Légaré-Tremblay), « Dans la présidentielle, la « bataille des ex »»

«…en Haïti, les politiciens cèdent facilement à la tentation de mobiliser des slogans faciles qui flattent les instincts de l’électorat, plutôt que d’articuler leur programme suivant une ligne idéologique qui lui donnerait une cohérence et une intelligibilité propres. Jovenel Moïse, à droite sur l’échiquier politique, connu comme l’« homme de la banane », en référence à sa plantation de bananes, a fait de la relance de la production nationale la principale attraction de sa campagne. Jude Célestin, de centre gauche, ancien responsable de l’organisme gouvernemental Centre national des équipements, a acquis une certaine popularité pour avoir participé activement au déblayage des rues après le tremblement de terre de 2010 et à la restauration d’un nombre important de kilomètres de routes. Il a naturellement fait de la continuation des grands chantiers en infrastructures routières son cheval de bataille électorale. Maryse Narcisse, plus fidèle à la tradition de gauche de son parti, Fanmi Lavalas, fait miroiter des projets sociaux comme la construction de logements sociaux, d’écoles et d’hôpitaux. À bien des égards, les programmes se chevauchent. De la sorte, cette élection n’a pas été pour les candidats l’occasion d’aborder les « vraies affaires » : la laborieuse reconstruction du pays après le séisme de janvier 2010 et, depuis l’ouragan Matthew, un plan cohérent de relance économique, de renforcement institutionnel et de stabilisation politique. »

Le Devoir (Québec, Canada) 23 novembre 2016, p. A5.

S.A., « Haiti’s presidential election : The banana man cometh »

«…What sort of president Mr Moïse will turn out to be is a mystery. Like his rivals, he talked a lot about boosting agriculture and manufacturing, and promised to clean up corruption, which was rife in Mr Martelly’s administration. He offered few serious policy proposals. He may follow Mr Martelly in welcoming foreign investment. Some analysts think Mr Moïse, who comes from northern Haiti, will try to rebalance the economy away from Port-au-Prince, which produces two-thirds of the country’s GDP. Economists hope that Mr Moïse will encourage investment in rural areas, where more than half of Haitians work, and fight deforestation, which exacerbates the effects of hurricanes and other natural disasters. Other priorities are improving infrastructure, strengthening land-ownership rights and reforming the judiciary. But the new president’s first job on taking office in February, assuming that his victory is confirmed, will be to bring back a semblance of political stability. »

Haïti : premier tour de la présidentielle annulé, nouveau scrutin début octobre

Le président du conseil électoral provisoire a annoncé l’annulation et le report du premier tour de la présidentielle haïtienne au 9 octobre. Une nouvelle échéance qui, selon les autorités du pays, ouvrira la voie à une sortie de crise politique.

Les Haïtiens devront encore patienter pour avoir un nouveau président. Lundi 6 juin, le président du conseil électoral provisoire a annoncé que le premier tour de la présidentielle haïtienne avait été annulé et qu’un nouveau scrutin se tiendrait début octobre, ouvrant la voie à une sortie de crise politique autant qu’aux critiques sur un processus qui s’enlise.

“Le conseil a décidé la reprise du premier tour de l’élection présidentielle” a déclaré Léopold Berlanger, le président du conseil électoral provisoire (CEP), annonçant que les deux tours de la présidentielle en Haïti auront lieu le 9 octobre prochain et le 8 janvier 2017.

Remettre le pouvoir à un président élu

En prenant cette décision, le CEP a suivi les conclusions du rapport de la commission de vérification électorale qui avait recommandé lundi dernier, après un mois de travail sur les documents électoraux, l’annulation du premier tour du scrutin présidentiel, tenu le 25 octobre 2015, en raison de fraudes.

De son côté, le président haïtien par intérim, Jocelerme Privert, a annoncé lundi qu’il resterait à son poste jusqu’à l’an prochain avant de remettre le pouvoir à un président élu, à moins que le Parlement ne s’y oppose.

Un “coup d’État électoral”

Les résultats du premier tour avaient été largement contestés par l’opposition qui avait condamné un “coup d’État électoral” au profit de l’ancien président, Michel Martelly. Le candidat du pouvoir Jovenel Moïse avait recueilli 32,76 % des voix contre 25,29 % pour Jude Célestin.

En expliquant qu’il était notamment impossible de retracer l’origine de 40 % des votes, la commission a confirmé les accusations de fraudes formulées par l’opposition et les principales organisations de la société civile.

S’il n’a pas été décidé l’annulation des législatives qui s’étaient pourtant tenues le même jour et donc dans les mêmes conditions, l’avenir de certains parlementaires en poste depuis janvier est néanmoins remis en question. “Le conseil a décidé d’examiner, au cas par cas, 42 dossiers concernant des députés et sénateurs, signalés au CEP par la commission dans son rapport”, a indiqué Léopold Berlanger qui n’a pas nommé les 3 sénateurs et 39 députés concernés.

Un nouveau marathon électoral

Les 54 candidats en lice lors du vote d’octobre dernier ont jusqu’au 22 juin pour confirmer au CEP leur participation à la nouvelle élection présidentielle.

Haïti entame donc un nouveau marathon électoral car, en plus de la présidentielle, le pays va aussi organiser le deuxième tour des législatives partielles, toutes les élections locales, certaines initialement prévues en 2011, ainsi que les deux tours pour le renouvellement d’un tiers du sénat.

>> À (re)lire sur France 24 : Haïti : l’élection présidentielle dans l’impasse

Le Core Group, qui réunit les missions des Nations unies et de l’Organisation des États d’Amérique ainsi que les ambassades de plusieurs pays dont la France et les États-Unis, appelle dans un communiqué au respect du nouveau calendrier. Il s’est toutefois déclaré “vivement préoccupé par la décision de reprendre l’élection présidentielle qui aura des conséquences en matière financière et allongera le processus électoral débuté en 2015”.

Avec AFP

Le Conseil Electoral Provisoire a annoncé lundi l’annulation du premier tour de l’élection présidentielle et l’organisation d’un nouveau scrutin le 9 octobre 2016.

Cette décision vise à inscrire le pays dans la perspective d’une sortie de la crise politique et institutionnelle majeure ouverte à la suite du premier tour des élections générales le 25 octobre 2015, dont les résultats ont été fortement contestés par l’opposition qui a dénoncé des fraudes généralisées.

Le processus électoral a été interrompu et le second tour des élections a été reporté plusieurs fois, alors qu’un exécutif provisoire était nommé en février 2016 (Guyaweb du 07/02/2016).

Eviter les fraudes

La validité des scrutins contestés a l’objet d’une analyse par une Commission indépendante qui a conclu lundi 30 mai 2016 à la réalité de fraudes massives et a recommandé l’organisation de nouvelles élections.

Le Conseil Electoral Provisoire (CEP) a donc suivi cet avis en annonçant ce lundi 6 juin l’organisation de nouveaux scrutins, le premier tour de l’élection présidentielle étant prévu le 9 octobre 2016 et un éventuel second tour le 8 janvier 2017.

Les 54 candidats en lice pour le scrutin présidentiel annulé pourront se représenter et des mesures de sécurité renforcées sont prévues pour éviter les fraudes et garantir la crédibilité de ces nouvelles élections.

Un défi redoutable

Le second tour des élections législatives partielles et les élections locales doivent aussi être organisés, le CEP ayant annoncé qu’il allait se pencher sur les cas litigieux de 42 parlementaires élus lors du premier tour contesté du 25 octobre 2015.

La tenue de nouveaux scrutins, si elle ouvre pour Haïti la perspective d’une stabilisation politique et institutionnelle, représente néanmoins pour le pays le plus pauvre des Amériques un défi redoutable en termes d’organisation matérielle et de financement.

Jessica Succès*, CRHA est conseillère en ressources humaines dans une PME. Il y a quelques mois, elle a été appelée à réaliser une enquête en matière de harcèlement psychologique. Jugeant qu’elle n’a ni les connaissances ni l’expérience pour effectuer ce mandat, elle a aussitôt pensé à faire appel à un confrère, Jérôme Dostie, CRIA*, reconnu pour sa feuille de route impressionnante en la matière. Quelques semaines après le début de l’enquête, une employée l’informe toutefois que Jérôme ne serait pas membre de l’Ordre. Après vérification, Jessica constate que c’est effectivement le cas; mais elle se demande si elle doit poursuivre le mandat avec Jérôme puisqu’après tout, il a l’expérience pour le faire. *Noms fictifs

Jessica a eu un bon réflexe en décidant de ne pas effectuer seule le mandat qui lui a été confié. En agissant de la sorte, elle veille au meilleur intérêt de son client et se conforme à son obligation déontologique de ne pas accepter de mandat pour lequel elle n’a pas la compétence requise. Elle a toutefois agi trop rapidement en confiant aussitôt le mandat à un confrère qu’elle croyait membre de l’Ordre, sans d’abord obtenir l’autorisation de la direction. Selon son Code de déontologie, lorsque le bien de son client le nécessite, elle doit – mais avec l’autorisation de ce dernier – consulter une autre personne compétente ou le diriger vers l’une de ces personnes (article 36 du Code de déontologie).

  • 1973
    Année où le titre de CRIA est officiellement créé et réservé aux membres de l’Ordre
  • 2000
    Année où le titre de CRHA est officiellement créé et réservé aux membres de l’Ordre

S’il est vrai que Jérôme possède de l’expérience dans le domaine, il usurpe néanmoins le titre professionnel CRIA. Se prétendre faussement membre d’un ordre professionnel est une infraction pénale actuellement punissable d’une amende allant de 1500 $ à 20 000 $ (articles 36 (f) et 188 du Code des professions).

Cette lourde sanction s’explique par le fait que de tels agissements mettent en danger la protection du public qui croit faire affaire avec un professionnel assujetti à un Code de déontologie et à des instances disciplinaires. Le titre professionnel laisse aussi croire qu’à titre de membre de l’Ordre, Jérôme détient une assurance de sa responsabilité professionnelle en cas d’erreurs, fautes, négligences ou omissions commises dans l’exercice de ses activités, ce qui n’est pas le cas. Il donne aussi au client une fausse garantie relative à la mise à jour de ses compétences professionnelles, puisqu’il n’est pas soumis à la formation continue obligatoire ni à l’inspection de sa pratique professionnelle.

Ces quatre lettres CRIA ont donc eu un impact certain sur la décision de Jessica de confier le mandat à Jérôme. Mais du moment où elle a connaissance qu’il n’est pas membre de l’Ordre, elle se doit de le signaler à la direction en lui fournissant toutes les explications nécessaires à sa prise de décision de continuer ou non le mandat avec Jérôme (art. 38 alinéas 2 et 3 du Code de déontologie). Vu la nature sensible du mandat d’enquête en matière de harcèlement psychologique, Jessica devrait certainement, parmi ses explications, mentionner que Jérôme n’est pas tenu de respecter le secret professionnel ni de garantir la confidentialité des informations, puisqu’il n’est pas assujetti à un Code de déontologie. De la sorte, elle fera preuve de transparence envers son client et contribuera à maintenir sa relation de confiance avec la direction (article 33 du Code de déontologie).

Enfin, en tant que professionnelle, Jessica ne peut faire fi du fait que Jérôme porte le titre CRIA, car elle sait qu’il n’est pas inscrit au Tableau de l’Ordre. Son Code de déontologie stipule que de laisser une personne qui n’est pas inscrite au tableau de l’Ordre porter un titre ou s’attribuer des initiales réservés aux membres de l’Ordre ou laisser croire qu’elle est membre de l’Ordre constitue un acte dérogatoire à la dignité de la profession.

Il en va de même du fait de ne pas informer le secrétaire de l’Ordre en temps utile que Jérôme utilise un titre réservé aux CRHA et CRIA alors qu’elle sait qu’il n’est pas inscrit au tableau de l’Ordre. Jessica ne peut donc tolérer cette situation et doit en informer le secrétaire de l’Ordre (article 50 (6) du Code de déontologie). Il en va de la protection du public.

Source : Revue RH, volume 19, numéro 5, novembre/décembre 2016.


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