Depuis plusieurs semaines, des citoyens haïtiens ont repris la construction d’un canal sur la rivière Massacre, débutée durant la présidence de Jovenel Moïse. Cette initiative a suscité de vives réactions chez les autorités dominicaines qui réclament ni plus ni moins que l’arrêt total de la construction du canal. Pour les autorités du territoire voisin, cet ouvrage est une violation du traité de paix signé entre les deux pays en 1929.

Intervenant sur ce conflit, le journaliste haïtien vivant en République dominicaine Ives Marie Chanel a d’abord pointé du doigt le laisser-aller de plusieurs générations de dirigeants haïtiens.

« Cette situation est le résultat d’une absence de gouvernance du côté d’Haïti. Une absence de gouvernance qui ne date pas d’hier, mais qui est encore bien présente aujourd’hui », a fait remarquer Ives Marie Chanel.

« Les autorités haïtiennes ne prennent pas en charge cette question. Du côté de la République dominicaine, par exemple, toutes les instances concernées assument leurs responsabilités; des responsables de plusieurs institutions dominicaines se sont rendus à la frontière alors que du côté haïtien les autorités sont pratiquement absentes », a déploré Ives Marie Chanel.

 Les autorités doivent prendre en charge la situation.

Ives Marie Chanel invite les autorités haïtiennes à agir au plus vite pour reprendre en main cette situation. Selon lui, le risque d’escalade dans ce conflit est bel et bien présent.

« Les autorités ne peuvent pas laisser la population gérer seule ce problème, parce que, dans une telle situation, ce conflit peut avoir des conséquences dramatiques. Prenons par exemple les citoyens qui construisent le canal, ils sont très émotifs et hostiles aux soldats dominicains cantonnés à quelques mètres; dans ce cas de figure, à n’importe quel moment il peut y avoir une échauffourée et mort d’homme; la situation risque de s’aggraver », a mis en garde monsieur Chanel.

« Dans cette situation, prévenir vaut mieux que guérir; les autorités doivent donc se positionner et entamer, le cas échéant, des négociations avec les autorités dominicaines pour que des équipes techniques soient constituées pour superviser la construction ou pour demander un arbitrage international », a-t-il ajouté.

 La fermeture de la frontière, une démarche électoraliste.

Alors que, pour protester contre la construction d’un canal sur la rivière Massacre côté haïtien, la République dominicaine a annoncé, lundi 11 septembre, la fermeture de la frontière, Ives Marie Chanel estime que cette démarche des autorités dominicaines est avant tout une démarche électoraliste qui pénalise davantage les commerces dominicains.

« Les zones frontalières sont les zones les plus pauvres de la République dominicaine et elles vivent grâce au commerce binational, donc, quand la frontière est fermée, les commerçants dominicains subissent les conséquences de plein fouet, parce que ces derniers n’arrivent pas à écouler leurs produits », a expliqué Ives Marie Chanel.

Crédits-Photos: Twitter et Gazette Haïti.