Le Premier ministre Ariel Henry est intervenu samedi 25 septembre à la 76e Assemblée générale de l’ONU. N’ayant pas fait le déplacement jusqu’à New York, le chef du gouvernement a pris la parole par visioconférence. L’enquête sur l’assassinat du président Jovenel Moïse, le dialogue, le rétablissement des institutions démocratiques, le séisme du 14 août, ont été entre autres les points évoqués dans son discours.

Rendre justice au président Moïse. C’est une dette envers sa mémoire, envers sa famille et envers le peuple haïtien. L’enquête judiciaire en cours est difficile. Il s’agit d’un crime transnational. Et pour cela, nous sollicitons formellement une entraide judiciaire. C’est une priorité de mon gouvernement pour la nation tout entière. Car, ce crime ne doit pas rester impuni et les coupables, tous les coupables doivent être punis », a déclaré le Premier ministre.

Le premier ministre Ariel Henry a évoqué les migrants haïtiens qui ont traversé la frontière entre les États-Unis et le Mexique. Il n’a toutefois pas protesté contre les déportations massives de ces compatriotes.

Ariel Henry a également mentionné la publication dans le journal officiel Le Moniteur, « l’Accord politique pour une gouvernance apaisée et efficace de la période intérimaire »qu’il a négocié et signé avec des acteurs de la classe politique, des organisations populaires et des organisations de la société civile.

Haïti-États-Unis: 2000 Haïtiens expulsés, un caillou dans la chaussure de Biden

La crise à la frontière américaine est peut-être terminée sur le terrain ce vendredi. Alejandro Mayorkas, le ministre américain de la Sécurité intérieure, a bien indiqué qu’il n’y avait « plus de migrants » dans le camp sous le pont de Del Rio, entre le Texas et le Mexique, où des milliers de personnes étaient bloquées dans des conditions sordides depuis le mi-septembre.

Mais cette crise résonne encore dans le paysage politique américain. Avant l’annonce d’Alejandro Mayorkas, Joe Biden a dû prendre la parole après la publication d’images choquantes.

Sur des photos, des membres de la police aux frontières montent des chevaux et repoussent des migrants entassés avec violence. Sur d’autres, on aperçoit dans quelles conditions ces Haïtiens se sont retrouvés bloqués entre les États-Unis et le Mexique. Joe Biden a réagi en personne vendredi :

« Bien sûr que je suis responsable, je suis le président. Mais c’était horrible de voir ça. Voir des gens traités comme il l’ont été, chargés avec des chevaux, attachés… C’est scandaleux. Je vous promets que ceux qui ont fait ça vont payer.

Il y a une enquête en cours et il y aura des conséquences. C’est une honte. C’est même plus qu’une honte, c’est dangereux et c’est mal. Cela envoie un mauvais message au monde et chez nous. Ça n’est tout simplement pas nous. »

Ces images et la décision de l’administration américaine de renvoyer les migrants haïtiens chez eux ont provoqué de gros remous.

Jeudi, l’émissaire américain en Haïti, Daniel Foote a démissionné avec fracas, seulement deux mois après sa nomination. « Je ne serai pas associé à la décision inhumaine et contre-productive des États-Unis d’expulser des milliers de réfugiés et d’immigrants clandestins vers Haïti », a-t-il écrit au secrétaire d’État Antony Blinken, insistant bien sur la situation très difficile et dangereuse en Haïti après l’assassinat du président Jovenel Moïse le 7 juillet.

D’après Alejandro Mayorkas, quelque 2 000 personnes ont été expulsées vers Haïti. L’aile gauche américaine dénonce des décisions brutales, tandis que la droite pointe le laxisme de l’administration quant à la question de l’immigration et son manque de préparation face à cette crise.

Pour Joe Biden, qui se voulait en rupture avec les méthodes de son prédécesseur, Donald Trump, les événements de Del Rio risquent de coûter cher.