L’Américain, Warren Buffet, quatrième fortune mondiale, a estimé que sa holding, Berkshire Hathaway, avait perdu 50 milliards de dollars au premier trimestre en raison de la chute des marchés financiers consécutive à la pandémie de covid-19.

Pour autant, ces pertes sont largement fictives puisque le milliardaire américain conserve l’essentiel de ses actions. Il s’est contenté – et c’est un signal inquiétant pour le secteur – de revendre ses participations dans les quatre plus grandes compagnies aériennes du pays où il avait investi un peu plus de 7 milliards de dollars.

Face à la crise, Warren Buffet est optimiste. Il estime que l’Amérique se remettra de cette crise, comme elle s’est remise, dit-il de la Grande dépression, la crise de 1929. 

La crise du coronavirus provoque de lourdes pertes pour Airbus et Boeing

La crise financière et industrielle engendrée par la pandémie de coronavirus commence à se lire dans les résultats des entreprises du secteur aéronautique. Coup sur coup, les concurrents Airbus et Boeing ont dévoilé de très lourdes pertes au premier trimestre, au point que les emplois sont menacés.

Le constructeur américain Boeing a confirmé ce mercredi que 10 % de ses effectifs dans le monde seraient licenciés. Ces départs volontaires et ces licenciements secs frapperont la division aviation civile du géant de Seattle. Le directeur général Dave Calhoun en a informé par courrier interne les salariés en marge de la publication des résultats du premier trimestre. Ces derniers portent les stigmates de la crise initiée au mois de mars avec le confinement d’une grande partie des habitants de la planète. Le constructeur a enregistré une perte nette de 641 millions de dollars. Son chiffre d’affaires a dans le même temps plongé de 26,2 % sur un an.

Les livraisons d’avions civils, elles, ont chuté d’un tiers. Boeing a d’ailleurs annoncé qu’il allait réduire la cadence de production de ses avions. En particulier celle des long-courrier 787 et les 777. Privé des ventes de son 737 Max depuis un an, Boeing a décidé de trancher dans le vif pour faire des économies. En faisant cela, il n’est plus éligible au plan d’aide de l’administration américaine qui conditionne tout soutien au maintien des emplois.

Airbus dans le rouge lui aussi

Cela ne consolera peut-être pas le constructeur américain, mais le concurrent européen Airbus est dans le rouge aussi à l’issue du premier trimestre. Le PDG Guillaume Faury a annoncé un chiffre d’affaires en recul de 15 % et une perte nette de 481 millions d’euros. Quant à la trésorerie, le groupe « saigne de l’argent à une vitesse sans précédent », dit-il. Pour se maintenir, il avait signé en mars une ligne de crédit de 15 milliards d’euros et réduit d’environ un tiers la production. Mais les clients, à savoir les compagnies aériennes, sont à la peine.

Plusieurs d’entre elles annoncent des plans massifs de licenciement. British Airways envisage la suppression de 12 000 emplois sur les 42 000 qu’elle compte dans le monde. Dans le même temps, la compagnie scandinave SAS et l’islandaise Icelandair prévoient elles aussi des milliers de licenciements. Les syndicats britanniques dénoncent la position de British Airlines qui aurait pu, selon eux, négocier un soutien public pour éviter d’en arriver à ces licenciements massifs. Dans une lettre ouverte, les principales compagnies aériennes européennes ont profité d’une réunion des ministres des Transports de l’Union européenne ce mercredi pour demander un soutien urgent aux États, dont plusieurs évaluent encore leur intervention.

Côté français, après l’aide à Air France, le gouvernement n’exclut pas non plus de soutenir Airbus. Le ministre français de l’Économie l’a dit : l’État est prêt à aider massivement l’avionneur. Bruno Le Maire fait valoir que les aides promises à Air France, soit 7 milliards d’euros, pourront par ricochet soutenir les commandes d’avions à Airbus.

Qui dit soutien à Airbus, dit soutien aussi à toute la galaxie des sous-traitants qui dépendent de ce gros client. Au Royaume Uni, en Allemagne, et dans la région Occitanie en France, des dizaines de milliers d’emplois sont en jeu. Pour autant, Airbus se réserve de prendre des mesures plus drastiques concernant l’emploi en juin prochain, à l’issue du second trimestre. Un trimestre qui pourrait laisser encore plus de dégâts dans les finances.

Le maïs américain plombé par la chute du pétrole

Les cours du pétrole entraînent dans leur chute, aux États-Unis, ceux du maïs. Les prix de cette céréale sont, ces derniers jours, au plus bas depuis trois ans et demi.

Le plongeon inédit des cours du pétrole, en particulier celui produit aux États-Unis a causé par ricochet la baisse des prix du maïs à la Bourse de Chicago, premier marché de produits agricoles au monde. En effet, les mesures de confinement pour enrayer la propagation du coronavirus ont causé une chute de la consommation de carburants, dont l’éthanol.

Ce biocarburant est fabriqué à partir du maïs, qui est ensuite intégré à l’essence. Or un tiers de la production américaine est destinée à l’éthanol. Le ralentissement de la production de l’éthanol laisse un stock abondant de maïs aux États-Unis, premier producteur mondial. Parallèlement, une récolte de maïs record est attendue en 2020/2021, selon la Commission européenne. Les coûts de fret ont également diminué en raison de la baisse des prix de l’énergie.

Face à cette baisse des cours, Bruxelles a décidé de taxer à partir de lundi l’importation du maïs dans l’Union européenne. Ce mécanisme est mis en place pour protéger les producteurs européens quand les cours du maïs à la Bourse de Chicago dépassent un niveau plancher jugé faible. Pour le maïs américain, ce seuil est fixé à 152 euros la tonne sur le marché du port de Rotterdam aux Pays-Bas.