Aux États-Unis, Donald Trump a annoncé le gel des migrations au nom de la défense de l’emploi américain. Avec la crise du coronavirus, les migrants sont-ils devenus indésirables ? Aux États-Unis comme dans de nombreux autres pays d’accueil ?

Avec la fermeture des frontières et des consulats, les flux migratoires sont de faits gelés dans le monde entier, d’abord pour des raisons sanitaires et administratives. Pour le moment aux États-Unis seule l’attribution des green cards, des cartes vertes de résident permanent, est suspendu pendant deux mois d’après le décret signé mercredi par le président américain.

À l’exception de la Corée du Sud et du Japon qui ont suspendu tous les titres de séjour, la plupart des pays d’accueil ont rallongé la durée des permis pour permettre aux travailleurs étrangers de continuer à vivre sur place. En revanche beaucoup de ces travailleurs ont déjà perdus leur emploi, notamment dans les secteurs où ils sont très présents comme le bâtiment ou l’hôtellerie, totalement paralysés par le confinement.

Il y a des secteurs comme la santé où les travailleurs étrangers sont toujours bienvenus

Au Royaume-Uni où le Premier ministre Boris Johnson victime du Covid-19 s’est empressé de remercier Luis l’infirmier portugais et Jenny sa collègue de Nouvelle-Zélande qui ont veillé sur lui à l’hôpital, le gouvernement a prolongé d’un an tous les titres de séjour du personnel de santé. Et pour cause : 3 médecins sur 10, 18% des infirmières sont des travailleurs immigrés. La dépendance à l’égard de la main d’œuvre étrangère est très forte également dans l’agriculture, au Royaume-Uni comme dans la plupart des autres pays membres de l’OCDE. Même Donald Trump a reculé sous la pression desfarmers : ils pourront encore avoir recours à cette main d’œuvre temporaire.

Si l’Espagne a suspendu les 14 000 titres de séjour réservés aux Marocains pour la récolte des fruits et légumes, l’Allemagne (qui avait d’abord suspendu les permis réservés à la main d’œuvre agricole) en délivrera finalement deux fois 40 000 en avril et en mai à des ressortissants roumains ou bulgares. En Italie pour faire face aux besoins urgents, la ministre de l’Agriculture exige la régularisation de 200 000 clandestins. À la lumière du coronavirus on redécouvre à quel point la migration est indispensable au tissu économique des pays d’accueil. La pandémie révèle qu’en matière de migration, la dépendance est réciproque entre pays d’accueil et pays d’origine.