Le brasseur mexicain Grupo Modelo, qui commercialise notamment la bière Corona, a annoncé jeudi la suspension de ses activités, face à la propagation de la pandémie de coronavirus.

« Nous sommes en train de réduire la production de nos usines au strict minimum, pour conserver sans dommages nos installations et permettre une reprise de nos activités à l’avenir », a déclaré le plus grand brasseur du Mexique dans un communiqué. La suspension du processus de production et de commercialisation des bières du groupe (notamment Corona, Pacifico et Modelo) sera effective dimanche, a-t-il ajouté.

Cette mesure vise selon l’entreprise à se mettre en conformité avec un décret pris par le gouvernement mexicain le 31 mars, qui ordonne la suspension des activités non essentielles dans le pays jusqu’au 30 avril. Il prévoit toutefois des exceptions pour les secteurs clés de l’économie, comme l’agroalimentaire.

Ruée sur les étals de bière

Grupo Modelo a donc précisé que si les autorités confirmaient le caractère essentiel de la bière, l’entreprise était prête à mettre en oeuvre un plan de continuité de sa production, avec 75% de son personnel travaillant à distance. L’autre grand brasseur mexicain, Heineken – qui commercialise notamment les marques Tecate et Dos Equis -, pourrait suspendre ses activités vendredi, selon des informations du journal Reforma, qui n’ont pas été confirmées par l’entreprise.

Mercredi, le gouvernement de l’État du Nuevo Leon (nord), où se trouve le siège d’Heineken au Mexique, a déclaré que la production et la distribution de bière dans l’État ne devait pas être considéré comme une activité essentielle. Une annonce qui avait provoqué une ruée sur les étals de bière. Cinquante personnes sont décédées à ce jour du nouveau coronavirus au Mexique.

La question de savoir si l’alcool est une denrée de première nécessité en temps de coronavirus fait débat dans le monde. Si certains pays l’ont interdit, craignant notamment une augmentation de la violence familiale, d’autres ont choisi de laisser ouverts les magasins spécialisés. Pour des raisons économiques, sanitaires ou parce qu’un verre peut aider à supporter le confinement, qui touche à des degrés divers un humain sur deux à travers la planète.

Coronavirus: l’industrie automobile mondiale en chute libre

Parmi les principales victimes économiques du Covid-19 figure le marché automobile, touché de plein fouet. Le marché français encaisse une chute historique. Les constructeurs devront s’armer de patience. Partout dans le monde, le tableau est sombre.

L’effondrement du secteur mondial

Les prévisions pour les prochains mois sont très mauvaises. Cette crise sanitaire devrait peser durablement sur l’industrie automobile avec moins 20 % de ventes attendues sur l’année. Cet effondrement touche non seulement les groupes français, mais aussi leurs concurrents étrangers dans l’Hexagone. Le groupe allemand Volkswagen chute de près de 79 %. C’est à peine moins catastrophique pour BMW et Daimler-Mercedes. Pour l’automobile, le tableau est sombre partout. Ce n’est guère mieux dans les autres grands pays de production.

Au Japon, l’effondrement du marché a commencé il y a six mois. Mais là où Nissan et Mitsubishi, partenaires de Renault, poursuivent leur descente aux enfers avec respectivement 32 % et 49 % de baisse, Toyota limite les dégâts avec seulement 3 %. Dans le monde, le mois d’avril s’annonce dramatique, quasiment tous les constructeurs japonais ayant stoppé net leur production. Tout le monde pourrait y laisser les plumes. L’agence Moody’s prévoit pour 2020 un recul du marché de 21 % en Europe, de 15 % aux Etats-Unis, de 10 % en Chine et de 8 % au Japon.

La production automobile à l’arrêt

Que ce soit en Chine, en Europe ou aux États-Unis, les usines sont fermées. Face à ces arrêts forcés, certains constructeurs comme l’américain General Motors se sont mis à fabriquer des pièces pour les respirateurs artificiels. En France, PSA et Renault participent à l’effort national. C’est aussi le cas de certains équipementiers, comme Valéo. Toutes ces entreprises seront en plus privées de leur grand rendez-vous annuel, le Mondial de l’automobile, prévu en octobre à Paris et annulé par les organisateurs, du moins sous sa forme habituelle.

Reste la question du redémarrage des usines après le confinement. Tout le monde y pense déjà.

L’espoir pourrait venir de Chine. Sur le premier marché automobile mondial, les usines peinent à redémarrer après plus d’un mois de paralysie. Afin de permettre aux constructeurs automobiles gravement affectés par la pandémie de relancer leurs ventes, le gouvernement central envisage actuellement d’assouplir les quotas sur la production de voitures électriques. Ce dispositif serait toutefois temporaire.

Parallèlement, Pékin pourrait également repousser de six mois l’entrée en vigueur d’une nouvelle loi sur les émissions de particules fines. Cette loi pousse Tesla, Volkswagen, General Motors, Toyota, Geely et d’autres à accélérer leur production de véhicules propres, mais chers, au détriment de voitures thermiques plus rentables.

Coronavirus: un choc économique mondial résumé en quelques chiffres

Depuis que le coronavirus a mis un coup d’arrêt brutal à l’économie mondiale, statistiques effarantes et chiffres astronomiques se succèdent. En voici quelques-uns qui, des Bourses au secteur aérien en passant par l’emploi, racontent le choc historique que subit l’économie mondiale.

Zéro

Zéro avion Easyjet dans le ciel depuis que la compagnie britannique a décidé d’immobiliser toute sa flotte. Zéro avion commercial qui décolle d’Orly depuis que l’aéroport centenaire du sud de Paris s’est mis en sommeil mardi soir. La compagnie allemande Lufthansa garde au sol 700 de ses 763 avions.

Selon l’Association internationale du transport aérien, les compagnies aériennes ont besoin d’une aide d’urgence jusqu’à 200 milliards de dollars, sur fond de mesures de confinement et de fermetures de frontières. 

A Wall Street, le Dow Jones a enregistré le pire trimestre depuis 1987, en perdant 23% depuis le 1er janvier. En Europe, la chute est encore plus forte, frôlant les 30% sur les principales places.    

Les prix des deux barils de pétrole faisant référence, le Brent en Europe et le WTI aux Etats-Unis, ont été divisés par trois depuis le début l’année, pris en étau entre une demande en berne et une offre toujours plus abondante, sur fond de guerre des prix entre les principaux producteurs mondiaux.

Il s’agit de la plus lourde chute sur un trimestre depuis la création de ces contrats dans les années 1980.

8,3 millions de personnes dans la pauvreté

La pandémie laisse craindre une flambée mondiale du chômage et des inégalités. Outre-Atlantique, où même les employés en contrat longs peuvent facilement être limogés, les demandes d’allocations chômage ont explosé à plus de 3 millions au cours de la semaine du 15 au 21 mars, du jamais vu. 

100.000 recrutements chez Amazon

Plus de 150 dollars le 31 mars, contre 68 environ début janvier: l’action de la société de visioconférence américaine Zoom s’est envolée, au fur et à mesure qu’une planète confinée se convertissait au télétravail, du moins pour certaines professions. L’application est dans le collimateur de la justice américaine, inquiète du nombre croissant d’utilisateurs dont les réunions ont été piratées.

Pourquoi le coronavirus doit conduire à l’annulation de la dette africaine

D’ici deux à trois semaines, le coronavirus pourrait durement frapper l’ensemble du continent, a annoncé Vera Songwe, la directrice de la Commission économique pour l’Afrique des Nations unies. Quelles pistes pour stopper cette pandémie mortelle et en limiter les conséquences économiques ?

En Afrique, 10 millions de personnes pourraient succomber au Covid-19 a prévenu Bill Gates, il y a un mois. Pour empêcher cette hécatombe, les pays africains se claquemurent les uns après les autres. Ici comme ailleurs tuer l’économie est le prix à payer pour sauver des vies. Mais dans une région où la survie dépend souvent du travail effectué à l’extérieur, exiger des habitants de rester chez eux c’est demander l’impossible comme l’a dit en substance hier le président du Bénin Patrice Talon. Comment envisager sereinement leur prise en charge sanitaire quand le nombre de lits de réanimation est en moyenne de 50 par pays ? Le traitement du coronavirus va s’ajouter à un fardeau déjà bien lourd : l ‘Afrique, c’est presqu’un quart des cas de pathologies les plus lourdes comme la tuberculose, la malaria ou le VIH, mais seulement 1 % des dépenses globales de santé.

Pour faire face à l’urgence plusieurs gouvernements ont pourtant réussi à débloquer des fonds

Ils sont destinés en priorité à la santé. Le Ghana, l’Égypte ont pris des mesures de soutien aux entreprises. Le Ghana envisage de verser des aides directes aux ménages les plus fragiles via des paiements mobiles. Et dans les pays les plus riches du continent, le Nigeria et l’Afrique du Sud, les grandes fortunes privées sortent leur carnet de chèques pour soutenir l’effort de l’État. Mais pour le moment aucun État africain n’a les moyens de dégainer des milliards comme l’ont fait les pays occidentaux pour soutenir massivement leurs salariés et leurs entreprises paralysées par le confinement. Pour dépenser plus d’argent public, il faut pouvoir recourir à l’emprunt, or les États africains sont déjà à l’os. Pour stimuler la croissance ils ont emprunté tous azimuts. En sept ans le poids de la dette a triplé en Afrique subsaharienne, passant de 30 à 95 % du PIB.

Au moins une vingtaine de pays africains ont déjà fait appel au FMI ces derniers jours

Et pas seulement les plus pauvres. Le Ghana, qui aspire au statut de pays émergent, en a fait la demande mardi dernier. Ce week-end la locomotive du continent, l’Afrique du Sud, s’est aussi tourné vers les institutions internationales. Après avoir été rétrogradée dans la catégorie des émetteurs de dette dite spéculative par Moody’s, la dernière agence qui la soutenait encore. Le FMI a ouvert une ligne de crédit de 50 milliards de dollars dédiés aux émergents, dont 10 milliards pour les plus pauvres. Mais c’est bien en deçà des besoins réels. Il faudrait quatre fois plus selon le ministre des Finances ghanéen.

L’alternative prônée par les gouvernements africains comme par les experts du FMI : l’annulation de la dette. Le directeur du département Afrique du FMI, Abebe Aemro Selassie, prône l’effacement immédiat de la dette bilatérale et la suspension des remboursements dus au FMI. Aller au-delà est sans doute nécessaire mais hyper complexe car le tiers de la dette africaine est détenue par des créanciers privés. C’est cette dette privée qui génère les intérêts les plus élevés, mais négocier dans l’urgence avec cette nébuleuse d’acteurs, des banques, des fonds, des négociants en matières première relève du tour de force.