Alors que de plus en plus de pays ont fait le choix du confinement total de leur population pour enrayer la propagation du Covid-19, une grave récession menace l’économie mondiale. Les gouvernements tentent d’enrayer cette crise par des plans de soutien. Quels sont les mesures dont ils disposent ?

– Les États-Unis :

La première économie mondiale ne fait pas dans la dentelle face au coronavirus. Pas moins de 2 000 milliards de dollars ont été débloqués pour stabiliser l’économie du pays. Une somme considérable destinée à compenser la quasi-absence de la protection sociale aux États-Unis. Ainsi, chaque Américain dont les revenus annuels sont inférieurs à 75 000 dollars devra recevoir un chèque exceptionnel de 1 200 dollars, avec un montant additionnel de 500 dollars par enfant. S’ajoutent à cela d’autres mesures d’urgence : l’assurance-chômage allongée et étendue aux salariés indépendants, des prêts gouvernementaux aux petites entreprises déjà en détresse.

Ce plan est « une goutte d’eau » pour Andrew Cuomo, le gouverneur de New York. D’autant plus que le nombre de chômeurs risque d’augmenter très vite. « Pas moins de 46 millions de personnes pourraient se retrouver sans emploi à court terme aux États-Unis », a annoncé James Bullard, le président de la Réserve fédérale de Saint-Louis, l’une des 12 banques régionales supervisées par la Fed. « Il s’agit de personnes dont le métier implique des interactions avec le public et c’est exactement ce que nos autorités sanitaires déconseillent », a-t-il ajouté.

– L’Allemagne :

Un « bazooka » budgétaire a été également sorti par Berlin. Après avoir augmenté deux fois le plafond le gouvernement allemand a finalement décidé d’injecter dans l’économie du pays 1 100 milliards d’euros. Du jamais vu Outre-Rhin depuis la fin de la Seconde guerre mondiale. Une somme gigantesque et qui représente près d’un tiers de la richesse totale du pays durant une année. Au passage, pour pouvoir emprunter sur les marchés, Berlin a fait voter la suspension de la sacro-sainte orthodoxie budgétaire introduite dans la Constitution allemande en 2009, en pleine crise financière.

Le plan allemand comprend une série de mesures sociales, comme le recours au chômage partiel qui pourrait toucher 2 millions et demi de personnes. Un report de paiement pour les loyers des personnes privées et un soutien aux hôpitaux s’ajoutent à cela. Un Fonds de stabilisation économique sera créé avec le concours de la banque publique KfW pour aider les grands groupes et les PME confrontés aux problèmes de trésorerie. Une nationalisation partielle et provisoire de certains groupes n’est pas à exclure, non plus.

– La France :

300 milliards d’euros de prêts vont être débloqués par les banques aux entreprises touchées par la pandémie. Bruxelles a validé le plan français en vertu du nouvel encadrement temporaire des aides d’État, qui assouplit les règles communautaires en la matière. Ces 300 milliards devront permettre de garantir le maintien de la trésorerie pour les entreprises en difficultés. Ces sommes, qui constituent dans leur majorité des garanties ou des avances (type fiscalité), il faudra bien les rembourser un jour. Et cela posera tôt ou tard problème. Selon les premières estimations de l’Institut national de la statistique (Insee) les mesures de confinement ont entrainé une perte d’activité économique d’environ 35 % en France.

– L’Italie :

Premier pays européen touché par la pandémie, l’Italie a mis en place dès le début mars un véritable plan Marshall pour traverser l’épidémie avec 25 milliards d’euros, un peu plus d’un point du produit intérieur brut. Pour l’économie italienne, déjà mal en point avant l’arrivée du coronavirus, c’est une mobilisation sans précédent de l’argent public. Rome est soutenue en cela par la Banque centrale européenne (BCE) et par Bruxelles. Quitte à risquer une envolée du déficit public en 2020. 10 milliards d’euros vont en priorité aux hôpitaux et au système de santé pour acheter du matériel et embaucher des soignants. Pour sauver les entreprises des faillites, des aides directes et des amortisseurs sociaux ont été décidés avec des allocations chômage spécifiques pour les petites entreprises. Ce à quoi s’ajoutent des allocations de congés parentaux et des tickets baby-sitter pour la garde d’enfants.

– Le Royaume-Uni :

Après avoir choisi une stratégie très différente de ses voisins, le Premier ministre britannique Boris Johnson a finalement opté pour un confinement de la population. Et pour aider les entreprises britanniques à faire face aux conséquences de la pandémie Londres a décidé, lui aussi, de sortir son plan de soutien à l’économie. D’un montant de 30 milliards de livres (33 milliards de livres), ce plan massif a été annoncé début mars. Dans le détail, 7 milliards iront aux travailleurs indépendants et aux PME, qui sont les plus menacées par les conséquences économiques de l’épidémie et 5 milliards soutiendront le système de santé. Ce à quoi s’ajoutent les 18 milliards de livres d’autres mesures, notamment envers les services publics ou les infrastructures qui ont déjà souffert de l’ombre du Brexit. Puis Londres a décidé d’aller plus loin. Et notamment en offrant la garantie de l’État sur les prêts aux entreprises atteignant 330 milliards de livres (363 milliards d’euros), une somme qui pourra être augmentée si besoin, et des aides de 20 milliards de livres (22 milliards d’euros).

Le 19 mars dernier, la Banque d’Angleterre (BoE) a pris les marchés par surprise en annonçant une réduction de son taux d’intérêt directeur à 0,1 %, son plus bas historique. Une semaine plus tard, le 26 mars, l’institution a décidé de maintenir ce taux inchangé.

– Le Japon :

Le gouvernement japonais réfléchit à un plan budgétaire de soutien à l’économie du pays, l’équivalent d’environ 10 % du produit intérieur brut (PIB) japonais. Ce plan, d’un montant de plus de 56 000 milliards de yens (463 milliards d’euros), prévoirait notamment des versements directs d’argent aux ménages japonais.

G20: le FMI et la Banque mondiale demandent un gel de la dette des pays pauvres

À la veille de la réunion par visioconférence du G20 consacrée aux réponses à apporter aux conséquences de la crise sanitaire provoquée par la pandémie du coronavirus, le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale ont appelé le 25 mars au gel du remboursement de la dette des pays pauvres.

Il ne s’agit pas d’un effacement de la dette des pays pauvres. Le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale demandent plutôt aux créanciers bilatéraux de leur permettre de différer leurs remboursements. L’argent destiné au service de la dette pour ces pays servirait donc immédiatement à financer la lutte contre la propagation du coronavirus et à atténuer les difficultés économiques que la pandémie va entraîner.

Les pays concernés sont ceux éligibles aux critères de l’Association internationale de développement (IDA, International Development Association), une filiale de la Banque mondiale, qui fournit de l’aide sous forme de prêts à taux zéro ou à très faible taux d’intérêt, ainsi que des dons. Ils sont aujourd’hui au nombre de 76 dans le monde,dont la majorité se trouvent en Afrique. Au cours de l’année budgétaire 2019, qui s’est terminée le 30 juin, l’AID avait engagé 22 milliards de dollars dont 36% sous forme de dons, selon les chiffres de la Banque mondiale.

Récession dans les pays du G20

Le répit que réclament les deux institutions de Bretton Woods leur permettra d’analyser la situation et les besoins de chaque pays. S’adressant aux 20 premières économies du monde qui se réunissent ce 26 mars par visioconférence, le FMI et la Banque mondiale se proposent de faire la liste des pays dont le fardeau de la dette est insoutenable et de travailler à sa restructuration.

Il s’agira d’ailleurs de l’un des points importants qui seront sur l’agenda des réunions du printemps des deux institutions, les 16 et 17 avril prochain. Ces réunions rassemblent habituellement énormément de monde à leurs sièges dans la capitale américaine mais se tiendront cette année en ligne, à cause de la pandémie de Covid-19.

Mais la pandémie va aussi affecter les économies du groupe des vingt pays les plus industrialisés, le G20. Selon l’agence de notation financière Moody’s, elles devraient être dans l’ensemble en récession cette année. Ces pays devraient subir dans l’ensemble une contraction de 0,5% de leur produit intérieur brut, dont -1,4% pour la France. Aux États-Unis, elle sera de -2% et dans la zone euro de -2,2%. La Chine devrait croître de 3,3%, un rythme très faible pour ce pays depuis une vingtaine d’années.

L’économie américaine ravagée par la pandémie de coronavirus

L’administration Trump a de nouveau échoué ce lundi 23 mars, à se mettre d’accord avec les élus démocrates et républicains du Sénat sur un très attendu plan de soutien massif à l’économie américaine, fortement touchée par l’épidémie de coronavirus qui a des effets sur de nombreux secteurs dans le pays.

Les élus démocrates ont, comme dimanche 22 mars, rejeté les mesures proposées par les républicains, et la motion, qui aurait permis un vote rapide sur le texte, n’a recueilli que 49 voix sur les 60 nécessaires. Ce projet de loi vise à mobiliser près de 2 000 milliards de dollars.

Les démocrates ont déclaré qu’il contenait trop peu d’argent pour les hôpitaux et pas assez de restrictions sur un fonds destiné à aider les grandes entreprises. Les républicains ont alors accusé les démocrates d’obstruction dans une période d’urgence nationale.

Chute brutale du PIB

L’épidémie de coronavirus se répand avec ses effets économiques dans tout le pays. Sur le plan de l’emploi et de l’activité commerciale et industrielle, les premiers chiffres sont attendus dans la semaine. Mais déjà, les premières tendances sont là.

Alors que les États-Unis s’étaient habitués depuis plus de dix ans à une croissance ininterrompue, la crise du coronavirus va mettre un coup d’arrêt à cette belle histoire. Les entreprises étant paralysées, le PIB va connaître une chute brutale : 1 500 milliards de dollars de production vont être perdus, selon le Wall Street Journal.

De nombreux secteurs, comme le textile ou le commerce, craignent de ne pouvoir se relever. Selon l’économiste Thomas Philippon de l’université de New York, le phénomène le plus préoccupant reste le chômage. À ses yeux, les autorités américaines n’ont pas pris les mesures nécessaires à temps. Le chômage partiel par exemple n’a pas été organisé. Des millions de travailleurs précaires vont se retrouver sur le carreau. Le chiffre de 5 millions de chômeurs supplémentaires circule.

Pour les analystes de l’assureur Allianz, le taux de chômage américain devrait presque doubler et dépasser les 6%. On le saura très vite dans la mesure où rompre un contrat de travail aux États-Unis est très facile.

Très cher confinement

Le président américain, inquiet des répercussions économiques de la pandémie, s’interroge sur la pertinence des mesures de confinement. Donald Trump envisagerait la réouverture des entreprises, d’ici la fin de la semaine prochaine, et ce, malgré les avis des experts qui estiment qu’un retour à la normale risquerait d’entraîner une explosion des cas dans un pays déjà lourdement affecté par la pandémie.

« Nous ne pouvons pas laisser le remède être pire que le problème lui-même. Après une période de quinze jours nous prendrons une décision », a tweeté Donald Trump, avant de relayer une série de messages qui plaident en faveur d’un retour au travail des Américains.

La réouverture des entreprises, dès la fin du mois, a aussi été approuvée par Larry Kuddlow, le conseiller économique de la Maison Blanche. « On ne peut pas fermer l’économie,a-t-il déclaré. Le coût économique pour les individus est trop important. Donc voyons comment les choses tournent. Il est essentiel de faire plus de tests de dépistage, on progresse là-dessus, cela va aider. Mais le président a raison : le remède ne doit pas être pire que la maladie ».

Vu l’insuffisance de tests de dépistage et le manque de matériel de protection, le retour au travail des Américains risquerait d’aggraver de manière catastrophique la propagation de la maladie, qui n’a pas encore atteint son pic aux États-Unis.

« La semaine à venir sera pire que la précédente », a prévenu le médecin chef du gouvernement fédéral. Les mesures de confinement continuent, d’ailleurs, à se mettre en place dans le pays, à l’initiative des autorités locales. Mais le discours du président pourrait pousser les Américains à se dispenser de ces précautions élémentaires.