Le secteur aérien est frappé de plein fouet par la pandémie de Covid-19 et connait une situation sans précédent. L’épidémie a provoqué une réduction drastique du trafic mondial. Certaines compagnies aériennes commencent à prévoir des suppressions de postes.

La chute sans précédent de l’activité oblige le secteur aérien à  prendre des mesures drastiques. La compagnie néerlandaise KLM, compagnie fusionnée avec Air France, a annoncé qu’elle allait supprimer dans les mois à venir de 1 500 à 2 000 emplois à causede la pandémie.

Non seulement Donald Trump a sonné le glas des vols transatlantiques avec les États-Unis, mais les interdictions de vols se multiplient en Europe même. Le gouvernement néerlandais a annoncé ce vendredi des restrictions sur les vols avec l’Italie, la Chine, Hong Kong et l’Iran, des mesures dont KLM se serait volontiers passée.

En plus des suppressions de postes, la compagnie batave KLM annonce renoncer à engager des consultants, supprimer les voyages d’affaires des cadres, suspendre les formations et renoncer de 300 à 400 millions d’euros d’investissements.

British Airways aussi dans la tourmente

Sans donner de chiffres, British Airways a aussi fait savoir qu’une suppression de postes était inévitable pour le groupe. Les effets de la crise sur le secteur étaient attendus depuis des semaines et la Commission européenne a décidé ce mardi d’alléger les règles aéroportuaires pour donner un ballon d’oxygène aux transporteurs aériens, mais les annonces de ces deux compagnies européennes seront sans doute suivies par d’autres.

Les spécialistes du secteur estiment que si l’épidémie dure plus de deux mois, plusieurs compagnies fragiles pourraient faire faillite à l’image de Flybe. La compagnie britannique a été placée en redressement judiciaire la semaine dernière. Une situation qui pourrait entrainer une nouvelle consolidation du secteur. Les compagnies solides pourront acquérir certains de leurs concurrents en grande difficulté financière.

La crise causera des pertes conséquentes. Selon l’association internationale du transport aérien, l’épidémie pourrait coûter plus de 113 milliards de dollars aux compagnies en 2020.

Suspension des vols internationaux en Arabie Saoudite

Alors que les États-Unis suivis de nombreux pays d’Amérique latine ont fermé leurs liaisons aériennes vers l’Europe. Certains pays décident de totalement fermer leurs frontières aériennes pour endiguer le virus comme l’Arabie saoudite. Le royaume a annoncé la suspension de tous les vols internationaux dès dimanche 15 mars pour deux semaines. Quelques jours auparavant, Riyad avait déjà annoncé la suspension de certains vols à destination et en provenance de plusieurs pays dans lesquels s’est propagé le virus et encore auparavant lasuspension de la Omra.

Les incertitudes sont donc grandissantes également quant à la tenue du grand pèlerinage du hadj, le cinquième pilier de l‘islam, qui doit se dérouler entre juillet et août 2020 et qui attire des millions de fidèles.


Pétrole: la surabondance des marchés booste la demande pour les tankers

La chute des cours du brut et la surabondance des marchés en or noir font le bonheur des tankers.

Les grands pétroliers ont le vent en poupe en ce moment. Ces géants des mers peuvent servir de réservoirs flottants pour le stockage de brut. Conséquence : les prix de la location de ces tankers grimpent en flèche. Principale raison, la décision de l’Arabie saoudite d’augmenter sa production à partir d’avril et de brader le prix de son brut afin de mettre à genoux la Russie.

Une stratégie qui a déstabilisé les Bourses mondiales qui souffraient déjà d’une demande faible en pétrole en raison de l’impact économique du coronavirus.

Depuis la semaine dernière, il y a une surabondance de brut sur les marchés et les prix de l’or noir ne cessent de chuter à des niveaux historiquement bas. Les cours risquent de plonger encore après la dernière mesure de Donald Trump : le président américain a suspendu pour un mois les vols de l’Europe vers les États-Unis, ce qui va entraîner une baisse drastique de la consommation d’or noir.

Cette situation encourage les investisseurs à acheter du pétrole pour le revendre plus cher ultérieurement quand les prix vont remonter. Une opération qui nécessite des sites de stockage. D’où la forte demande pour les grands pétroliers qui ont d’énormes réservoirs.

C’est une aubaine pour les propriétaires de ces tankers qui souffraient du ralentissement du trafic maritime en raison notamment de la baisse de la demande chinoise. Une autre raison explique la montée des prix de location : la demande en navires pour expédier du brut vers la Chine où l’activité économique reprend lentement. Le président chinois Xi Jinping a jugé mardi que « la propagation de l’épidémie était pratiquement jugulée ».

Résultat, certains grands pétroliers ont doublé les prix du fret mercredi 11 et jeudi 12 mars pour l’acheminement du brut depuis les pays du Golfe vers la Chine.


Riyad et Moscou s’engagent dans une guerre du pétrole sur fond de coronavirus

Alors que le coronavirus a réduit l’activité économique mondiale et provoque une baisse des prix du baril, l’Arabie saoudite et la Russie se sont lancées dans un affrontement sans merci. Lundi 9 mars, les cours avaient connu leur pire chute depuis près de trente ans, plongeant de près de 25%. Aujourd’hui, de nouvelles annonces agressives côté saoudien, et des déclarations provocatrices côté russe, font à nouveau plonger les cours.

Acculée, l’Arabie saoudite joue la carte inverse de sa stratégie de départ : afin de ne pas laisser le champ libre aux Russes, Riyad augmente sa capacité de production. La production quotidienne de 3,5 millions de barils supplémentaires a été décidée mardi et ce mercredi, pour un niveau record de 13 millions de barils par jour.

La semaine dernière encore, l’Arabie saoudite voulait réduire la production mondiale de pétrole, pour maintenir les prix à un certain niveau. Mais la Russie, deuxième producteur mondial, préfère voir les prix chuter plutôt que de perdre ses parts de marché et a refusé catégoriquement cette option, car réduire sa production aurait en effet laissé la voie libre au pétrole de schiste américain.

La Russie veut s’attaquer au pétrole américain

À l’inverse, laisser les prix s’effondrer est aussi une manière pour les Russes de s’attaquer aux États-Unis, devenus leaders mondiaux du pétrole il y a cinq ans, mais au prix de très lourds emprunts, qu’il s’agit aujourd’hui de rembourser.

Vladimir Poutine se pose donc en joueur d’échecs, et se dit « certain » que l’économie russe sortira « très renforcée » de cette séquence.

Il faut dire que la Russie dispose de confortables réserves financières, avec un fonds souverain prévu précisément pour faire face, sur la durée, à une baisse des prix du pétrole.