Le succès de Kobe Bryant, légende de la NBA décédée dans un accident d’hélicoptère dimanche 26 janvier, ne s’est pas construit que sur les parquets de basket. Son esprit de compétiteur en a fait un redoutable homme d’affaires, pas seulement aux États-Unis.
Un seul chiffre résume la valeur économique de Kobe Bryant : les 16 millions de dollars que lui versait encore Nike en 2019, alors que le « Black Mamba » (l’un de ses surnoms) avait depuis trois ans pris sa retraite sportive. Seuls LeBron James et Kevin Durant, encore en activité l’an dernier, touchaient davantage. Et ce revenu impressionnant n’est pas grand-chose comparé à ce que la star des Los Angeles Lakers engrangeait en pleine gloire.
En 20 saisons sur les parquets de NBA (de 1996 à 2002), l’arrière aura touché une moyenne d’environ 35 millions annuels en salaires, contrats publicitaires et partenariats, selon le magazine Forbes. Le fruit d’une carrière exceptionnelle pour celui qui se disait « obsédé » par l’idée de gagner. En fin de carrière, alors que ses performances déclinent, il est obligé de justifier publiquement un nouveau contrat qui fait de lui le joueur le mieux payé de la Ligue nord-américaine.
Fidélité de Nike
Malgré son talent incontesté, tout n’a pourtant pas été si simple pour le natif de Philadelphie. Quelques jours après la signature du contrat avec Nike (2003), le jeune joueur de l’époque est arrêté pour le viol présumé d’une employée d’hôtel dans l’État du Colorado. L’équipementier sportif américain, réputé pour sa fidélité à ses athlètes malgré leurs dérapages, ne le lâche pas et sort chaque année une chaussure à son nom. Kobe Bryant évite finalement un procès, mais pas la disgrâce de certains de ses sponsors comme McDonald’s et Nutella.
Autre difficulté relative : celui qui a débuté sa carrière NBA sous les couleurs des Charlotte Hornets n’a pas le charisme, le charme, l’aura d’autres stars comme LeBron James, ou dans le passé Michael Jordan et Shaquille O’Neal avec qui il a partagé l’affiche pendant de nombreuses années au Staples Center, temple des Los Angeles Lakers. Kobe Bryant, capable d’exploits personnels inégalables comme de marquer 81 points dans un même match, n’arrive pas à se défaire d’une image de joueur individualiste, tueur au sang-froid, adulé ou détesté par les fans de basket.
Le filon chinois
Mais le quintuple champion NBA, l’un des sept joueurs à avoir inscrit plus de 30 000 points en carrière, a aussi le goût du détail, une détermination sans faille, et une vision qui lui rapporte gros. Tout en signant de nouveaux contrats avec par exemple la compagnie aérienne Turkish Airlines, Kobe Bryant pressent très tôt la puissance potentielle que représente la Chine en termes de marché. Il y tourne des publicités, enchaîne les visites et les rencontres avec les fans.
En 2017, il se rend à Shanghai et croise les footballeurs du PSG, également en tournée marketing. On le voit aux Philippines, à Abou Dhabi, Dubaï et n’oublie pas l’Afrique. Pour son premier voyage sur le continent, alors qu’il fête un titre NBA, il se rend en 2010 dans un centre d’entraînement de football à Soweto et assiste à plusieurs matches de la Coupe du monde sud-africaine, retardant même pour cela une opération au genou.
Passionné de football, Kobe Bryant est fan du Milan AC de Gullit et Van Basten puis du FC Barcelone de Lionel Messi avec qui il tourne une publicité. Plus que toute autre star nord-américaine, il est ouvert sur le monde. Fils de Joe Bryant, lui-même basketteur professionnel, il passe plusieurs années de son enfance en Italie et en France. Autant d’atouts pour asseoir une popularité planétaire et les revenus qui vont avec.
Jeux vidéo et cinéma
Et Kobe Bryant ne s’arrête pas là. Avant bien d’autres sportifs de premier plan, il se mue en investisseur. Dèsl’annonce de sa retraite, il lance un fonds de 100 millions de dollars pour aider des sociétés dans les domaines des nouvelles technologies et des médias. Il prend des participations stratégiques dans Epic Games, développeur du jeu vidéo à succès Fortnite. Le succès partout où il se trouve : en 2018, son premier court-métrage d’animation est couronné par un Oscar. Il est intitulé « Dear Basketball » (« Cher basket-ball »).
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