Le bilan de l’épidémie de coronavirus en Chine a été revu à la hausse : 25 morts et 830 cas confirmés. Pour éviter la propagation de la maladie, des mesures ont été prises, notamment l’annulation des festivités du Nouvel An dans la capitale. Pour l’OMS il est « trop tôt » pour déclarer une urgence internationale.
Après Wuhan, métropole de 11 millions d’habitants et principal centre industriel et commercial du centre du pays, d’où est partie le mois dernier l’épidémie de coronavirus, les autorités chinoises ont placé jeudi en quasi-quarantaine une deuxième ville, Huanggang, ville de sept millions d’habitants.
Au total près de 20 millions de personnes ont été confinées pour tenter d’endiguer la propagation de l’épidémie qui, selon un dernier bilan annoncé vendredi matin par la Commission nationale de la santé, a déjà fait 25 morts et contaminé 830 personnes.
Les autorités chinoises ont annoncé jeudi le premier décès en dehors du berceau de l’épidémie : un homme de 80 ans mort mercredi dans la province de Hebei, au sud de Pékin.
Dans ce contexte, les autorités ont décidé d’annuler les festivités du Nouvel An lunaire à Pékin et la Cité interdite va être fermée aux touristes.
La mairie de Pékin avait vu les choses en grand pour la nouvelle lune, le coronavirus aura définitivement gâché la fête. Sur les avenues froides de la capitale chinoise ce jeudi soir, les arbres enguirlandés de lumières se sentent bien seuls. Près du stade des travailleurs, comme partout en ville, les Pékinois ont déserté les trottoirs. Beaucoup sont partis célébrer « chunjié », la fête du printemps en famille. Mais pour les promenades dans les temples ce week-end, il faut oublier.
Comme à Wuhan dans le centre du pays, à l’est dans la province du Zhejiang où à Macau dans le sud, les Pékinois n’auront pas droit aux réjouissances collectives. Le Bureau de la culture et du tourisme a annoncé l’annulation de toutes les foires de la capitale.
Ce traditionnel rendez-vous des festivités du Nouvel An lunaire intervient généralement après le repas en famille : on y partage des fruits confis au caramel, on brûle de l’encens et on dépense surtout ses économies auprès des marchands du temple. Choses impossibles quand tout rassemblement est perçu comme un potentiel bain virus. Même chose pour les institutions, les musées…
La Cité interdite ne sortira pas ses lanternes célestes pour fêter l’entrée dans l’année de la souris. Le monument le plus célèbre de Chine fermera ses portes au public ce samedi, jusqu’à nouvel ordre.
Deux cas confirmés à Hong Kong
Au cours des dernières 24 heures, 18 personnes présentant des symptômes du nouveau virus ont été hospitalisées à Hong Kong : 10 hommes et 8 femmes, de 3 à 90 ans. 27 autres patients sont également isolés, dont 24 en état stable, deux en état critique et un en état grave.
Le premier cas médical d’infection par le coronavirus à Hong Kong est un Chinois de 39 ans, originaire de Wuhan, la ville berceau du nouveau virus. Arrivé en train mardi 21 janvier avec sa famille, il est à présent isolé dans le centre spécialisé des maladies infectieuses. Mais le temps que les autorités confirment son cas, le reste de la famille avait déjà repris l’avion vers les Philippines. Le second cas confirmé est celui d’un Hongkongais de 56 ans qui est rentré de Wuhan en passant par Shenzhen il y a trois jours.
Toutes les personnes qui ont pu être en contact avec ces deux malades, en partageant la même voiture de train, le même avion, le même taxi ou le même hôtel sont appelées à se manifester auprès des autorités sanitaires. Plusieurs députés de l’opposition ont dénoncé aujourd’hui l’attitude « laxiste» du gouvernement qu’ils soupçonnent de ne pas vouloir vexer Pékin avec des mesures plus drastiques.
À Macau, qui compte aussi déjà deux cas de malades porteurs du virus, le chef de l’exécutif envisage une fermeture totale des casinos.
L’OMS estime « trop tôt » pour déclarer une urgence internationale
Le virus a donc été détecté à Hong Kong, Macau, Taïwan et Singapour, mais aussi en Corée du Sud, Thaïlande, et Vietnam. Les autorités thaïlandaises ont rendu obligatoire le passage au scanner thermique des passagers en provenance des zones à haut risque en Chine. À Singapour, tous les passagers en provenance de Chine font désormais l’objet d’un contrôle. Le Vietnam a également ordonné des contrôles à sa frontière avec la Chine.
Au Moyen-Orient, les voyageurs en provenance de Chine seront soumis aux caméras thermiques à leur arrivée à l’aéroport de Dubaï, l’un des plus importants du monde.
Aux États-Unis, où un premier cas de maladie a été signalé mardi, pour un passager en provenance de Wuhan, les autorités ont ordonné le contrôle des passagers arrivant de Wuhan, que ce soit sur des vols directs ou non, dans les aéroports de New York, San Francisco et Los Angeles.
En Europe, le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) a élevé de « bas » à « modéré » son estimation du risque que le virus pénètre dans l’Union européenne, après que les autorités chinoises ont confirmé sa transmissibilité entre humains. La Commission européenne se dit prête à prendre les mesures nécessaires en fonction des préconisations de l’OMS.
L’Organisation mondiale de la santé, réunie à Genève, estime « trop tôt » pour déclarer une urgence internationale.
Le directeur général de l’OMS juge les mesures prises en Chine appropriées et souligne qu’il n’y a « aucune preuve » d’une transmission entre humains en dehors de la Chine.
« Nous savons qu’il existe une transmission interhumaine en Chine, mais pour l’instant elle semble être limitée à des groupes familiaux et à des travailleurs de la santé qui s’occupent des patients infectés. Pour l’instant, il n’y a aucune preuve de transmission interhumaine en dehors de la Chine, mais cela ne veut pas dire que cela n’arrivera pas »,a déclaré Tedros Adhanom Ghebreyesus lors d’une conférence de presse à Genève.« Ne vous y trompez pas, c’est une urgence en Chine. Mais ce n’est pas encore une urgence sanitaire mondiale. Cela pourrait le devenir », a souligné déclaré le directeur de l’OMS.
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