Parfum de censure au Brésil, avec une polémique qui tourne autour d’un programme satirique mettant en scène, dès le mois dernier, un Jésus gay. L’affaire a fait scandale, et a des répercussions, dont une tentative de censurer le programme sur la plateforme Netflix.

C’est un dossier explosif dans tous les sens du terme. C’est une longue histoire qui commence avec de l’humour caustique et un programme un peu loufoque bien connu au Brésil, mais un programme qui dérange, parfois.

L’épisode en question : « La première tentation du Christ » est un clin d’œil au film La dernière tentation du Christ, de Martin Scorsese sorti il y a plus de 30 ans.

Attentat sans victime

Le programme brésilien met en scène un Jésus apparemment homosexuel, et cela a bien sûr fait scandale. Il y a eu beaucoup de réactions indignées de groupes de chrétiens conservateurs, et à la veille de Noël, deux cocktails Molotov ont été lancés contre la maison de production, un attentat qui heureusement n’a pas fait de victime.

Aujourd’hui, on parle de censure parce qu’il y a eu une plainte formelle contre le programme, mais dans un premier temps, la justice a garanti la pleine liberté d’expression. Sauf qu’en appel, un magistrat a ordonné à Netflix, qui diffuse le programme Porta dos Fundos, de le retirer de sa plateforme pour, dit-il, « calmer les esprits ». Le juge rappelle que la société brésilienne est majoritairement chrétienne.

Netflix devant la Cour suprême

Ce qui est tout de même curieux, c’est que dans un autre procès concernant un autre programme humoristique et des déclarations homophobes de Jair Bolsonaro, il y a deux ans, le même magistrat avait défendu la liberté d’expression.

Une certitude: Netflix n’a pas obéi et fait de la résistance. Elle défend les producteurs brésiliens en défendant la production artistique, et elle a intenté un recours devant la Cour suprême. Très vite, le président de la Cour suprême a annulé la décision de censurer le programme humoristique. Donc, pas de censure, dans cet épisode qui se termine plutôt bien.

Quant à l’auteur présumé de l’attentat contre la société de production, il s’agirait d’un membre d’un parti d’extrême droite. Il a fui vers la Russie, il est désormais fiché parInterpol.