Mardi 7 janvier, l’Iran a tiré une vingtaine de missiles sur des bases irakiennes où sont stationnés des militaires américains, en réponse à l’assassinat du général Qassem Soleimani, quelques jours plus tôt. Téhéran se dit prêt à frapper de nouveau, en cas de représailles. Mais de quelles forces dispose véritablement l’Iran?

D’un point de vue offensif, l’Iran ne peut pas vraiment s’appuyer sur son armée de l’air ou sa marine qui sont sous-équipées et dont le matériel accuse une certaine vétusté. En revanche, Téhéran peut se reposer sur deux piliers : ses missiles et la force des Gardiens de la Révolution.

Cette nuit, en l’espace d’une demi-heure, 22 missiles (selon le commandement militaire irakien, 15 selon les médias iraniens) se sont abattus sur deux bases irakiennes, où sont installés les soldats américains, à l’ouest à Aïn al-Assad et au nord à Erbil.

« L’armée iranienne a accumulé un stock de missiles balistiques, de missiles conventionnels, de courte et moyenne portées, depuis des décennies », explique Pierre Razoux, directeur de recherche à l’Institut de recherche stratégique de l’école militaire (Iserm). Et ce pour une raison simple : alors qu’elle ne dispose pas du feu nucléaire, ces missiles représentent une force de dissuasion conventionnelle à l’échelle régionale. « Les Iraniens ne peuvent pas riposter avec leur marine ou leur aviation, mais ça, c’est une force avec laquelle ils sont capables de mener des frappes, des actions de rétorsion », poursuit le chercheur.

Personne ne sait exactement quel est le nombre de vecteurs dont dispose l’Iran, mais une chose est sûr, l’arsenal est important. La nuit dernière, il est possible que les missiles tirés aient été des Shahab, des armes dérivées des scuds russes et construites par l’Iran. La dernière version de ce vecteur, le Shahab 6, est une arme capable d’embarquer une charge d’une tonne et demi d’explosif, soit l’équivalent de six GBU 12, les bombes lâchées par les avions de chasse. Mais l’énergie cinétique étant bien plus forte avec un missile, les dégâts provoqués sont aussi plus importants.

L’implacable force des Gardiens de la Révolution

Surtout, Téhéran peut s’appuyer sur les Gardiens de la Révolution. Ces troupes d’élite, véritable armée parallèle, sont chargées de protéger le régime sur le territoire iranien mais aussi à l’extérieur, d’où l’intervention, dans la région, de la force Al-Qods, le corps expéditionnaire des « Pasdarans » que dirigeait le général Quassem Soleimani.

Le corps des Gardiens de la Révolution est composé, selon les estimations, d’environ 200 000 hommes, mais peut aussi s’appuyer sur des réservistes, les « Bassijis », un réservoir de force de presque deux millions d’hommes. C’est donc considérable. Quant aux milices chiites en Irak, véritables supplétifs de la force Al-Qods, ce sont plusieurs dizaines de milliers d’hommes.

Parallèlement, il y a en Iran une armée régulière forte de 300 000 soldats. Ce qui fait un total d’environ 500 000 hommes déployés sur un pays immense, densément peuplé, un territoire montagneux, compartimenté. Par conséquent, toute nation qui souhaiterait envahir l’Iran se heurterait à une résistance extrêmement dure.