Le magnat de l’automobile déchu Carlos Ghosn, qui a fui des accusations de malversations financières au Japon, donnera mercredi une conférence de presse à Beyrouth, a indiqué dimanche à l’AFP un porte-parole.

Depuis son arrivée il y a près d’une semaine au Liban, son pays d’origine, l’homme d’affaires de 65 ans, ancien PDG de Renault Nissan, limite ses déclarations aux médias.

Carlos Ghosn est sorti à deux reprises seulement de son silence, par le biais de communiqués. Les circonstances de sa fuite rocambolesque restent à éclaircir, alors qu’à Tokyo il était assigné à domicile dans des conditions strictes.

Sa conférence de presse aura lieu mercredi 8 janvier à 15 h, heure de Beyrouth(13 h GMT), a indiqué un porte-parole à l’AFP sans plus de précisions.

Une « fuite injustifiable »

Le gouvernement japonais a réagi dimanche pour la première fois à l’affaire.  « La fuite d’un accusé sous caution est injustifiable »  , a déclaré dans un communiqué la ministre japonaise de la Justice, Masako Mori.

M. Ghosn, qui fut le chef d’entreprise le mieux payé au Japon, y a été arrêté fin 2018. Fin avril, après 130 jours derrière les barreaux, il avait obtenu une libération sous caution.

Je n’ai pas fui la justice, je me suis libéré de l’injustice et de la persécution politique. Je peux enfin communiquer librement avec les médias, avait indiqué M. Ghosn au lendemain de son arrivée au Liban.

Demande arrestation d’Interpol

L’homme d’affaires fait l’objet de quatre inculpations au Japon : deux pour des revenus différés non déclarés aux autorités boursières par Nissan (qui est aussi poursuivi sur ce volet), et deux autres pour abus de confiance aggravé.

Le Liban ayant reçu une demande d’arrestation d’Interpoll’homme d’affaires pourrait être entendu dès la semaine prochaine par le parquet général, comme l’impose la procédure, avait indiqué à l’AFP une source judiciaire.

Les autorités libanaises ont annoncé que Carlos Ghosn était entré légalement dans le pays et rappelé qu’il n’y avait pas d’accord d’extradition avec le Japon.

Jeux olympiques 2020. Dans 200 jours, Tokyo lèvera son rideau

Dans 200 jours pile-poil, le Japan national Stadium de Tokyo abritera la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques (24 juillet-9 août), les 32es de l’Histoire. A l’orée de ce cap symbolique, la capitale du Japon soigne son légendaire sens de l’hospitalité et cultive son énergie créative pour réussir ses Jeux d’été, 56 ans après les précédents. Suivez le guide !

Du haut de la Sky Tower se découpe au loin le vénéré mont Fuji, avec son dôme vanillé de neige. Tokyo, qui accueillera les prochains Jeux olympiques, s’offre d’abord dans le sens vertical grâce à la deuxième tour la plus haute du monde (634 m), derrière la Burj Khalifa de Dubaï (829 m). Ses ascenseurs, souvent émotionnels pour le non-initié, ne dépassent pas 451 m, mais le point de vue n’en reste pas moins imprenable.

Dans une scénographie à 360°, la plus grande métropole planétaire (37 millions d’habitants) étend ses tentacules par-delà l’horizon. Même avec une longue-vue, impossible d’apercevoir les visages amusés des Tokyoïtes qui font la queue patiemment devant le musée olympique ouvert au printemps afin de graver un souvenir numérique entre les cinq anneaux fétiches.

Tout ici convoque le souvenir des Jeux 1964

Au ras du sol, Tokyo se hâte vers son futur proche : dans 200 jours tout rond sera allumée la vasque des 32es Jeux olympiques. Au JOC (le comité olympique japonais), on assure que « ce n’est plus qu’une question de réglages… »

Le grand défi de Tokyo 2020 sera de minimiser les risques liés à la canicule. Ventilateurs au stade, spots climatisés pour spectateurs, tentes et gilets réfrigérés, autorisation de gourdes d’eau personnelles, et surtout sensibilisation (alertes, sites dédiés) avec des conseils de bon sens : le JOC fait tout pour rassurer.« Les fortes chaleurs, c’est devenu un problème mondial, pas uniquement celui du Japon », dit-on.

L’inauguration du Japan national Stadium, le mois dernier, a déjà généré un ouf de soulagement. À cause d’un changement d’architecte, dicté par le pragmatisme financier, l’arène de 60 000 places n’avait pu ouvrir ses portes à temps pour héberger des matches du Mondial de rugby, à l’automne. Tokyo n’a pas raté le rebond dans son désir de marquer durablement les esprits, avant de transmettre le témoin à Paris 2024.

La ruche ouvrière bourdonne au pied du Village des athlètes

Tout ici convoque le souvenir des Jeux 1964, achevés sur un feu d’artifice devant l’empereur Hirohito.« Des Jeux très réussis », rappellent en boucle les anciens. Comme Saburo Kawabuchi qui faisait partie de l’équipe de foot olympique. Deux jours avant Noël, il a été nommé maire du Village olympique. Derrière le symbole, il reste quelques grues de chantier.

Car dans le quartier d’Harumi, la ruche ouvrière bourdonne au pied du Village des athlètes. À portée de flèche du Rainbow bridge, ouvrant sur la Baie, vingt-et-un immeubles sont sortis d’une terre grignotée à l’océan Pacifique. La Ville de Tokyo en est propriétaire et ne lésine pas sur la notion d’héritage durable, via des bâtiments « intelligents » (toits végétalisés, gestion des énergies renouvelables, flux d’air, etc.). « Cette zone de la Baie symbolise le nouveau Tokyo », répètent les communicants du JOC.« Tout a été conçu pour que les athlètes du monde entier se sentent bien », ajoute Tatsuo Ogura, directeur de projet. 18 000 lits à structure plastique recyclable leur ont été réservés. Pourvu que Teddy Riner n’en casse pas un dans son sommeil…

Tokyo entretient son hospitalité et sa capacité à innover. Et cultive aussi son sens des affaires. Une fois le rideau des Jeux tiré, les appartements seront commercialisés. Les plus chers seront vendus 100 millions de yens (820 000 €). Mais à ce tarif-là, vous régnerez sur un territoire de 135 m2 dont les plâtres auront peut-être été essuyés par des champions olympiques…

22 millions de demandes, mais un million de billets…

Tokyo saisit aussi la perche olympique pour exposer son talent avant-gardiste. Des robots faciliteront le séjour des athlètes des Paralympiques (25 août-6 septembre) en leur amenant un repas jusqu’à leur place par exemple. D’autres soulageront les préposés aux bagages. « Il y a des tas d’initiatives en ce sens dans notre Robot Project », indique Kentaro Kato, directeur des relations médias au JOC.

Si la frénésie populaire ne saute pas aux yeux, à 7 h 30 du mat’, lorsque des grappes d’employés trottent entre gares, stations et bureaux, l’engouement se traduit par des chiffres. Alors que le JOC table sur 7,8 millions de billets vendus au total, la seconde session de vente de billets dédiée aux Japonais, en novembre, a enregistré 22 millions de demandes. Il n’y avait qu’un million de sésames…