D’après le ministre de la Défense colombien, les troubles qui ont suivi les les manifestations massives de jeudi contre la politique du président de droite Ivan Duque ont fait trois morts.
Les troubles qui ont suivi les manifestations massives de jeudi en Colombie contre la politique du président de droite Ivan Duque ont fait trois morts, selon un nouveau bilan communiqué vendredi matin par le ministre de la Défense.
Plus de 270 personnes, civils et membres des forces de l’ordre, ont en outre été blessées, la plupart lors d’affrontements survenus à l’issue de cette journée de mobilisation sociale d’une ampleur exceptionnelle dans ce pays. “Au cours des dernières heures, les autorités ont confirmé la mort de deux personnes lors de troubles à Buenaventura et d’une autre à Candelaria, municipalités du Valle del Cauca”, département de l’ouest du pays, a déclaré le ministre de la Défense, Carlos Holmes Trujillo, pendant une conférence de presse.
Deux morts dans une “tentative de pillage” d’un centre commercial
Il a affirmé que les deux personnes décédées à Buenaventura, principal port du pays sur la côté Pacifique, sont mortes lors d'”une tentative de pillage” d’un centre commercial où la force publique “s’est rendue pour s’y opposer” dans la soirée de jeudi. “La mort de deux personnes s’est produite suite à la confrontation entre les vandales et la force publique, et de faits qui font l’objet d’une enquête (…) et en outre un agent de la police et un membre de l’infanterie de la marine ont été blessés”, a ajouté le ministre.
La plus importante mobilisation sociale de ces dernières années dans le pays
Le gouvernement du président Duque, impopulaire et affaibli après à peine plus de 15 mois au pouvoir, a été confronté jeudi à la plus importante mobilisation sociale de ces dernières années en Colombie. Bien que les autorités aient souligné le caractère majoritairement “pacifique” de la protestation, la fin de la journée a été marquée par des affrontements entre les forces de l’ordre et des manifestants. Au total, 122 civils et 151 membres de la force publique ont été blessés, tandis que 98 personnes ont été arrêtées, selon le dernier bilan officiel.
Cali, troisième ville de Colombie, a été le principal foyer d’incidents violents, avec des pillages et des “actes de vandalisme”, suite auxquels la mairie a décrété un couvre-feu jusqu’à l’aube vendredi. Les autorités ont ensuite assuré avoir repris le contrôle de la ville. Mobilisés contre les mesures économiques, sociales et sécuritaires du président Duque, des centaines de milliers de personnes ont marché dans les rues des principales localités du pays jeudi, terminant la journée par des “cacerolazos”, ou concerts de casseroles, forme de protestation jusque là inédite en Colombie.
L’Iran condamné à verser 180 millions de dollars à un journaliste américain détenu un an et demi
Jason Rezaian avait été arrêté à Téhéran avec sa femme en juillet 2014, et libéré en janvier 2016.
La justice américaine a condamné vendredi Téhéran à payer 180 millions de dollars au correspondant du Washington Post, Jason Rezaian, qui a passé un an et demi dans les prisons iraniennes. Un tribunal fédéral de Washington a pris cette décision, largement symbolique, à des fins “dissuasives”.
Accusé d'”espionnage”
Le journaliste américano-iranien, en poste à Téhéran, avait été arrêté avec sa femme le 22 juillet 2014, alors que l’Iran venait d’accepter la relance des négociations internationales sur son programme nucléaire, soupçonné de cacher un volet militaire. Sa femme avait été libérée après deux mois de détention. Accusé d'”espionnage” au profit des États-Unis, il a lui passé 544 jours à la prison d’Evine, dans le nord de Téhéran, où il a subi des mauvais traitements, été privé de sommeil et menacé d’être décapité.
Avec trois autres prisonniers américains, il a finalement été échangé contre sept Iraniens poursuivis aux États-Unis. Sa libération est intervenue le 16 janvier 2016, au premier jour de l’application de l’accord dit “de Vienne” censé garantir le caractère pacifique du programme nucléaire iranien, qui a depuis été dénoncé par Donald Trump.
“Moyens de pression”
“L’Iran a arrêté et détenu Jason pour augmenter ses moyens de pression dans les négociations en cours avec les États-Unis”, a souligné le juge Richard Leon dans sa décision. “Prendre un homme en otage et le torturer pour s’assurer un atout dans des négociations est honteux, mérite une punition” et il faut “dissuader” l’Iran d’un tel comportement, a-t-il ajouté, en fixant à 180 millions de dollars les dédommagements à verser au journaliste, ainsi qu’à sa mère et son frère, qui s’étaient joints à la plainte.
L’Iran, qui ne reconnaît pas la double nationalité, arrête régulièrement des binationaux. La République islamique nie s’en servir comme moyen de pression dans le jeu diplomatique, mais reconnaît qu’ils puissent faire l’objet d’échanges.
Mise en examen de Benyamin Netanyahu en Israël: un séisme politique
Le Premier ministre israélien a été inculpé hier jeudi dans trois affaires différentes pour corruption, fraude et abus de confiance. C’est la première fois dans l’histoire d’Israël qu’un chef de gouvernement en exercice est mis en examen. Un séisme pour le Likoud et la classe politique. Décryptage.
Un mot figure ce matin à la Une de tous les journaux, de tous les médias : « corruption ». L’État d’Israël contre Benyamin Netanyahu. Et aussi la réaction très forte du Premier ministre israélien : « c’est une tentative de coup d’État ». « La législation israélienne ne prévoit pas ce cas de figure.Le prévenu est aussi le Premier ministre », fait remarquer un éditorialiste. Un autre commentateur s’inquiète de la tactique adoptée par Netanyahu, celle de « la terre brûlée ». Tout comme Néron, il va contempler le pays tout entier en proie aux flammes avant qu’il n’accepte de quitter la résidence officielle rue Balfour à Jérusalem.
« C’est une nouvelle ère qui s’ouvre », estimeIsrael Hayom, le journal proche du pouvoir. « C’est une période pleine de dangers », ajoute l’auteur de l’article. « Une journée triste », estiment plusieurs chroniqueurs, mais aussi un « événement important dans l’histoire du pays ». « Ce n’est que le début » titre Yediot Aharonot.
La campagne électorale vient de commencer dans la classe politique israélienne, de nombreuses voix dans l’opposition s’élèvent pour réclamer la démission de Netanyahu. Plusieurs articles soulignent que des défis lui sont lancés également au sein de son propre parti le Likoud. Et Haaretz, le quotidien libéral, conclut son éditorial en proclamant : « Il faut mettre un terme à la campagne de destruction du Premier ministre. Et au plus tôt. »
Au Likoud, une « culture du chef »
Selon l’historienne Frédérique Schillo, spécialiste d’Israël, ce « tremblement de terre politique qui pourrait bien changer le rapport de force au sein même du Likoud ».
« Même avant cette mise en examen, il était question peut-être d’une primaire à l’intérieur de Likoud. L’un des principaux rivaux de Netanyahu, Gideon Sa’ar a dit qu’il était prêt à se présenter contre Netanyahu dans une primaire. Le problème c’est que le Likoud fait bloc derrière son chef, il y a une culture à droite du chef, et il y a une loyauté, même dans un moment comme celui que l’on vit maintenant. Mais, néanmoins, il y aura sans doute des frondeurs.
Au Likoud, les politiciens et puis les électeurs ont commencé à voir que cela n’est pas tenable et que Benyamin Netanyahu a déjà perdu deux élections. Ils pourraient sans doute perdre encore les prochaines. La question est : est-ce que des frondeurs vont sortir du bois ?
Aujourd’hui, Benyamin Netanyahu a fait en sorte qu’il n’y ait pas de successeurs, parce qu’il a coupé les têtes qui dépassaient, et il règne par la peur qu’il inspire. On se demande si des frondeurs pourraient oser le défier aujourd’hui. »
Benyamin Netanyahu va s’accrocher au pouvoir
Mais malgré cette décision historique de la justice, le bouleversement du paysage politique israélien n’est pas pour demain.
« De nouvelles élections s’annoncent, mais il est à craindre que malgré ce tremblement de terre politique, BenyaminNetanyahu s’accroche au pouvoir et que les blocs ne changent pas. Aujourd’hui on s’oriente vers des élections début 2020 et ce serait toujours les mêmes leaders à la tête à la fois de l’opposition, Benny Gantz, avec un bloc de centre gauche et puis de l’autre côté, Benyamin Netanyahu qui va vouloir assumer à nouveau la tête du Likoud et d’un grand bloc de droite.
Donc, malgré ce bouleversement qui remet en cause les institutions, parce que c’est assez intenable qu’un Premier ministre mis en examen reste à la tête de l’État, mais néanmoins il le fera et il voudra le rester. Je crains que, malgré tout, cela prenne du temps avant qu’il ait un véritable changement effectif dans la vie politique israélienne. »
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