La deuxième économie du monde ne veut plus des déchets des autres après avoir considéré longtemps ces poubelles comme des matières premières convertibles en énergie. Le retournement est récent. Et c’est ce qui a surpris probablement des pays comme la Malaisie. Cela a commencé en 2005, puis cela a été acté en 2017. Et cela s’est fait par étapes, catégorie par catégorie de déchets. À la fin de cette année officiellement, c’est fini : plus d’importations mêmes pour les résidus textiles et papiers jusqu’alors récupérés.
La Chine ne veut plus des déchets et le répète au moment des Congrès du parti. Au printemps dernier, on a entendu le patron des douanes Ni Yuefeng se féliciter des résultats de la lutte contre le trafic. L’opération « Ciel bleu 2018 » aurait permis, disait-il, de réduire de 46% les importations de déchets solides.
Le robinet pas totalement fermé
Alors on ne parle plus d’importations, mais de « trafic ». Il y a toujours des déchets étrangers qui arrivent en Chine. Un exemple dans le cadre de l’opération « Ciel bleu 2019 », les douaniers ont arrêté depuis le début de l’année, 58 suspects et intercepté 111 000 tonnes de déchets, notamment des résidus plastiques, selon l’agence Chine Nouvelle. Et ce n’est probablement que la partie émergée de ce qui reste de l’iceberg. Mais concrètement, on voit quand même le changement. Pékin repousse moins ses déchets sous le tapis des périphéries. Désormais on voit moins ces villages poubelles comme ils pouvaient en exister il y a quelques années de l’autre côté du sixième périphérique de la capitale chinoise.
Le pape au Japon, pour dénoncer l’emploi “immoral” des armes atomiques
Le pape François, qui rêvait jeune de devenir missionnaire au Japon, s’y rendra pour la première fois cette semaine, porteur dans les villes martyres de Nagasaki et Hiroshima de messages très attendus sur l’élimination des armes atomiques.
“Avec vous je prie pour que le pouvoir destructeur des armes nucléaires ne se déchaîne jamais plus dans l’histoire de l’humanité. Employer les armes nucléaires est immoral”, a martelé le pape de 82 ans, dans une vidéo adressée lundi aux Japonais.
“Votre pays est conscient de la souffrance causée par la guerre”, a encore souligné le chef des 1,3 milliard de catholiques, appelant au “respect mutuel” qui “conduit à une paix sûre” qu’il faut défendre “avec les dents”.
Il sera reçu tout d’abord en Thaïlande du 20 au 23 novembre, avant d’enchaîner avec le Japon du 23 au 26 novembre, accueilli dans deux pays à majorité bouddhiste ou shintoïste dotés de minuscules communautés catholiques.
Si François est convaincu de l’importance d’encourager les catholiques ultra-minoritaires (moins de 0,6% de la population de ces deux Etats), son voyage illustrera aussi son appétit pour le dialogue interreligieux.
Le temps fort de son 32e déplacement à l’étranger sera une journée marathon dimanche à Nagasaki puis Hiroshima, où il y a 74 ans des bombes atomiques américaines firent respectivement 74.000 morts et 140.000 morts, sur le coup et dans les mois suivants.
Les bombardements -le 6 août 1945 à Hiroshima, le 9 août à Nagasaki- précipitèrent la capitulation du Japon le 15 août et la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le Japon reste le seul pays à avoir été frappé par l’arme nucléaire.
Le père Yoshio Kajiyama, directeur du centre social jésuite de Tokyo, né à Hiroshima voici 64 ans, attend avec impatience les discours du pape sur l’abandon des armes atomiques. “Je n’ai jamais connu mon grand-père qui est mort le jour de la bombe”, confie-t-il, “quand on grandit à Hiroshima on ne peut pas oublier la bombe”.
– Armes nucléaires: appel “vigoureux” –
Le pape lancera un appel “aussi vigoureux que possible en faveur de mesures concertées pour l’élimination totale des armes nucléaires”, a promis le cardinal Pietro Parolin, numéro deux du Vatican, fin septembre devant les Nations unies.
Shigeru Tokuyasu, ancien ministre-conseiller de l’ambassade du Japon auprès du Saint-Siège, espère que la visite fera reculer la “mondialisation de l’indifférence” sur les armes atomiques. Mais selon lui, le pape devrait éviter de se prononcer sur la production d’énergie nucléaire, sujet politique sensible.
François rencontrera des victimes du séisme de magnitude 9 survenu au large du nord-est du Japon et du tsunami, qui ont tué quelque 18.500 personnes le 11 mars 2011, une catastrophe naturelle suivie par un accident nucléaire à Fukushima.
– Peur d’une attaque nucléaire –
Coutumier des paroles cinglantes contre les pays producteurs d’armes, il a déjà évoqué sa “peur” d’une nouvelle attaque nucléaire.
Début 2018, lors d’un voyage, il avait fait distribuer aux journalistes une photo prise en 1945 à Nagasaki, montrant un enfant japonais portant sur le dos son petit frère mort. Assortie de quatre mots de sa main: “Le fruit de la guerre”.
Jean Paul II qui avait déjà prononcé un discours choc en 1981 devant le monument dédié à la paix à Hiroshima. “La guerre est l’oeuvre de l’homme”, avait martelé le pape polonais, “rappeler Hiroshima, c’est avoir la guerre nucléaire en horreur”.
En août 2019, la ville de Hiroshima a appelé le Japon à signer le traité de l’ONU sur l’interdiction des armes nucléaires, rejeté par toutes les puissances nucléaires.
Le Japon, doté d’une Constitution pacifiste, s’est aussi donné en 1967 pour principes de “ne pas produire, détenir ou introduire sur son territoire d’armes nucléaires”. Reste que le pays dépend du parapluie nucléaire américain pour sa sécurité.
– Thaïlande multiethnique –
Avant d’arriver en Thaïlande mercredi, première étape de son voyage asiatique, le pape François a rendu hommage à une “nation multiethnique” qui a “beaucoup oeuvré pour promouvoir l’harmonie et la coexistence pacifique, non seulement entre ses habitants mais aussi dans toute la région de l’Asie du sud-est”.
Dans ce message vidéo aux Thaïlandais, le pape a dit espérer aussi “renforcer les liens d’amitié” avec les bouddhistes. A Bangkok, il se rendra jeudi dans un haut lieu du bouddhisme pour saluer le 20e patriarche suprême Somdej Phra Maha Muneewong.
François s’est déjà rendu deux fois en Asie: aux Philippines et au Sri Lanka en 2014, puis en Birmanie et au Bangladesh en 2017 où il a demandé “pardon” aux musulmans rohingyas, alors que 740.000 d’entre eux se sont réfugiés au Bangladesh depuis l’été 2017 pour fuir les exactions de l’armée birmane et de milices bouddhistes.
“C’est parti comme ça, d’un coup” : à Paris, une flambée de violences pour l’anniversaire des gilets jaunes
Rassemblés place d’Italie, les “gilets jaunes” ont finalement été interdits de manifester après des heurts qui se sont poursuivi toute la journée, samedi, pour l’anniversaire de leur mouvement.
Le sol jonché de pierres et de restes de barricades brûlées, les abribus fracassés, des voitures incendiées… Si le calme était revenu place d’Italie, à Paris, samedi en fin de journée, les stigmates d’un après-midi de violence sautaient aux yeux. Épilogue d’une journée “anniversaire” marquée par de très fortes tensions dans la capitale.
“Tout le monde se recroqueville et ça pète”
Tout a commencé en fin de matinée, alors que les manifestants se rassemblaient pour un cortège autorisé. Un groupe d’ultra-radicaux commence alors à semer le chaos. “C’est parti comme ça d’un coup, on ne sait même pas pourquoi”, témoigne Bérangère . “Nous on était dans un petit coin et on a vu qu’il y avait des gaz partout…”, poursuit-elle.
“Ce n’est pas ce que j’espérais, mais je savais à 200% que ça allait se passer comme ça”, soupire de son côté Bruno. “Parce que tout était fermé aux alentours, alors forcément tout le monde se recroqueville et ça pète.”
Deux policiers poursuivis par des black blocs
La manifestation autorisée est donc finalement interdite par les autorités, annonçant une situation qui restera tendue plusieurs heures. Les affrontements se multiplient, les grenades de désencerclement répondent aux jets de pavés, dans un nuage de gaz lacrymogène et devant l’incompréhension des manifestants pacifiques, qui n’ont pas eu le droit de quitter la place. “J’aimerais manifester, surtout, c’était le but premier de notre venue à tous”, déplore un participant. “Et là, on est bloqués sur la place, on nous gaze. C’est l’aboutissement de la négation de la liberté de manifester !”
Deux scènes témoignent en tous cas de la violence des éléments radicaux de l’après-midi : les pompiers, venus éteindre les barricades, pris à partie et caillassés, et deux policiers, poursuivis par des black blocs qui n’ont du leur salut qu’à la porte ouverte d’une laverie dans laquelle ils ont pu se réfugier.
Les informations à retenir :
- Le mouvement des “gilets jaunes” est parvenu à mobiliser 28.000 manifestants dans toute la France
- Quelque 8.000 contrôles préventifs ont été réalisés à Paris, 147 personnes ont été interpellées dont 129 placées en garde-à-vue
- La préfecture de police a annulé la manifestation au départ de la place d’Italie après des violences et des dégradations.
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